11 - Le coup de main

14 4 25
                                    

Cate est réveillée par du bruit venant de la cuisine. Elle s'étire comme elle peut après sa nuit sur le canapé du policier. Quelques parties douloureuses de son corps se réveillent à leur tour. Elle grimace en se levant et en enfilant son pantalon. Elle se sent vieille tout à coup. Elle se retourne et voit que Stéphanie dort encore. Elle aussi aurait aimé se reposer davantage. Mais encore une fois, le sommeil n'est pas son ami. Cette fois, c'est le souvenir de l'explosion et de la découverte du corps de David qui l'ont perturbé plusieurs fois durant son sommeil. Elle n'arrive toujours pas à se rendre compte de ce qu'il s'est passé. Elle essaye de chasser ces images en se frottant le visage, mais elles restent imprimées sur ces paupières.

Le bruit d'une cuillère tombant au sol la fait sortir de ses pensées. En entrant dans la cuisine, elle trouve Erwan en train de préparer du café. Il la voit arriver, sa mine déconfite et le visage marqué par le manque de sommeil. Il lui sert une tasse et la fait glisser sur la table pour qu'elle y prenne place. Elle le remercie d'un rictus et s'assoit face à l'homme. Quelques secondes passent sans qu'aucun des deux ne parle. Cate fixe le fond de son mug alors que le capitaine l'observe.

— Mal dormi ? lui demande-t-il.

La jeune femme souffle et avale une gorge du café.

— Oh, c'est chaud !

— Oui, désolé.

— Je n'ai pas beaucoup dormi en effet.

Elle ose enfin le regarder dans les yeux.

— Je n'arrive pas à oublier ce que j'ai vu... Et pourtant j'en ai vu des horreurs avant ça.

— Pourquoi c'est différent cette fois ?

— Sans doute parce que ça ne me touche pas de la même façon, lui répond-t-elle en prenant sa tasse à deux mains et en soufflant sur le breuvage fumant. Je n'ai jamais perdu quelqu'un à qui je tenais de cette façon.

— Je... Je croyais que vous ne vous connaissiez pas avec le pirate.

— C'était le cas quand vous m'avez arrêté, lui dit-elle en pouffant. Ça a quelque peu changé en quelques jours.

— Et bien... Qui l'aurait dit.

— Pas moi, c'est certain.

Le policier rit légèrement à son tour.

— Quand je pense que je l'ai incité à me suivre... Je voulais tellement trouver ce qui nous liait. Et aujourd'hui, il est mort... Par ma faute.

La voleuse ne peut plus retenir ses larmes. Il s'étend sur la table pour venir poser sa main sur son bras. Il ne sait pas trop quoi faire d'autre pour l'apaiser. Il voit bien qu'elle est meurtrie. Qu'à cet instant, elle ne ressemble plus du tout à cette femme pleine d'assurance qui était dans son bureau quelques jours plus tôt et qui lui donnait du fil à retordre. Il frotte sa main pour lui assurer son soutien.

Cate se calme doucement. Elle craque. Toute cette pression et la disparition de David mettent ses nerfs à rude épreuve. Cela ne lui ressemble guère. Non pas qu'elle y voit une preuve de faiblesse. Mais, c'est plutôt une force qu'elle avait jusqu'ici pour garder la tête froide et ses objectifs. Il a juste fallu qu'un homme entre par hasard dans sa vie et qu'il lui montre ses failles. Elle se redresse et se racle la gorge avant d'avaler une gorgée du breuvage corsé.

— Je suis désolée que nous ayons débarqué à l'improviste. Je pense que vous devez vous poser beaucoup de questions.

— Oh que oui !

— Je suppose aussi que ce n'est pas courant qu'un suspect vienne se cacher chez vous ?

— En général, je les invite plutôt à dormir en prison que sur mon canapé.

Haute voltige.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant