En cette fin d'après-midi estivale, Félix arrête la voiture devant un immense portail en fer forgé. Elle semble songeuse à regarder au loin la bâtisse encerclée d'arbres. Elle connaît trop bien cet endroit et pourtant il lui semble si étranger. Cela fait un bon moment qu'elle n'est pas revenue ici. Elle se demande si c'est une bonne idée, surtout maintenant. Mais elle ne savait pas où aller.
Elle avait besoin d'un endroit sûr dans lequel elle pourrait réfléchir à toute cette histoire, et où elle pourrait surtout comprendre le rôle de l'homme qui se tient à ses côtés. Pour le moment, ils n'ont absolument pas parlé de tout ça, trop occupés à fuir. Mais pourtant il faudra bien que les choses soient mises à plat. David, qui a émergé quelques minutes plus tôt à cause des ornières du chemin, vient briser la torpeur de la brune.
— On est où là ?
Quelques instants, le silence reprend sa place dans l'habitacle.
— Chez mes parents !
— Pardon ? Tu as vraiment grandi dans ce château ?
— Ce n'est pas un château. Une maison de maître tout au plus.
— Quand même ! Tu as vu la taille de cette baraque ?
— Bon écoute ! Oui, mes parents ont de l'argent. Et alors ? s'agace très méchamment la conductrice.
— Ah non... Je... Désolé, je ne voulais pas. Désolé.
Elle baisse les yeux. Sa réaction a été excessive et elle en est très bien consciente.
— Non, c'est moi. Désolée de te crier dessus.
David la regarde, étonné de ses excuses. Elle a l'air perdue, prise par ses émotions. Mais où est passée la jeune femme pleine d'assurance et de prestance qui vient de les tirer d'une situation plutôt problématique ? Pour la première fois, il arrive à ressentir le stress de Felix.
— Ça va aller ? interroge doucement l'homme.
— Il va bien falloir !
— Tu veux en parler ?
— Il n'y a rien à dire !
— Tu es toujours aussi secrète ?
— Ne pas parler de moi me permet de rester en vie.
— Ouais...Je comprends. Mais si on va se cacher chez tes parents, il va bien falloir que tu me dises certaines choses sur toi.
— Ça te travaille de ne pas savoir, dis donc !
— Mais non, ça n'a rien à voir. Je vois bien que tu stresses à l'idée d'entrer.
— N'importe quoi !
— Alors tu m'expliques pourquoi on est arrêté devant ce portail depuis dix minutes sans que tu ne fasses quoi que ce soit, à part serrer les poings ?
Félix se rend compte qu'elle ne peut effectivement pas lui cacher cela. Ses jointures sont blanches tellement ses articulations sont contractées et elle n'arrive pas à détacher son regard de la bâtisse. Elle finit par grogner de rage en relâchant ses poings.
— Rah tu m'énerves !
Dans un débit très posé, la voleuse entreprend de raconter à son compère de cavale quelques éléments de sa vie.
— Je ne suis pas revenue ici depuis... Oula... Un très long moment. Je ne suis pas fâchée avec mes parents, c'est juste que... Ma vie est très différente de la leur... Ou de ce qu'ils avaient imaginé pour moi. Ils ne savent pas ce que je fais. Et il est impératif qu'ils ne l'apprennent pas... Je crois qu'ils ne s'en remettraient pas.
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Haute voltige.
ActionFélix est une voleuse, si ne n'est la meilleure. Un jour, elle se fait miraculeusement arrêtée par la police et rapidement associée à un illustre inconnu pour une série de méfaits. Instinctivement, la jeune femme soupçonne un coup monté et décide...