30. Désespoir

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Le vent fouette mon visage violemment,
Nous essayons de nous tenir au chaud,
Impossible de bouger, même prudemment,
Je souffle, le soleil se couche si tôt.

Je ne veux pas pleurer devant toi,
Tes yeux perçants qui me dévisagent,
Ne me feront pas perdre mon sang-froid,
Alors, dis-moi, quel est ton âge ?

Tu sembles seule, triste et perdue,
Les lèvres bleues et les paumes retournées,
As-tu, toi aussi, une famille disparue,
Un père, une mère qui ont voulu rester ?

Tu pries longtemps, marmonnant tout bas,
Et tes grands yeux ne me lâchent plus,
Un instant, tu regardes derrière moi,
Ta voix s'élève alors dans un silence tendu.

Émerveillé par ce son clair et si beau,
Semblable au tintement d'un carillon,
Je te souris mais je ne saisis pas tes mots,
Ton regard change, ton attitude en dit long.

D'instinct, je comprends enfin ce qui arrive,
Tu hurles déjà, tu ne veux pas y croire,
Tes larmes coulent quand le bateau chavire,
Et nous rencontrons l'océan du désespoir.

Le souffle des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant