Convictions

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Quel tourment, d'être soi. Pleurer des torrents à cause de celle que je suis, dont on ne veut point. Je cherche entre les mots des autres celle qui me fuit, ce que les miens ne sauraient dire, ce que le cœur n'oserait admettre. Me faire croire que le mal-être, à l'aube des corvées, se dissipe. Et les matinées creuses creuses comme un croissant un croisement entre deux pensées ; les cambrures dérobées à la lune, celle qui s'absente une fois le soleil tombé. Les cieux, aussi grands qu'ils puissent paraître – laissant apparaître ce qu'il y a dessus et au-delà : il n'y a pas que l'éternel qui est long ; aussi lent qu'un temps cagnard des jours de tourments. Je voulais prier pour mon bien, pour le nôtre, un soir un jour un mois une année. Mais à quoi bon ? puisque je sais que, même si tous les univers, en chœur, réfuteraient une objection (l'abjection !...), je ne cesserais d'y croire fermement. il m'est impardonnable d'aimer, mais maman si tu savais le réel secret du sevré : l'interdit est désiré. Les pensées au bas-fond de l'esprit fermentaient dans l'âme tourmentée. Mais pourquoi s'obstiner ? Mais
Mais
Mais
ô
toi
amour !

quelle malédiction
toi et tes mauvaises intentions
vers où nous mènes-tu
avec ces routes qui sinuent

celles que prennent
ces cœurs que tu as privé
de toute lucidité

tu tintes aux creux
des oreilles des pieux
comme une cacophonie
dont l'écho est familier

pour les hommes
les plus audacieux
aux désirs morbeux

qui sans vergogne
s'adonnent aux péchés
et de contrition et de rogne
t'accusent leur intrépidité

toi
amour

qui consumes sans te brûler
qui es né pour tout ravager
sans pour autant être touché
ni soupçonné, ni devancé

06/10/2022 20:33
14/10/2022 17:52

ambivalenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant