𝐈 - Name code of the operation : Phœnix

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31 Mars, quelque part en Colombie.

La jeune Annabelle avait tout juste réussi à s'assoupir quelques misérables heures dans un coin de sa cellule lorsqu'elle entendit l'alarme du bâtiment retentir. Elle aperçut du coin de l'œil les gardes du cartel se précipiter, armes à la main, en direction de l'escalier du sous-sol dans lequel elle se trouvait avec une vingtaine d'autres jeunes femmes de son âge.

C'était sans doute un rêve. Ça ne pouvait qu'être un rêve car jamais personne ne viendrait les sauver après toutes ces années.
Affamée, déshydratée et en manque de sommeil, elle se demanda même si elle n'était pas en train d'halluciner le bruit des coups de feux et les hurlements.

- Ghost elles sont ici ! S'écria une voix masculine à l'accent bien écossais. Occupe toi des cellules de droite, je fais sortir les autres. Faut qu'on bouge ils vont pas tarder à revenir avec des renforts. On sort les otages d'ici, on sécurise les lieux et on fait sauter ce bâtiment de malheur.

- Avec plaisir Sergent, répondit une voix rauque pleine d'assurance.

Annabelle voulut crier mais aucun son ne parvint à sortir de sa bouche tant elle était épuisée et vidée de toute forme d'énergie.

Dans un ultime effort elle se releva et frappa frénétiquement ses mains menottées sur le rebord de son lit en fer forgé.

- Aidez moi... murmura t-elle.

Elle n'entendît guère le soldat masqué qui pénétra dans sa cellule, alerté par des bruits métalliques. Quand elle leva enfin la tête, ses yeux s'écarquillèrent de stupeur quand son regard se posa sur le masque tête de mort de l'individu.

- Qui

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- Qui... qui êtes vous... bégaya la jeune femme.

- Je m'appelle Ghost. Vous ne craignez plus rien. Nous sommes là pour vous libérer, déclara l'homme d'un ton se voulant rassurant malgré sa froideur.

Il voulut s'approcher un peu plus mais Annabelle recula jusque dans un coin de la cellule.

- Reculez. Ne me touchez pas.

- Laissez-moi au moins vous enlever ces menottes.

Annabelle se résigna et finit par acquiescer.
L'imposant soldat s'approcha alors et d'un franc coup de crosse, fit éclater les chaînes qui liaient les mains et les chevilles de la prisonnière.

Il l'aida ensuite à se relever. Elle s'accrocha alors à son bras, ignorant la façon dont sa paume et ses doigts s'enfoncèrent dans l'armure et l'équipement tactique qu'il arborait. On aurait pu penser qu'il la secouerait ou qu'il l'enlèverait de force de lui mais il ne fit ni l'un ni l'autre. Le soldat s'immobilisa le temps d'une demi seconde, puis continua sa route, la jeune anglaise fermement agrippée à son bras. Ce n'était pas son petit gabarit qui allait le ralentir.

Il devait être gentil. Malgré sa froideur et son masque inquiétant. Car un homme gentil vous laisserait continuer à saisir son bras pour obtenir du soutien, même si vous êtes capable de vous tenir seul. Un homme gentil vous sauverait de l'enfer auquel vous avez été soumis depuis... Des mois ? Cela fait des mois ? Ou plus longtemps ? Annabelle était confuse.
Le temps passe différemment quand tout ce que vous avez en tête c'est de mourir.

À leur arrivée dans une base américaine où la Task Force 141 avait établi ses quartiers, les vingt-trois victimes furent soit conduites à l'infirmerie soit dans des chambres où elles pourraient se doucher, se reposer et se restaurer

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À leur arrivée dans une base américaine où la Task Force 141 avait établi ses quartiers, les vingt-trois victimes furent soit conduites à l'infirmerie soit dans des chambres où elles pourraient se doucher, se reposer et se restaurer. Annabelle, étant dans un état pitoyable, fut conduite à l'infirmerie d'office où l'on la perfusa sans attendre.

Après avoir fourni son rapport détaillé, Ghost qui n'avait cessé de repenser à la peur dans le regard de la jeune femme lorsqu'il avait voulu s'approcher d'elle, traversa les vastes allées jusqu'à l'infirmerie afin de s'entretenir avec un des médecins de la base.

- Lieutenant, salua le docteur.

- Doc.

- Quel bon vent vous mène ? On vous voit rarement ici.

- La jeune anglaise, celle qu'on vous a emmené il y à quelques heures. Comment va t-elle ?

Le spécialiste tiqua face à cette question, il faut dire qu'il n'avait pas l'habitude de voir le lieutenant s'inquiéter pour quelqu'un d'autre que lui où les membres de son équipe.
Toutefois il ne répliqua pas et répondu avec honnêteté.

- Elle est déshydratée, en sous nutrition, sa tension est basse... elle présente de nombreuses ecchymoses sur le corps, des lésions éparpillées... les blessures classiques qu'on retrouve sur les victimes de séquestration.

- Elle va s'en remettre ?

- Sur le plan physique elle sera remise en quelques semaines avec des soins et une bonne alimentation... mais...

- Mais quoi ? Grommela le soldat.

- Ce n'est pas sur le plan physique que je suis le plus inquiet.

- Développez.

- Elle présente également des signes de viols, nous n'avons pas pu encore en discuter avec elle, nous avons dû la sédater pour qu'elle reprenne des forces.

Ghost était habitué à tuer. Il était habitué à la cruauté humaine, au sang, à la guerre.
Il avait tellement de sang sur les mains qu'il s'étonnait même de ne pas encore avoir vu ses mains devenir rouges écarlate le soir quand il ôtait ses gants, et pourtant à la suite de cette annonce son sang se mit à gronder dans ses oreilles avec la violence d'un tsunami.

- Lieutenant cette jeune femme est enfermée depuis huit ans. Elle a été kidnappée lors d'une mission humanitaire selon ce que ses parents ont dit à la police. Sans un suivi régulier et intense les dommages psychologiques pourraient être irréversibles. Je n'ai pas encore examiné toutes les victimes mais je suis prêt à parier qu'elles ont toutes subi ces atrocités.

- Ça ne se reproduira plus.

- Oui. Jusqu'aux prochains.... Bonne nuit lieutenant.

- Bonne nuit doc.

Tortured by monsters, saved by a ghost | CODOù les histoires vivent. Découvrez maintenant