Plus forte que mes démons - Tome 1

Chapitre 30 - Mensonge, manipulation et fausse identité

Je me tourne d'un bloc vers ma mère, mon père se tient à ses côtés, ils sont main dans la main comme j'ai pu l'être à mon arrivée avec Sawyer. Mon père m'invite à prendre place, la colère a disparu de mes veines. Je veux seulement comprendre ce qui se passe. Je m'installe donc à ma place tout en collant ma chaise à celle de Sawyer, qui finit son assiette. Ma mère s'assoit à côté de mon père, nous sommes dans un face à face qui n'a rien d'agréable.

- Je ne suis pas ton père, je me remercie de m'être assis sinon je me serais certainement étalé.

- Je te demande pardon ?

- Je suis stérile, je n'ai jamais pu avoir d'enfant mais je rêvais d'en avoir un.

- Alors nous avons demandé au frère de ton père, qu'il me fasse un enfant, continue ma mère.

- Quoi ?

- Nous ne voulions pas te le dire parce qu'il n'y avait pas d'intérêt, tu n'as manqué de rien, tu as vécu dignement, tu as eu une belle enfance et tu as sauvé une vie, répond mon père.

- Je suis d'accord avec tes parents, tu es un homme bien.

J'accuse le coup. Je ne comprends toujours pas tout, mais cela explique notamment la capacité de mon oncle, enfin de mon père à me dire que je lui ressemble énormément. Je ferme les yeux en espérant que c'est un cauchemar, mais lorsque je les rouvre tout est à sa place. Ce n'est donc pas un mauvais rêve duquel je peux me réveiller. Toute ma vie n'a été que mensonge, manipulation et fausse identité. Je réprime mon envie de quitter cette pièce parce qu'il me manque encore des informations importantes.

- Ta mère et moi voulions absolument un enfant, mais du fait de ma stérilité ce n'était pas possible. On a pensé à faire appel à une tiers personne, mais on voulait que tu nous ressembles physiquement, dit mon père presque honteux.

- Pour que la supercherie tienne en place bien plus longtemps, je continue buter.

- Non parce que je voulais un fils qui me ressemble, me dire que je n'avais pas fait appel à mon frère pour une tâche aussi simple que faire un enfant, et cela a marché. Pour moi, tu es le fruit de notre amour avec ta mère, pour moi ton oncle n'a jamais fait partie de l'équation.

- Mon oncle, tu veux dire mon père, je renchéris en faisant ma tête de con.

- Il n'a jamais eu la graine paternelle, je crois que ton père mérite bien plus amplement ce titre, lâche ma mère d'un ton sec en prenant la défense de mon père.

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt ?

- A cause de la personnalité de ton oncle, on savait déjà que tu n'appréciais pas grandement ton parrain, je n'ai jamais vu mon père aussi abattu qu'à cet instant.

- On ne voulait pas que ce soit un fardeau pour toi, nous sommes désolés.

- Je ne sais même pas quoi dire.

Sawyer gigote à côté de moi, il est vrai que depuis que l'annonce est tombée elle n'a pas ouvert une seule fois la bouche, se concentrant sur moi. Par réflexe je récupère sa main que je sers fort. Ses prunelles vertes rencontrent les miennes, le temps pourrait s'arrêter maintenant, ses yeux sont si beaux que je pourrais les regarder tout le temps où le monde aurait fait pause, mais je reviens à la réalité quand elle prend une bouffée d'air.

- Monsieur Davenport ? questionne Sawyer.

- Oui, Sawyer ?

- Comment expliquez-vous la présence de votre nom dans la bouche de mère ?