Chapitre 7 - Je veux savoir si je ne rêve pas

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Maintenant Brooks à 26 ans ; Sawyer à 25 ans et demi

C'est dingue ce qu'une affaire de viol qui met en scène une ancienne star du hockey de lycée peut attirer comme vautour. Que l'on soit claire, je suis bien des choses mais pas un violeur, cette fille c'est la copine de mon ancien colocataire Nils, je ne l'ai jamais touché et elle ne m'inspire que du dégout, sa tignasse blonde je ne la veux même pas dans la main le temps qu'elle me suce. Je pousse un soupir en me posant dans le box des accusés, au vu de l'histoire, les parents d'Alice et Nils ont obtenu l'interdiction à des journalistes d'être présent, de ce fait c'est une dessinatrice qui sera là.

Je vais leur faire bouffer tout ce qu'ils ont et ce qu'ils n'ont pas, on ne m'accuse pas de viol sans preuve et je ne suis pas un de ces détraqués, contrairement à l'argument avancé par leur avocat. Je relève le visage pour voir qui sont présents, mes yeux tombent alors sur la dessinatrice, des cheveux auburn, une silhouette faisant une tête de moins que moi au moins, et un foulard autour du cou, un fouloir noir et blanc. Mon cœur tape plus fort dans ma poitrine, je me lève d'un coup rappelé à l'ordre par le maton derrière ma chaise. Les voix s'élèvent dans la salle à cause de mon attitude, mais ce sont ses yeux que je veux croiser, je veux savoir si je ne rêve pas.

Elle finit par lever les yeux et apparaît devant moi Sawyer Elliotsky, mon aquarelle, la seule et unique fille pour laquelle je serais prêt à tout. J'ai fait ce qui me semblait juste au moment du lycée, nous avons réussi à faire un projet parfait, nous avons eu la meilleure note, et pourtant elle n'est jamais venue aux remises de diplôme, le dernier jour des examens a été celui de la dernière fois, elle a emporté avec elle mon cœur, que je compte bien récupérer aujourd'hui. Elle ne m'avait laissé qu'un simple mot qu'elle m'avait fait passer par Gage, « ne me demande pas de compte, si l'on doit se retrouver, alors on se retrouvera », et devine quoi ma petite aquarelle, on vient de se retrouver.

Mes parents ont payé cette avocate une blinde et je dois dire qu'elle fait admirablement bien son travail, Nils et Alice passent pour deux abrutis et leur avocat aussi. Les preuves étaient prétendument parfaites et impossibles à contrer, faisant de moi un homme fini tombe comme des mouches, si j'étais devant mon écran plat je serais en train de me taper une franche rigolade.

- Mais je vous jure qu'il m'a violé, s'époumone Alice en témoignant.

- Ne jurait pas jeune fille, vous ne savez même pas faire la différence entre un viol et un acte sexuel consenti, la rabroue mon avocate.

La salle part sur des huées, je regarde la réaction de mon aquarelle, elle a les yeux rivés sur son dessin puis enfin ils se posent sur moi. Ma plus grande peur en cet instant c'est ce que je pourrais lire dans ses yeux du dégoût, de l'horreur, de la haine, de la peur ou la pire de toute de la frayeur, mais non c'est simplement de l'ennui. Elle ne va pas me faire croire que me savoir en train de croupir en prison ne lui ferais strictement rien, à l'inverse pourquoi cela lui procurerait quoi que ce soit, tu lui as à moitié pourri la vie mon pote. Ma conscience a beau être une sacrée garce elle n'est pas idiote pour autant, elle a raison.

- Puis-je expliquer mon propos ? questionne mon avocate feignant l'ennui de la situation.

- Je vous en prie nous n'attendons que ça, la pousse la juge.

- En vous rendant aux urgences, vous avez était prise en charge et l'on vous a fait une batterie d'examen, je me trompe ? demande-t-elle à Alice.

- Non, mais puisque je vous dis que c'est lui, continue Alice dans son délire.

- Au vu des examens approfondis – elle saisit plusieurs feuilles qu'elle tend aux juges – on remarque que selon vos lésions internes cela n'est pas un viol, éclaircie mon avocate.

Plus forte que mes démons - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant