8. Je déteste...

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Je pars, je prends le bus pour aller chez ma mère. Je cherche une place, je me retrouve debout. C'est dur de ne pas tomber en tenant un paquet sous le bras. Le trajet est long, la chaleur est assommante. Personne ne se lèvera pour me céder sa place. Une grand-mère me pousse, ne s'excuse même pas. Un bébé pleure, hurlant à vous casser les tympans. Je déteste les enfants.

La sueur menaçant de tomber de son front, un homme beugle au téléphone à mes côtés, tellement fort que la grand-mère, m'ayant poussé tout à l'heure, parle dans sa barbe et adresse un regard accusateur à l'homme. Les grands-mères sont exécrables. Surtout dans les transports en commun. Elles poussent, elles ne s'excusent pas, elles prennent la seule place que nos yeux ont repérée avant elles. Je déteste les personnes âgées.

Je me rapproche de plus en plus. L'appartement est dans les alentours. Je sors du bus, non sans marcher malencontreusement sur quelques chaussures. La température est agréable, tellement plus supportable que dans ce bus. Par la fenêtre, la grand-mère me scrute de ses yeux perçants. L'homme prend place à côté d'elle pour mon plus grand bonheur. Tout à coup, je trébuche sur une dalle mal placée et le paquet tombe sur le sol. Je déteste le karma.

Le paquet ramassé et replacé sous le bras, je reprends ma route. Encore quelques secondes et ma mère sera heureuse de me retrouver. Le feu est rouge, j'attends. Le feu est vert, je traverse. Au même moment, un vélo débouche sur ma gauche et me renverse presque. Je regarde le coupable, le coupable me regarde. L'homme s'excuse à la hâte, remet son casque correctement et part sous mon regard menaçant. Le code de la route est valable pour tout le monde, n'est-ce pas ? Je déteste les vélos.

L'appartement est au bout de la rue, je le repère déjà. Plus que quelques pas. Je sonne. Mon paquet est légèrement amoché, j'espère que mon cadeau n'est pas cassé. Ma mère ouvre la porte, elle est contente de ma venue. Je rentre, j'offre le cadeau et la presse de le déballer. Elle arrache le journal le protégeant et m'adresse un regard perplexe. Une large éraflure sépare le vase en deux.

Je déteste les enfants, je déteste les personnes âgées, je déteste le karma, je déteste les vélos, je déteste cette journée !

Doucement, ma mère pose le vase lamentable sur la table et me tapote le dos, comme pour me rassurer. Elle me lance un regard tendre.

J'adore ma mère.


Bonjour à vous...

Avez-vous remarqué ce que texte est un lipogramme en "i" ? Quel challenge !

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