1 - La nuit tous les chats sont gris

165 19 192
                                    

Dans la moiteur de cette fin de nuit d'été caniculaire, Djalil déambule dans les couloirs de l'immeuble où il assure la sécurité.

Cet emploi estival, obtenu grâce à son cousin, lui permet de pouvoir profiter pleinement de ses journées avec ses copains. La tâche n'est pas très difficile, il ne se passe jamais rien ici.

Toutes les deux heures, il recommence son petit manège, passant de bureaux en bureaux et vérifiant que les portes et fenêtres sont bien fermées. Et elles le sont à chaque fois ! En même temps, qui viendrait cambrioler un bureau d'avocats ?

Le jeune homme s'attarde quelques instants à regarder la vue qui s'étend devant lui. Depuis la tour, située quartier de la défense, la capitale lui semble si grande et pourtant si petite à la fois. Il se surprend à rêver de voyage.

Il n'a jamais vraiment eu l'opportunité de sortir de Paris et sa banlieue. Ce n'est pourtant pas l'envie qui lui manque. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a supplié son cousin de le faire entrer dans son entreprise, pour pouvoir mettre des sous de côté et s'offrir un joli voyage. C'est ce qui le motive à venir travailler chaque jour.

Il ne déteste pas ce qu'il fait, mais il n'a pas envie de rester ici toute sa vie. Alors il s'applique, pour avoir de bonnes références et pouvoir un jour quitter Paris et sa banlieue. Il termine tranquillement sa ronde lorsque, attendant à se heurter à une énième porte fermée, l'une d'entre elles se dérobe sous sa poigne. Mais comment cela est-il possible ? Elle était pourtant fermée lors de sa précédente ronde. Le jeune homme attrape sa lampe torche et pousse doucement le morceau de bois pour observer l'intérieur.

Tout y est calme. Rien n'a l'air de manquer ou ne semble dérangé. Il ne semble y avoir personne. Pourtant, à peine est-il entré dans la pièce qu'une ombre glisse derrière lui, sortant du bureau sans faire le moindre bruit.

Tandis que Djalil fouille le moindre recoin, une jeune femme, tout de noir vêtue, se faufile tel un chat dans les couloirs, évitant allégrement les quelques caméras qui peuvent s'y trouver. À pattes de velours, elle est invisible et inaudible. Une prouesse dans la discrétion. Et avec la même furtivité qu'elle est entrée, la voleuse sort de l'immeuble, emportant avec elle, son précieux butin.

Elle profite des derniers instants de la nuit noire pour filer discrètement vers le lieu de rendez-vous avec son commanditaire. Sa voiture, qu'elle avait garée à une proximité convenable pour ne pas sembler suspecte, l'emmène jusqu'au centre de la capitale.

Cette fois encore, elle stationne son véhicule à un endroit stratégique, juste assez loin pour qu'on croit qu'elle se déplace à pied. Elle dégage sa tête de la capuche qui l'enserre et avance tranquillement vers l'entrée du parking où doit l'attendre son contact.

Les rues sont encore bien vides et calmes. Elle aime ce moment où les gens de la nuit vont se coucher et le commun des mortels se lève pour attaquer sa journée de travail. Elle ne peut s'empêcher de fredonner doucement "Il est 5 heures, Paris s'éveille...".

Elle s'engage lentement dans la rampe d'accès en cherchant du regard si elle aperçoit l'homme. Seuls les néons clignotants perturbent le silence de l'endroit. Quand des crissements de pneus la font virevolter. Ce n'est pas une voiture, mais plusieurs qui l'encerclent en quelques secondes. Des hommes armés et en uniforme en sortent. L'un d'entre eux, en civil, se distingue du lot et assène assez fortement :

— Police ! Les mains derrière la tête !

D'abord surprise, elle analyse rapidement la situation et détecte une légère faille dans leur organisation. Elle se met à courir soudainement, prenant de court les policiers qui pensaient qu'elle obtempérerait rapidement. Prenant appui sur la portière d'un des véhicules en sautant, elle se projette contre un des poteaux du parking pour rebondir et atterrir quelques mètres plus loin dans une roulade d'une grande souplesse.

Haute voltige.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant