Plus forte que mes démons - Tome 1

Chapitre 32 - Lueur infâme dans les yeux

Le plan des garçons était quelque peu étrange mais plutôt drôle à exécuter. Je sourie toute seule devant ma tablette graphique. J'ajoute les dernières touches de couleur quand la porte s'ouvre avec son bruit caractéristique de pas feutrer. Je relève la tête un large sourire vers Brooks, qui avait l'air plutôt content de sa réunion au vu du message qu'il vient de m'envoyer mais je déchante vite, devant moi se trouve bien un Davenport, mais ce n'est pas mon patron, mais son parrain.

Je déglutis bruyamment en touchant ma tablette, puis je me lève précipitamment de ma chaise, j'observe la porte derrière lui qu'il prend grand soin de fermer et verrouiller. Il s'avance vers moi, tel le prédateur qu'il a toujours été, cette lueur infâme dans les yeux me donnant envie de vomir. Tout se mélange dans ma tête et me renvoie à ce jour où il m'a brûlé plusieurs fois la hanche avec sa cigarette, laissant la cendre se rependre sur mon corps alors qu'il était en moi. De la bile me remonte dans la gorge mais je me retiens de vomir à ses pieds, même si ses chaussures sont d'un goût des plus douteux.

- Bonjour petite salope, me salut-il, je souffle pour trouver contenance.

- Que voulez-vous.

- Rien de spécial, Brooks serait-il au courant ?

- De quoi ?

- De nos petits jeux, après tout il était là quand cet enfoiré de Denis est venue te parler pendant l'exposition.

- Vous étiez là, mes yeux s'ouvrent de peur et de stupéfaction.

- Mais ma petite salope, je n'ai jamais cessé d'être là, tout le temps, toujours, chaque minute de ta vie.

Je tends une main devant moi afin qu'il ne cesse d'avancer, il est maintenant à côté de mon bureau, je n'ai plus que mon fauteuil pour faire barricades et tenter d'atteindre la porte, mais s'il jette un coup d'œil vers ma tablette, tout sera fichue. Je prends une inspiration et me redresse, le feu prédateur qui brûle dans ses iris me donne l'impression d'être déshabillée, et c'est certainement ce qui doit se passer actuellement dans son cerveau de déranger.

- Qui était l'autre homme ? je demande, retrouvant confiance.

- Je te demande pardon ? son regard décontenancé m'indique qu'il est surpris

- Qui était l'homme que vous avez envoyé le jour de la signature du contrat ?

- Oh tu parles de John, de quoi te rappelles-tu.

- De vous Richard Davenport avec vos brûlures de cigarettes, de Denis et de son collier de serrage et de John, mais je ne sais pas ce qu'il m'a fait.

- Petite salope, combien as-tu de cicatrices ?

Mentalement je fais les comptes, ma gorge, ma hanche et mes yeux se posent instinctivement sur mon bras droit, je manque de tomber me rattrapant à la chaise. Le rire gras et triomphant du parrain de Brooks retentie dans la pièce, j'ai de plus en plus de mal à respirer. Mes jambes ne me portant plus, je suis presque totalement paralysé appuyé contre ma chaise de bureau qui vacille dangereusement sous mon poids. Le parrain de Brooks finit les derniers pas qui le séparent de moi, il se plante face à moi et se penche de façon à ce que sa voix ne soit qu'un murmure à mon oreille.

- Ecoute-moi bien petite salope, si tu dis quoi que ce soit, et que je me retrouve en taule, je ferais mon possible pour que tu perdes tout, bonne journée.

Il se tourne et se retrouve face à mon bureau, il tend la main vers ma tablette quand du bruit à l'étage le stop. Il me lance un dernier regard et se précipite à l'extérieur du bureau où il referme aussitôt la porte. Je m'assieds sur mon fauteuil et coupe l'enregistrement qui défile sur la tablette, je l'envoie aussitôt sur le portable de Brooks. J'ai ce que je voulais. Peut-être n'a-t-on pas entendu les dernières paroles mais le principal et les noms de ces enfoirés sont enregistrés, je ferme les yeux afin de tenter de retrouver mon calme.