Chapitre 33

42 7 11
                                    

Attleboro, hôpital, mercredi vingt-six avril, 14 h 27,

En chemise d'hôpital, Magda est allongée sur la table d'examen, les cuisses relevées et calées sur les étriers.

L'insertion du spéculum, froid, fait trembler Magda de tout son corps. Depuis son arrivée au bunker des Hommes de Lettres, elle est conduite chaque après-midi à l'hôpital pour des batteries d'examens. Ils ont obtenu d'elle : scanner et radios complètes de son corps ; un IRM du cerveau ; ils lui ont infligé plusieurs tests d'efforts, des analyses de sang et même une ponction lombaire. Mais aujourd'hui, l'inspection gynécologique lui semble être de trop !

— J'espère que vous allez m'épargner la coloscopie, grogne-t-elle à Beth qui s'occupe elle-même de l'examen.

— C'est désagréable, je sais, soupire Beth. On a presque fini, se réjouit-elle en retirant son outil de travail.

— Allez, encore une échographie et c'est bon ! affirme Beth, qui ne peut se défaire de son sourire faussement amical.

— Vous allez me garder en vie encore longtemps ? demande Magda qui relève sa chemise pour exposer son bas-ventre.

Beth l'enduit de gel et appuie sa sonde tout en fixant l'écran qu'elle examine :

— Nous avons d'autres tests à vous faire faire au bunker, explique-t-elle.

— Et l'implant dans l'cerveau, c'est pour quand ? insiste Magda.

— Si tout se passe bien, nous aurons terminé dans un mois, sourit Beth.

— Et après rideau, marmonne Magda consciente que sa mort est proche.

— Liam a tout tenté pour vous aider, lui affirme Beth.

— Je sais, j'en doute pas une seule seconde, sourit Magda.

— Pour être franche, avoue Beth. J'étais persuadée que vous trouveriez une façon de vous défiler, mais vous êtes venue, acceptant sans rechigner ce que Liam vous demande de faire.

— J'préfère mourir de sa main que de la vôtre, clame Magda, qui refuse pourtant de lui infliger ça.

— Même si ça doit le ronger tout le reste de sa vie ? s'étonne Beth en rangeant son attirail de médecin.

« Bien sûr que non, je l'aime » a-t-elle envie de lui répondre.

— Vous m'demandez de me suicider pour l'épargner ? s'étonne Magda.

— Votre relation est si particulière, réplique Beth en lui tendant du papier pour qu'elle s'essuie le ventre.

— J'vous souhaite de trouver quelqu'un qui sera prêt à mourir pour vous protéger, clame Magda, l'air dur.

— J'ai une équipe qui veille sur moi, sourit Beth en étudiant l'écho qu'elle a imprimée.

— Ils sont payés pour, mais est-ce qu'ils ont assez de respect pour votre vie pour sacrifier la leur ?

— Tout comme vous, ma chère, je sais me débrouiller seule face à l'adversité, affirme Beth.

— J'le sais, sourit Magda. On n'arrive pas à la tête d'une telle organisation sans être capable de se retrousser les manches, ni d'accepter de se salir les mains quand il le faut.

Beth lui adresse un vrai sourire, chaud et amical.

— Je ne suis pas à la tête de l'organisation, seulement d'une de ses filiales, avoue Beth. Habillez-vous, on a terminé ici, on peut rentrer !


Vendredi 28 avril, salle d'entraînement du bunker, 14 heures,

Ça ne fait pas une semaine que Magda vit au bunker et elle regrette déjà d'être là, car entre les examens médicaux et les tests d'efforts, les Hommes de Lettres veulent aussi tester ses aptitudes physiques et sa résistance. Alors, c'est Paul Smith, sous ses airs de British coincé mais combattant hors pair, qui se charge de l'évaluer en l'affrontant au combat rapproché régulièrement, montant l'intensité d'un cran à chaque nouveau jour.

Emma Smith, l'assistante de Beth, et Shioban (dont la présence a été demandée par Magda elle-même), doivent quant à elles surveiller les données émises par les capteurs que la Cobaye porte et qui la gênent dans ses mouvements.

Aujourd'hui, Paul a encore élevé le niveau et Magda qui a conscience qu'elle n'est pas en mesure de le battre, veille surtout à esquiver, parer ou bloquer les coups pour se protéger.

Consciencieux, Paul n'a que faire des paroles de Shioban qui lui a demandé à plusieurs reprises d'y aller moins fort. Magda bloque sa frappe aux côtes, mais il enchaîne d'une droite à la pommette. Le choc est violent et la fait reculer, alors que la douleur l'irradie à cause de l'éclatement de la peau à l'impact...


Du côté de Liam, bibliothèque,

Depuis l'arrivée de Magda au bunker, elle a convaincu Gilles et Beth de se mettre sur le problème de la malédiction des 36, puisque selon Magda « le sort de Nao est scellé ».

Mais, Liam, lui réétudie tous les sortilèges d'invocations qu'ils ont faits pour tenter de parler à la Mort, car il veut comprendre ce qui n'a pas fonctionné.

Gilles et Beth sont en train de recenser les décès de Chasseurs qui pourraient être liés à la malédiction, quand Liam reçoit un message de Shioban : « SOS »

Alors, il se lève et part en trombe, sous le regard ahuri des deux autres.


Du côté de Magda,

Déjà bien amochée, Magda hurle de douleur, maintenue dans la prise que Paul exerce sur son bras, au point qu'il lui déboîte l'épaule. Enfermée dans sa souffrance, il lui semble pourtant entendre Shioban crier autant qu'elle, ce qui fait que Paul lâche prise.

Le bras pendant mollement le long de son flanc, elle recule et accroche le regard froid de l'Homme de Lettres, qui de toute évidence cherche à désosser l'Arme pour en comprendre le fonctionnement.

Quand Paul fonce sur elle, l'idée de mourir battue à mort lui fait froid dans le dos, mais Liam déboule dans la salle et se jette sur lui. L'Homme de Lettres se défend, mais la rage de Liam lui donne l'avantage, alors le Chasseur l'envoie au sol, pour mieux lui marteler le visage de son poing.

— Liam ! hurle Shioban qui tente de soutenir Magda pour ne pas qu'elle s'effondre.

— Assez ! ordonne Beth dans le même temps.

— Ça va trop loin vos conneries, feule Liam en se relevant pour rejoindre Shioban et porter Magda.

— On doit comprendre ce qui la rend différente, intervient Paul après avoir craché du sang.

Beth se tourne vers Emma qui est restée face aux écrans :

— Nous avons assez de données, ça suffit ! ordonne Beth.


Nao - T2 Aube Céleste 🔞 (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant