Un Soleil brisé

Chapitre 13

Le soleil d'hiver traversa la fenêtre, éclairant la chambre de sa luminosité. Isabelle s'étira à la manière d'un félin et roula sur le côté avant de se rappeler ce qu'il s'était passé la veille. Elle se raidit puis redressa brusquement son buste en ouvrant les yeux. La chambre dans laquelle elle se trouvait était immense, on aurait pu mettre deux fois son appartement rien que dans cette pièce. La jeune femme se leva avec adresse et fit quelques pas, elle s'arrêta lorsque ses orteils s'enfoncèrent dans le doux tapis qui entourait le lit dans lequel elle avait dormi. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, quand soudain, elle sursauta lorsqu'elle remarqua l'homme adossé contre l'armature en bois de la porte.

— Bonjour madame, avez-vous passé une bonne nuit ? demanda-t-il en toute politesse.

— Très agréable, merci. Mais puis-je savoir ce que je fais ici ? questionna Isabelle en tournant sur elle-même à la recherche d'une réponse.

L'homme avança dans sa direction en prenant bien soin de laisser un espace entre leurs deux corps. Il observa la pièce comme s'il la voyait pour la première fois, puis reporta son attention sur la femme qui détourna le regard, croissant les doigts de ne pas avoir été prise en pleine contemplation de l'homme. Il faut dire que ce qui se trouvait sous ses yeux n'était pas désagréable à regarder, elle devait l'admettre. La mèche qui avait remplacé la coupe impeccable des autres jours tombait sur son front lui donnant cet air de mauvais garçon qu'un bon nombre de filles affectionnait tant. Durant son observation un silence s'était installé sans qu'aucun n'ose l'interrompre, un jeu de regard commença, mais fut vite abandonné quand un bruit sourd les troubla.

Karl tourna les talons et partit en direction de la source du dérangement et tomba sur David qui se démenait avec les ustensiles de cuisine. Un gloussement amusé se fit entendre derrière les deux hommes, attirant leur attention sur la jeune femme qui les avait rejoint. Une main derrière sa bouche, Isabelle manqua de s'étouffer face à cette scène rocambolesque. Vexé, David croisa les bras contre son torse et fit une moue de protestation à l'encontre de la femme. Celle-ci sentit sa gaité redoubler si bien que l'ami de Karl tenta de quitter la cuisine, outré. Sa bonne humeur soudainement retombée, Isabelle le rattrapa par l'avant-bras.

— Je suis vraiment navrée, veuillez m'excuser. Je ne voulais pas vous offenser.

Le ton plein d'excuses, Isabelle se mordit les lèvres de culpabilité. Elle ne connaissait pas cet homme, elle n'aurait donc pas dû intervenir aussi librement. Celui-ci la dévisagea, le regard sérieux avant de lui sourire chaleureusement et de la serrer dans ses bras. Sa poitrine se colla contre son torse si bien qu'elle se raidit de gêne avant de se détendre et de se laisser aller. La chaleur corporelle achevait de la réchauffer et la bonne humeur de David lui rappelait celle de son petit frère. À cette pensée, elle se détacha du plaisantin et se tourna vers Karl avec un regard interrogateur. Ce dernier avait les yeux rivés sur eux à tel point qu'Isabelle sentit le rouge lui monter aux joues, elle plaça ses cheveux devant son visage et posa sa question d'une voix qui se voulait ferme et décidée.

— Ne vous inquiétez pas pour votre amie et votre frère, je me suis chargé de leur faire parvenir que vous étiez avec moi.

L'inflexion neutre du ton de l'homme qu'elle avait engagé lui rappela qui il était et pourquoi il était ici. Son humeur en prit un coup ainsi que son moral. Il s'affairait devant la gigantesque cuisinière sans même effectuer la moindre erreur. Il devait avoir l'habitude de s'occuper de lui durant ses... comment pouvait-elle les appeler ? Ses besognes ? En tout cas, cet individu était insensible, elle en était quasiment sûre, du moins c'était l'effet qu'il donnait.

— Karl ne m'avait pas dit que vous étiez si à cheval sur les bonnes manières, se moqua David sans se soucier de l'image qu'il donnait à la nouvelle venue.