27. Le garçon invisible I

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Bonjour à vous...

Voici une nouvelle qui me tient à cœur. Je l'ai divisée en trois parties. J'espère que l'histoire de nos deux protagonistes vous plaira...

Bonne lecture ! 

***

Partie I

Il était minuit quand elle descendit se servir un verre d'eau. Elle n'arrivait pas à fermer l'œil. L'hiver approchait à grand pas maintenant. Les températures avaient chuté dans les négatifs, laissant place au vent, à la neige et au verglas. Dans la maison, il faisait froid, son corps tremblait. Elle but son verre d'eau puis remonta dans sa chambre.

Elle vivait seule, sans mari, sans enfant, sans une présence qui puisse l'accompagner dans son quotidien. C'était une femme réservée, sans histoire. Trop banale pour attirer l'attention. Dans le quartier, on ne la connaissait pas vraiment. Les voisins n'avaient pas d'opinion sur elle. Elle aurait pu disparaître du jour au lendemain, on ne l'aurait pas remarqué.

Il était minuit et sept minutes quand elle se coucha dans son lit. La chambre était plongée dans le noir, mais elle pouvait contempler la lune par la fenêtre. Elle répandait une vive lumière sur la ville endormie, se faufilant à travers les rideaux. C'était une nuit de pleine lune.

Quand elle se réveilla au matin, le soleil avait déjà repris sa place. C'est en descendant les marches de l'escalier qu'elle entendit un bruit suspect, attirant son attention. Quelqu'un était en train de forcer la porte d'entrée. Croyant avoir affaire à un voleur, la jeune femme se cacha sous la cage d'escalier et attendit, le cœur battant. La porte s'ouvrit enfin sur un petit garçon, pas plus haut que trois pommes. Il avait une mine renfrognée, des cheveux courts et noirs de jais. Il ferma la porte plus doucement, essayant de faire le moins de bruit possible, et se dirigea vers la cuisine. La jeune femme sortit de sa cachette.

- Toi ! Sors de chez moi ! S'exclama-t-elle.

Le petit garçon, surpris et effrayé, lâcha la brique de lait qu'il avait dérobée. Il se retourna vers la femme, les yeux exorbités, puis il s'immobilisa.

- Tu peux me voir ? Demanda-t-il d'une voix peu assurée.

- Je ne te le répéterai pas une troisième fois : sors de chez moi, répondit la jeune femme en articulant exagérément.

Le garçon ramassa la brique de lait prestement, la replaça dans le réfrigérateur et chercha autour de lui de quoi essuyer le parquet. Voyant que la femme s'impatientait, il s'expliqua.

- Je suis désolé, c'est la première fois en six mois que quelqu'un me parle.

Affolé, il trouva un chiffon sur la gazinière et l'utilisa comme serpillère. La jeune femme n'en croyait pas ses yeux ; que faisait ce petit garçon chez elle, à lui voler son lait ?

- Je pense que tu n'as pas compris, commença-t-elle.

- Attendez, la coupa l'enfant en levant les mains, s'il vous plaît, ne me mettez pas dehors. Vous êtes la seule qui peut me voir.

La femme prit une profonde inspiration puis souffla doucement en fermant les yeux. Quand le garçon eut fini de nettoyer, il se redressa, frotta ses mains sales sur son pantalon et détailla la femme. Elle n'était pas très grande et pas très âgée non plus. Il lui donna exactement 25 ans. Ses cheveux bruns lui tombaient sur les épaules. Elle portait un pyjama de soie rose, trop large pour elle, et des chaussons de la même couleur. Quand elle ouvrit la bouche, il prit la parole rapidement. Le petit garçon avait peur, il ne voulait pas rater sa chance.

Le souffle des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant