« - Thompson, salua-t-il de sa voix rauque quand elle arriva enfin à ses côtés.
- Ghost, répondit-elle.
- T'as une mine épouvantable, fit-il remarquer.
- Merci lieutenant... voilà une démonstration impressionnante de votre sens de l'observation, ra...
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Sa valise à la main, Annabelle contemplait de ses yeux ronds l'intérieur intimiste de l'endroit.
- Simon... quand je disais que j'avais pas envie de passer les fêtes en famille... ça voulait pas forcément dire que je voulais les passer dans une cabane au milieu d'une forêt flippante au fin fond de la Norvège.
- C'est un chalet, pas une cabane, grommela-t-il.
- Il t'appartient ?
- Affirmatif, tonna-t-il. Je viens ici pour chasser.
En dépit de l'aspect très rustique de la pièce, tous les meubles qui la composaient avaient été joliment disposés. L'endroit était impeccable, rangé à la perfection. Sur le mur de droite se dressait l'immense cheminée en pierre, devant laquelle trônait un canapé massif posé lui-même sur un immense tapis à poils longs. Son regard balaya le reste de la pièce, dans le fond était située une petite cuisine, équipée d'une petite gazinière.
- La salle de bain se trouve là-bas au fond, indiqua le soldat d'un mouvement de tête.
- Après tant d'heures de vol, une douche serait la bienvenue en effet, affirma Annabelle en pénétrant dans la pièce.
- Je vais nous faire un feu, informa le soldat.
Elle déposa son manteau sur l'un des fauteuils qui se tenaient de chaque côte du canapé et s'en alla dans la salle de bain. Elle ôta les deux couches de vêtement qui peinaient à lui donner chaud tant il faisait froid ici et se précipita dans la douche, sous l'eau brûlante. Après quinze longues minutes, elle en sortit et s'enroula hâtivement dans l'une des serviettes qui étaient à disposition. Douce et soyeuse. Sa peau se couvrit de frissons
Elle s'habilla confortablement d'un pull en laine de noël hideux et d'un bas de jogging et s'installa dans l'un des fauteuils du coin salon, après avoir récupéré son bouquin qui ne la quittait jamais.
Entre la lecture de deux lignes, elle jeta quelques coups d'œils vers Ghost, qui s'attelait à démarrer un feu dans l'immense âtre. Elle s'efforçait de lire et de progresser dans son roman mais à la place des mots et des phrases de l'œuvre littéraire, c'était ses yeux à lui, son regard tout entier qui s'offrait à elle entre les lignes de l'histoire. Un regard immensément bleu et torturé. Un regard qui sans qu'elle ne puisse l'admettre, pouvait la bouleverser au-delà des mots. Un regard qui, parfois, lui donnait envie de s'y noyer et de ne jamais en sortir. Et de le prendre, lui, dans ses bras, pour guérir cette souffrance qu'elle ressentait dans son âme avec une puissance aigüe.
Au bout de cinq minutes, elle observa son roman avec désintérêt et se résigna à le refermer.
Elle soupira de lassitude. Les pensées qui se bousculaient dans son esprit ne semblaient avoir aucun foutu sens. Elle secoua la tête pour les chasser et la releva pour croiser le regard du soldat.
