9 - Il est temps

19 4 56
                                    

— On fait quoi maintenant ? Tu voulais aller voir un flic, non ?

— Oui. On va aller le cueillir à son commissariat. J'ai quelques questions à lui poser.

Stéphanie répond en affichant un large sourire. Pour le moment, Cate n'a absolument aucune idée de la façon dont elle va aborder le policier, ni même si elle va le trouver sur son lieu de travail. Mais il faut tout tenter. Même si cela implique de l'entreprendre inopinément. Il ne faudrait juste pas que son interrogatoire se retourne contre elle et qu'il l'arrête de nouveau. Les deux femmes roulent dans le petit jour, en direction du poste. Ne connaissant pas l'emploi du temps du capitaine et ne voulant pas se risquer à retourner à l'intérieur du bâtiment, elles décident de planquer à proximité, à l'abri dans leur véhicule.

Si Stéphanie profite de ces instants de calme pour se reposer un peu, Cate ne peut s'empêcher de cogiter. À tout et n'importe quoi. Mais surtout à David et ce qu'il s'est passé dans cette chambre. En réfléchissant, ses doigts passent machinalement sur ses lèvres, comme s'ils pouvaient encore sentir la marque de ses baisers. Tout de même... C'était une vraie folie. Ça ne lui ressemble pas du tout de faire ça. Son rapport à la gente masculine est en général moins entreprenant. Mais il y a eu chez elle une sorte de déclic à cet instant précis qui l'a irrépressiblement attiré vers lui, la faisant perdre tout contrôle sur son corps et son esprit. Regrette-t-elle ? Elle n'en est même pas certaine. Elle croit au fond d'elle-même que cette pulsion n'est que la représentation d'un grand désir ponctuel. En tout cas, elle essaye de s'en convaincre. Tout comme le fait que ça ne doit pas se reproduire. Jamais... Ou pas...

Cate est sortie de ses pensées lorsqu'elle aperçoit le capitaine sortir du bloc. Elle réveille Stéphanie d'un coup de coude et sort de la voiture. De loin, elle le voit entrer dans un café et s'installer à une table devant les fenêtres. Un serveur s'approche de lui et repart aussitôt, laissant penser à notre voleuse qu'il vient de passer commande. Elle s'attend donc à ce qu'il reste un petit moment ici.

— C'est toi qui vas y aller, dit-elle à la Delta.

— Pourquoi moi ?

— Parce qu'il ne te connaît pas. Il ne se méfiera pas, c'est certain. Tu vas aller t'asseoir en face de lui pour lui parler. Je vais me planquer dans le café aussi et je lui parlerai grâce à l'oreillette que tu vas lui donner.

— Et bien... Tu nous la joue vraiment James Bond.

Les deux jeunes femmes prennent le matériel qui leur est nécessaire et s'engouffrent à leur tour dans le bistrot. Comme convenu Stéphanie s'assoit juste devant leur homme, tandis que Cate va s'installer sur une banquette au fond de la salle. Attrapant un journal qui traîne sur la table, elle l'utilise pour se cacher. Le policier est plutôt surpris de voir cette petite blonde affublée d'une paire de lunettes trop grandes pour elle, prendre place devant lui en lui adressant un immense sourire. Pas un sourire charmeur malheureusement. Erwan se dit qu'elle ressemble à une enfant qui aurait fait une bêtise. Elle le regarde un long moment dans cette position sans parler, ce qui décontenance un peu l'homme. Dans un premier temps, il regarde autour de lui si quelqu'un connait cette femme qui a l'air d'une psychopathe avec ses yeux exorbités. Enfin, il tente une prise de contact.

— Bonjour ? dit-il, intrigué.

Avachie sur la table et ne le quittant pas des yeux, Stéphanie rit d'un ton gras. Puis, elle ouvre sa paume et laisse apparaître l'oreillette. Il ne comprend pas très bien.

— Je peux vous aider ?

— Mettez l'oreillette ! lui ordonne-t-elle.

— Mais qui êtes-vous ?

Haute voltige.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant