6. Âme-sœur

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On dit qu'il existerait pour chacun d'entre nous une personne qui nous attend, quelque part, on ne sait trop où. On dit que cette personne aurait été créée dans le seul but de nous trouver, de nous rendre la vie meilleure. On dit qu'elle serait la seule et unique à pouvoir nous comprendre et nous aimer, tel l'individu que nous sommes. Quel enfer pour celui qui doit trouver. Quel ennui pour celui qui doit attendre. Comment savoir si je suis celui qui cherche ou celui qui patiente ? À bien y penser, ne sommes-nous tous pas des chercheurs ? Des chercheurs en quête d'envie, de rêve, d'espoir, d'amour.

L'amour... Mais pas n'importe quel amour. Pas l'amour qui bourgeonne au printemps et qui se meurt en automne. Pas l'amour qui s'enflamme une nuit et qui s'éteint aux premières lueurs du jour. Je parle de l'amour, le véritable. Celui qui naît sur un malentendu. Celui qui naît d'une rencontre imprévue. Celui qui est maladroit. Celui qui fait peur. Celui qui fait mal. Celui qui nous transforme. Pour le rencontrer, il faut avoir attendu. Pour le rencontrer, il faut avoir trouvé. 

Une fois que l'amour est là, il vient cogner à la porte. D'abord, par sécurité, on la laisse fermée à double tour. On a peur qu'en ouvrant cette porte, notre vie prenne un tout autre tournant. On a peur de l'inconnu. Pourtant, cet inconnu est attrayant. Cet inconnu nous fait de l'œil. Serai-je à la hauteur ? Pourrai-je satisfaire cette personne qui m'a cherchée ? Cette personne qui m'a attendue ? Serai-je assez fort pour prendre soin d'elle jusqu'au jour dernier ? Laissons cette porte fermée rien qu'un instant. Rien qu'un instant, pour se préparer. On doit se préparer. Ce qui s'ensuit une fois la porte ouverte ressemble à un long voyage duquel on ne revient pas indemne. Ou bien on ne revient pas du tout. À nous de choisir. L'amour s'impatiente, l'amour est là. Il attend. Il cogne de plus en plus fort à la porte. Je l'ouvre.

Et le voyage commence. 

Je ne pourrais dire si je m'étais bien préparé ou non, car tout se bouscula dans ma tête et dans mon cœur.

Je commençai à vivre. Vivre...

Cette personne qui m'avait attendu ou cherché – peu importe ce qu'elle s'était évertuée à faire, cette personne m'aimait. Elle aimait mon être, mon âme, mon existence tout entière. Elle m'aimait tel l'individu que j'étais.

Je ne sais plus si je l'avais attendue ou si je l'avais cherchée. Je ne sus plus rien du tout à partir du jour où je la vis. Cette personne me tenait par la main et nous parcourions ce voyage ensemble. La personne qui m'était destinée était apparue dans ma vie un jour qui ne valait rien pour moi. Un jour qui ne comptait pas. Un jour mort. Cette personne était apparue et, depuis, j'avais basculé dans un monde où seules elle et moi existions. Est-ce que notre voyage durera longtemps ?

J'ai décidé de fermer la porte derrière moi. À double tour. À présent, nous sommes deux.

Le souffle des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant