Bonjour à vous...
Voici le thème imposé par ma professeur : créer un conte étiologique* ! Nous devions tous piocher une question et imaginer une histoire surréaliste pour expliquer un phénomène particulier. Avec le titre du chapitre, vous avez compris de quoi traitera mon histoire !
Bonne lecture...
*histoire visant à donner une explication imagée à un phénomène ou une situation dont on ne connait pas l'origine.
***
Il fut un temps lointain où l'Homme pouvait déceler n'importe quel secret. Le mensonge était bien trop difficile à cacher et l'on se risquait peu à faire des coups bas à son voisin. En effet, il exista sur Terre des hommes dont le faciès comportait deux yeux bien gros, bien clairs et un œil bien gros, bien sombre, situé à l'arrière du crâne. L'homme pouvait tout voir et tout comprendre en un coup d'œil. Ce qu'on osait lui dissimiler ne le restait bien longtemps. Le gros œil bien gros, bien sombre lui apportait toutes les réponses qu'il voulait.
Il exista sur Terre un homme et sa femme. Soucieux du bonheur de cette dernière, l'homme se pliait en quatre pour assouvir ses moindres désirs. Mais la femme, éternelle insatisfaite, restait de marbre devant tout ce que son mari pouvait lui donner. Ne ressentant aucun amour, aucun intérêt pour lui, la femme prit la décision de mener une double vie. Elle voulait connaître l'amour, le vrai. Elle ne mit pas longtemps à le trouver, belle comme elle l'était, et les deux amants tombèrent amoureux fous. Les soirs où son époux travaillait jusque très tard dans la nuit, elle partait rejoindre son amant, plus heureuse que jamais. Son époux ne se doutait de rien, ne voyait rien. Quand il rentrait au petit matin, sa femme dormait déjà paisiblement dans leur lit.
Cette double vie dura longtemps, longtemps, jusqu'au jour où le mari changea ses habitudes. Sans prévenir sa femme, il rentra à la maison plus tôt. Il fut surpris de ne pas y trouver son épouse, elle qui ne sortait jamais. Il s'inquiéta de son absence, partit inspecter les alentours mais ne la croisa pas. Sa femme rentra quelques heures plus tard et découvrit son mari, tout affolé. « Où étais-tu passé ? » lui cria-t-il. La femme, prise de court, inventa la première excuse lui passant par la tête. « J'étais sortie prendre l'air, voilà tout. Ne me crie pas dessus, je suis fatiguée. » Le mari n'ajouta rien, frustré, et douta des paroles de sa femme. Le lendemain, la même scène se répéta. Et le surlendemain encore. La femme rentrait toujours tard, prétextant les promenades d'air frais. Alors, ne supportant plus de voir son épouse l'éviter autant, l'homme eut une idée.
Ce soir-là, il ne partit pas au travail mais il suivit sa femme. Elle paraissait sereine, heureuse, légère, le pas quelque peu pressé. Elle était tellement amoureuse et lunatique que son œil bien gros, bien sombre ne remarqua pas son mari la filer de près. Ce dernier la vit entrer dans une maison, puis plus rien. Elle n'en ressortit pas. Il attendit longtemps, longtemps. Tellement longtemps que les alentours s'étaient vidés de tout passant. Le mari, bien triste de comprendre que sa femme lui cachait des choses, finit par rebrousser chemin, les pieds trainants, la mine anéantie.
Au même moment, la femme sortit de la maison accompagnée par son amant. Se tenant bras dessus, bras dessous, ils avaient tout l'air d'un couple de jeunes mariés. L'œil bien gros, bien sombre de l'homme trompé s'ouvrit un peu plus. Il s'ouvrit grand, très grand. Alors, l'œil vit et comprit tout ce que la femme cachait à son mari. Celui-ci accéléra le pas, rentra chez lui et attendit patiemment sa femme. Sa décision était prise. Quand elle rentra à la maison, déjà elle avait repris son air insatisfait, ne souriant plus. Elle répéta à son mari le même discours que chaque nuit. Cette fois-ci, l'homme parla. « Pourquoi m'avoir menti ? » La femme, faisant dos à son époux, ne répondit pas. « Pourquoi m'avoir caché ce terrible secret ? » Elle voulut lui dire qu'elle était malheureuse avec lui, qu'elle ne l'avait jamais aimé. Elle voulut lui dire qu'elle avait enfin trouvé l'homme qui la comblait de tout l'amour qu'il pouvait lui donner. Mais elle n'eut pas l'occasion de le faire. L'œil bien gros, bien sombre de la femme trompeuse s'ouvrit un peu plus. Il s'ouvrit grand, très grand. Alors, l'œil vit et comprit ce que l'homme cachait à son épouse. D'un geste vif, l'homme lui creva l'œil et la femme s'écroula, le crâne ensanglanté. Regrettant immédiatement son geste commis sous le coup de la colère, il en fit de même pour lui et tomba près de sa femme, le troisième œil maintenant refermé.
L'histoire de l'œil bien gros, bien sombre se termine, à jamais, ici et pour tous.
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Le souffle des mots
PoesiaVous ouvrez un livre étrange et vous vous apercevez qu'il s'agit d'un recueil de poèmes et de nouvelles. Intrigué par le thème, curieux de connaître son contenu, vous entamez la lecture... Vous serez bercé et accompagné par des histoires courtes, de...