Les paupières de la jeune Annabelle étaient lourdes, si lourdes, qu'elle peina à les ouvrir après avoir dormi pas moins de quatorze heures. Ses yeux mirent quelques secondes pour s'habituer à la luminosité de la pièce dans laquelle elle se trouvait depuis maintenant deux jours.
- Hmm... grommela t-elle de douleur tandis qu'elle essaya de se redresser.
Une infirmière militaire déboula dans la chambre à toute vitesse.
- Vous êtes réveillée ! S'enthousiasma cette dernière. Attention à ne pas faire de mouvements brusques vous risqueriez de vous arracher les perfusions.
Annabelle dont l'esprit était encore en pleine confusion sentit sa cage thoracique se resserrer tel un étau tandis que sa respiration s'accéléra.
- Laissez... moi... partir, articula-t-elle avec difficulté.
- Mademoiselle vous devriez...
- Laissez moi partir ! S'écria la jeune femme effrayée.
D'un geste franc elle arracha les perfusions de son bras ainsi que les capteurs qui ornaient son abdomen et se leva sans plus attendre.
Elle n'entendît guère l'infirmière en panique qui la conjura de revenir s'allonger.À bout de souffle elle se mit à parcourir non sans tituber les couloirs à la recherche d'une porte qui la mènerait vers l'extérieur.
Car il lui était physiquement impossible de respirer correctement dans cette minuscule pièce avec ces murs austères et froids.
Sur sa route elle croisa quelques soldats visiblement étonnés de voir cette jeune femme si légèrement vêtue se ruer à travers les allées de la base militaire.- Rattrapez la ! S'écria l'infirmière.
Annabelle fit volte face.
- Non ! Ne me touchez pas ! Supplia-t-elle en attrapant violemment sa tête entre ses mains.
L'un d'eux tenta tout de même de la saisir par la taille mais fut immédiatement rappelé à l'ordre.
- Écartez-vous. Déguerpissez soldats, ordonna l'homme.
La jeune femme reconnut sans difficulté la voix de celui qui l'avait sauvé de l'enfer quelques jours auparavant.
Alors l'infernal étau qui lui broyait la poitrine se desserra d'un cran.
- Ghost... murmura-t-elle dans un souffle à peine audible. Je... je dois sortir d'ici.
Le regard du lieutenant se posa sur son corps frêle et écorché de toute part. Il ôta sans hésitation sa veste et la posa d'un geste nonchalant sur ses épaules avant de lui indiquer la direction à suivre d'un bref signe de tête.
Quand les premiers rayons du soleil vinrent caresser et réchauffer le visage d'Annabelle, celle-ci ne put retenir ses larmes tant cette sensation lui avait manqué au fil des années passées en captivité.
Les yeux brillants, elle contempla l'astre pendant de longues minutes.
De très longues minutes silencieuses durant lesquelles le lieutenant ne la quitta pas du regard.L'angoisse se dissipa peu à peu et elle finit par retrouver une respiration calme et régulière sans pour autant détacher son regard du paysage qui s'offrait à elle. Ce n'était qu'un tarmac sur lequel les avions de l'armée atterrissaient mais au loin elle réussit à distinguer un bout de nature.
- Combien s'en sont sortis ? Finit-elle par demander en se retournant vers le soldat après avoir essuyée les larmes qui avaient perlé sur ses joues.
- Aucun.
- Ils n'avaient pas que cette planque...
L'homme s'approcha de quelques mètres.
- Nous savons. Nous n'en n'avons pas fini avec ce cartel mais vous êtes en sécurité désormais. Plus personne ne vous fera de mal.
- Vous ne pouvez me l'assurer. Mais c'est gentil d'essayer, d'ailleurs... je ne vous ai pas remercié.
- C'est inutile.
- J'y tiens, insista la jeune femme en s'approchant pour tendre sa main. Annabelle Thompson.
Après un court moment d'hésitation le soldat saisit sa main avec tout le peu de délicatesse dont il était muni et la secoua abruptement.
- Ghost.
- Je suppose que je n'aurais pas plus que ce nom, sourit timidement Annabelle.
- Affirmatif.
- Alors merci, Ghost.
- Vous devriez rentrer. Vous êtes pieds nus, gronda-t-il.
- Je ne veux pas retourner dans cette chambre, je ne veux plus être enfermée est-ce si difficile à assimiler ? Quand pourrais-je partir ? Où sont mes parents ? Et où sont les autres filles ?
- Vous le pourrez, seulement après avoir été auscultée par un médecin, un psychologue et un capitaine qui viendra vous questionner pour obtenir des infos sur le cartel.
- Vous plaisantez ?
- Négatif.
- Donc vous me sortez d'une prison pour me mettre dans une autre, je ne suis même pas libre de partir comme je l'entends.
- Je ne suis pas le commanditaire de ces ordres. Si cela ne tenait qu'à moi vous seriez déjà dans un avion en direction de l'Angleterre pour rejoindre votre famille.
La jeune femme arqua un sourcil, étonnée par son discernement.
- J'ai grandi à Manchester, répondit le soldat à sa question silencieuse. C'est votre accent qui vous a trahi.
- Je vois.
- Une fois toutes ces informations récoltées et une fois sur pieds vous serez libre de démarrer une nouvelle vie, lui assura-t-elle.
Rien que l'idée l'effrayait déjà.
- Une nouvelle vie...
Après huit années elle ignorait ce qui pouvait bien l'attendre à l'extérieur. Quand elle était encore qu'une petite fille, elle était toujours autorisée à se prélasser en plein air. La chaleur du soleil, la sensation d'une douce brise caressant sa peau. Parfois. lorsqu'elle était enchaînée dans l'obscurité de sa cellule, recroquevillée et épuisée elles avait souhaité ne jamais avoir profité de ces petits moments qui relevaient du luxe.
- Permission de vous reconduire à l'intérieur ?
Annabelle prise de fatigue acquiesça et comme à leur première rencontre lui saisit le bras.
Elle n'était pas encore en mesure de se détacher de lui, de marcher seule et lui n'avait pas trouvé la force ni l'envie de la rejeter et de la laisser se débrouiller par elle-même.
Ses doigts avaient l'air délicats par rapport à la majeure partie de son bras, et l'uniforme qu'il portait ne servait qu'à rajouter du poids à sa masse globale déjà imposante.Sans un bruit, fermement agrippée, elle rentra à la base au bras du seul homme envers qui elle ne ressentait ni haine, ni dégoût, ni peur.
VOUS LISEZ
Tortured by monsters, saved by a ghost | COD
Fanfic« - Thompson, salua-t-il de sa voix rauque quand elle arriva enfin à ses côtés. - Ghost, répondit-elle. - T'as une mine épouvantable, fit-il remarquer. - Merci lieutenant... voilà une démonstration impressionnante de votre sens de l'observation, ra...