Quand elle entra dans la maison, un frisson lui parcourut l'échine. Elle savait que ce n'était pas une bonne idée, mais elle avait été instinctivement attirée par cette bâtisse délabrée. Elle ne comprenait pas pourquoi elle ressentait un tel désir, la forçant à s'arrêter à quelques cent mètres de là. Elle avait coupé le moteur de sa voiture, avait fermé la portière. Elle s'était avancée péniblement vers cette maison abandonnée, comme si elle en était rattachée par un fil. Comme si quelqu'un la tirait inlassablement.
Elle ne fit pas le tour du salon, ni de la salle à manger. Elle monta directement l'escalier, veilla à ce que ses longs cheveux bouclés ne se prennent pas dans la toile d'une araignée.
Une voix l'appelait. Cette voix était douce, enveloppante et séduisante. Elle s'aventura dans un couloir lugubre, sombre. Il faisait très froid. Elle poussa une porte sur sa gauche. Ce n'était pas n'importe quelle porte. Elle savait que c'était la bonne.Dans cette chambre, pas de lit. Il n'y avait pas d'armoire ou de tapis. Le sol grinçait sous ses pas. Au centre de la pièce trônait un grand fauteuil en cuir rouge. Le fauteuil semblait sale, poussiéreux. Malgré son apparence repoussante, elle ressentit l'envie de s'y installer. Elle pensa qu'il devait être vraiment, vraiment, confortable. Un bruit soudain la fit sursauter et elle pivota. C'est là qu'elle remarqua un grand miroir, au bout de la pièce. Elle contempla ce miroir aux contours dorés. Elle s'en approcha rapidement, en pensant qu'il était si majestueux. Elle avait envie de le toucher du bout des doigts. Puis, elle le vit.
Un homme était assis dans le fauteuil rouge.
Elle savait qu'il n'était pas vraiment là, mais cet homme apparaissait dans le grand miroir. À la seconde où ils échangèrent un regard, l'homme sourit. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres et raviva ses traits. Un instant plus tard, elle disparut.
L'homme se redressa lentement, comme s'il était resté assis longtemps. En réalité, cela faisait très longtemps qu'il était immobile. Il s'avança vers le miroir, épousseta les manches de son manteau, admira son reflet. Puis, il la vit.
Une femme aux longs cheveux bouclés était assise dans le fauteuil rouge.
L'homme sourit d'un air triomphant. Il se retourna, ne vit personne.
Il était libre.
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Le souffle des mots
PoetryVous ouvrez un livre étrange et vous vous apercevez qu'il s'agit d'un recueil de poèmes et de nouvelles. Intrigué par le thème, curieux de connaître son contenu, vous entamez la lecture... Vous serez bercé et accompagné par des histoires courtes, de...