10 - La douloureuse

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Les yeux fermés, Cate reprend doucement conscience en grimaçant. Petit à petit, elle se met à ressentir chaque parcelle de son corps. Il n'y a pas un centimètre qui ne lui semble douloureux. Un marteau à l'air de taper en continu dans sa tête, alors qu'un sifflement constant raisonne dans ses oreilles. Il couvre tous les bruits de la ville qui l'entourent. Elle ouvre les yeux et cherche à se relever en se tournant sur le flanc. Elle jure, tellement la douleur est insoutenable. Elle regarde aux alentours. Allongée au milieu de la rue, elle cherche à comprendre ce qu'elle fait là, ce qu'il s'est passé. Il lui faut quelques instants pour se souvenir. La silhouette sur la voiture. Le lance-roquette. L'explosion après avoir voulu protéger Stéphanie. Mon dieu, Stéphanie ! Cate se relève difficilement pour la chercher. Une fois debout, elle voit l'espionne descendre d'une voiture où elle s'était apparemment encastrée dans le pare-brise. En boitant légèrement, elle lui fait face, la saisissant par les épaules. La voleuse voit les lèvres de sa partenaire bouger, elle comprend qu'elle lui parle, mais ne saisit absolument rien avec ce sifflement assourdissant.

— Tu n'as rien ? lui hurle Stéphanie, elle aussi rendue sourde par l'explosion

— Je ne comprends rien ! lui répond-elle en mimant sa phrase.

— Toi non plus tu n'entends rien ?

— Non, mais ça ne sert à rien de me parler, je ne comprends pas je te dis. Rahh ! Laisse tomber !

Cate se détache de Stéphanie pour aller vers l'immeuble en flammes. Le portail de devant a explosé au passage de la roquette. La bombe est allée se nicher dans le mur de la façade, au rez-de-chaussée, emportant une bonne partie de l'étage au moment de l'éboulement. Elles ont eu de la chance de ne pas avoir été à l'intérieur au moment de l'explosion. Pas sûre qu'elles s'en seraient sorties. Ce genre d'arme fait rarement dans le détail. Cate en a déjà utilisé par le passé, lorsque son régiment cherchait à faire de la destruction de masse. Lorsqu'ils voulaient être certain de tuer l'intégralité de ses occupants.

— Quels dégâts ! souffle Stéphanie à ses côtés.

Surprise d'entendre de nouveau, mais faiblement, Cate se tourna vers elle. Effectivement, c'est un carnage.

— Tu crois qu'il y a quelqu'un ?

Cate se questionne. Lorsqu'elles sont parties très tôt dans la nuit, elles n'ont croisé personne en quittant la bâtisse. Mais ça ne veut rien dire. Une journée entière est passée et n'importe qui peut être revenu au bureau. Mais surtout, elle se souvient qu'elle a laissé quelqu'un à l'étage, lorsqu'elle a quitté la chambre en colère.

— David ! réagit subitement la voleuse.

Les yeux de la blonde s'écarquillent. Elle se fixe quelques instants puis elle se met à courir difficilement vers l'immeuble en hurlant le nom du pirate. L'espionne la rattrapa et la ceinture pour l'empêcher d'entrer dans l'incendie. Les cris déchirants de Cate transperçaient la nuit tombée.

— David !!!!!!!!!!!!

Elle se débat tant que Stéphanie finit par la lâcher. Elle monte sur les gravats en continuant à hurler le prénom de son compère. Stéphanie finit par la suivre. Soudain, Cate entend une toux camouflée derrière un pan de mur détruit en partie. Elle se précipite vers le son.

— Xavier ! Ça va ? lui demande-t-elle en l'aidant à se redresser.

L'homme ne lui répond pas de suite, occupé à tousser la poussière avalée suite à l'explosion.

— Stéphanie ! J'ai trouvé Xavier !

L'espionne accourt et s'agenouille à son tour à ses côtés.

Haute voltige.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant