Cela faisait un certain moment qu'elles étaient assises au même endroit sans effectuer le moindre mouvement. Toutes les deux perdues dans leurs pensées ne faisaient plus du tout attention à ce qui passait autour d'elles. La morale au plus bas, la tristesse avait éteint l'enthousiasme de Marianna.— Et si nous rentrions, proposa doucement Isabelle en revenant à elle.
Les yeux dans le vague, sa meilleure amie la dévisagea, le visage grave. Elle se leva de façon robotique et suivie la jeune femme sans poser la moindre question. Le retour sembla beaucoup plus court qu'à l'allée, mais cela ne devait être qu'une impression, ni plus ni moins. Leurs pas furent machinaux et c'est ainsi que les femmes rentreront chez Isabelle sans qu'un mot ne fut prononcé.
Arrivées à destination, Marianna parut se réveiller et s'émerveilla, d'une conduite qui paraissait, aux yeux d'Isabelle forcée, sur la chaleur de l'appartement de son amie. Tout y passa à son plus grand désespoir, la décoration, les meubles, la cuisine, les tapis et même le lit. Mine de rien, à part avoir grandi, Marianna avait gardé sa naïveté et son amour pour la critique.
— Je vois que tu as une belle salle d'eau ! s'enthousiasma-t-elle en pénétrant sans se gêner dans la douche sous le jet d'eau.
Isabelle la suivit, ressentant le besoin de la surveiller afin qu'elle ne retrouve pas son petit havre de paix en morceaux. La jeune femme découvrit les yeux émerveillés de sa meilleure amie et retint un ricanement.
— Je l'ai fait installer il y a maintenant un an, la dernière menaçait de s'écrouler, expliqua-t-elle en observant la pièce comme si elle la regardait pour la première fois.
— Tu es sûre que ce ne serait pas pour une autre raison ? minauda Marianna d'une voix remplie de sous-entendu.
Son interlocutrice fronça les sourcils sous cette phrase qui ne lui plaisait pas. Elle avance d'un pas et planta ses yeux noirs dans ceux noisettes de son amie, celle-ci recula légèrement sous son expression tout sauf amicale.
— Je ne m'abaisserais jamais à ce niveau, dit-elle intransigeante en plaquant la jeune femme contre le mur de faïence de la douche.
Pour la première fois depuis qu'elle la connaissait, Isabelle perçut une lueur de peur dans son regard. Tant mieux, pensa-t-elle. Au moins j'ai son respect. Seulement, elle ne savait que le respect n'avait rien à voir avec le fait de craindre quelqu'un, bien au contraire, le respect se mérite. Sans le vouloir, elle copiait exactement le même comportement que le mafieux qui l'avait enlevée. Il ne se contentait pas de la tenir physiquement, mais également mentalement.
— J'ai... j'ai compris Isabelle, s'étrangla Marianna sous la poigne de la jeune femme. Tu peux me lâcher maintenant.
Le sifflement qui s'échappait de la bouche de son amie la poussa à lâcher sa gorge. Ceci fait, elle retourna à ses préoccupations, heureuse d'avoir pu mettre un terme à son incessant bavardage. Elle poussa un soupir inaudible et dirigea son regard vers la pendule du salon. Il était tard et la nuit avait fini de se faire une place, les lumières de la ville illuminaient les rues et les grattes-ciel se perdaient dans le ciel brumeux de l'hiver.
— Isabelle ? Tu veux que je te donne un coup de main pour le dîner ? proposa Marianna remise à peu près de ses émotions.
— Oui pourquoi pas, tu pourrais t'occuper de mettre la table s'il te plait ?
Sous le regard vide d'Isabelle, sa meilleure amie s'attela à sa tâche en silence pour plus grand bonheur de son hôte. Le repas fut prêt une trentaine de minutes plus tard et toutes deux s'installèrent à table, celle-ci étant en bois de merisier noyer clair.
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Un Soleil brisé
ActionCe jour-là, on n'entendit guère grand-chose, les cœurs s'étaient éteints dans leurs poitrines qui se soulevaient quelques instants auparavant. Depuis ce jour, la haine occupait son cœur. Vengeance, quand tes sombres griffes s'emparent de notre corps...