Plus forte que mes démons - Tome 1

Chapitre 19 - Rien à envier à certaines actrices pornos

Je marche d'un pas las vers l'appartement de Sawyer, je n'ai pas eu la désobligeance de croiser son abruti de voisin. Je toque à la porte à deux reprises. J'attends patiemment que cette dernière s'ouvre mais cela n'arrive pas. Je tente une nouvelle fois sans obtenir de réponse. J'attrape le téléphone se trouvant dans ma poche et l'appelle, là encore mon aquarelle refuse de me répondre. Je descends à toute vitesse jusque chez le concierge afin d'obtenir son aide.

Ce n'est qu'au prix d'une quinzaine de minutes de négociation et d'un billet que je récupère enfin les clés de son appartement. Je remonte les escaliers en trombe et je reprends mon geste à plusieurs reprises pour arriver à insérer la clé dans la serrure. Une fois la porte déverrouillée, je pénètre dans son appartement sans faire trop de bruit. J'avance dans le couloir tout en continuant de l'interpeller, peut-être qu'elle ne m'a simplement pas entendu.

- Sawyer ! Mon aquarelle !

Un bruit sourd provient du dressing dont la porte s'ouvre pour laisser voir mon aquarelle. Un peignoir noir en soie couvrant son corps, elle tient dans sa main un pot de fond de teint bien entamé. Son regard tombe sur la main qui tient le pot, elle repart dans l'autre sens et me claque la porte au nez. Immédiatement, des centaines de films plus horribles les uns que les autres se mettent à défiler dans ma tête. Je ressens une vive douleur à la main, c'est alors que je remarque que je tambourine à la porte sans pour autant que Sawyer n'accède à ma requête.

- Mon aquarelle, laisse-moi immédiatement entrer ou je te jure que je fais voler cette porte, je la menace en donnant un dernier coup dans la porte.

- Qu'est-ce que tu fais dans mon appartement d'ailleurs ? elle me demande à travers la porte.

- J'ai toqué mais tu ne répondais pas, je me suis inquiété pour toi, je lui explique.

- Inquiété pour moi, questionne Sawyer avec de l'étonnement dans la voix.

- Oui mon aquarelle, alors ouvre cette porte avant que je ne la défonce à coup de pompe.

Un cliquetis se fait entendre et la porte s'ouvre à nouveau. Elle porte toujours son peignoir mais un foulard barre maintenant sa gorge comme chaque fois que je la vois. Elle baisse les yeux et s'efface pour me laisser entrer dans son dressing. Je referme la porte derrière moi et m'appuie à cette dernière. Je prends le temps de détailler la pièce, mais la femme qui m'intéresse le plus et en train de m'observer installer sur le tabouret de sa coiffeuse.

- Je vois que tu vas bien.

- Que fais-tu ici ? me demande-t-elle sans pour autant être en colère.

- Je venais te chercher pour aller travailler, je l'informe en continuant de l'observer.

- D'accord, maintenant pars, me dit-elle sans pour autant me le dire méchamment.

- Je ne compte pas partir mon aquarelle, certainement pas.

- Il faut que je m'habille, je comprends alors qu'elle souhaite seulement que je quitte la pièce.

- Je t'en prie, je ferme les yeux et je me tourne.

- S'il te plaît, pars, quémande-t-elle encore une fois.

- Non, je lâche sans vouloir me détourner de ce que je veux.

Elle s'approche de moi pour se planter devant mes pieds. Je suis dans l'obligation de baisser la tête pour pouvoir continuer de regarder dans ses beaux yeux. Elle se mordille la lèvre inférieure mais n'ose plus bouger, comme si elle venait de comprendre la distance qu'elle vient d'effacer. Je presse ma main contre sa joue, si d'ordinaire elle se laisse aller contre ma paume, aujourd'hui elle décide de reculer, signe qu'il se passe bien quelque chose dans sa vie dont elle ne m'a pas parlé.