Nao - T2 Aube Céleste 🔞 (terminé)

Chapitre 58

— J'irai mieux quand tu m'diras c'que tu fous là, clébard de merde, réplique Slayer.

— Ici, on sert pas d'croquettes, s'esclaffe Riper leur VP.

— Très drôle Riper, sourit Ash. J'avais pas l'intention de t'manquer de respect, Slayer, mais il me semble qu'je suis toujours dans la zone neutre, ajoute-t-il, très calme en soutenant le regard de Slayer.

— Tu sais c'que c'est, les frontières, ça va ça vient, sourit Slayer affichant ses canines en or, tout en s'accoudant au comptoir.

— Elle, c'est qui, brebis ou régulière ? demande Riper en désignant Magda.

— Ni l'une ni l'autre, réplique Ash. Juste une meuf que j'espérais baiser encore un peu durant mon séjour au Texas, mais elle va s'en aller, affirme Ash.

— Nan, elle va rester, objecte Slayer. Si elle a baisé avec toi, il vaut mieux qu'on lui laisse un meilleur souvenir du Texas.

— Tu dois avoir suffisamment d'brebis à mater qui n'demandent que ça, objecte Ash.

— Pas faux, concède Slayer avant de boire une grosse gorgée de bière.

Il se force à roter en dévisageant Magda, puis il jette un regard noir à Ash, qui continue de siroter sa binouze.

— Paraît qu't'as été rétrogradé, lance-t-il.

— J'pensais pas qu'la nouvelle arriverait jusqu'à toi, soupire Ash.

— Viens, faut qu'on cause, affirme Slayer avant de rejoindre un coin banquette dans la deuxième salle.

Les Hell's Bastards brutalisent les clients et gardent quelques femmes pour leur tenir compagnie, tandis que Riper pousse Magda et la force à suivre le mouvement. Ash lui prend le bras pour la placer à sa gauche, de sorte qu'elle se retrouve en bout de banquette une fois tous assis.

Magda à sa droite, Ash se tourne de trois quarts vers la gauche pour parler avec Slayer qui est juste à côté de lui.

— Alors qu'est-ce t'as foutu pour être démis de ton rang de VP ? demande Slayer.

— Ça va t'faire marrer, affirme Ash, qui prend un air dépité.

— J't'écoute, sourit Slayer.

— Franchement, j'pensais pas qu'une meuf pouvait me vriller l'cerveau, mais c'est pourtant c'qui m'est arrivé.

— Une meuf, ricane Riper.

— Trois ans qu'on était ensemble, affirme Ash. On parlait d'fonder une famille à nous, explique-t-il. J'lui ai même acheté une baraque, avec tout l'pognon qu'j'lui filais, elle avait pas besoin d'bosser, mais un jour en août dernier, elle a foutu l'camp.

— Sans raison ? s'amuse Slayer.

— Elle était mal baisée, affirme un Hell's Bastard.

— En fait, elle me reprochait souvent mon manque de considération, sourit Ash. Alors si tu veux m'en donner la définition, j'suis preneur, parce qu'j'ai toujours pas pigé !

Slayer éclate de rire et lui tape dans l'dos.

— Et t'es parti en vrille pour ça ? s'étonne-t-il.

— J'l'avais dans la peau, affirme Ash. J'ai tenté d'la récupérer, mais elle m'a jeté, alors ouais, j'me suis mis à dérailler. J'avais plus la tête aux affaires et j'étais tout l'temps en retard sur nos rendez-vous.

— Putain, enfoiré, t'as vraiment manqué d'respect envers ton grade pour une meuf ? s'indigne Riper.

— Snake et les lieutenants ont agi comme il fallait, affirme Ash. J'ai été démis de mes fonctions et j'suis plus qu'un membre lambda maintenant.

— Ils auraient pu t'bannir ! affirme Slayer.

— Ils auraient dû te tuer, clame Riper.

De la façon dont Ash se tient, il donne l'impression que Magda n'est pas là, alors elle se tait et attend, se souvenant très bien qu'il a failli être tué par ses frères.

— J'aurais pas laissé passer, non plus, affirme Slayer. Mais toi, j't'aurais pas tuer non plus, insiste-t-il. Snake est un fils de pute de première, mais j'dois reconnaître qu'il a bien géré ton cas.

— Qu'est-ce tu fous sur la route et sans bécane ? demande Riper qui se lève pour aller s'appuyer contre le mur et regarder Magda.

— Où que j'regarde, que ce soit chez moi ou au Club, j'voyais Carmen partout, déclare Ash. J'arrivais pas à refaire surface et avec l'hiver, ne pas pouvoir rouler à moto, ça m'a achevé.

— T'as demandé à Snake l'autorisation de prendre la route ? demande Slayer.

— Bien sûr, soupire Ash. J'voulais pas le décevoir encore une fois, et il a compris qu'il m'fallait du temps, que j'servirais à rien si j'restais au Club.

Slayer finit sa bière d'une grosse goulée et soutient le regard de Ash :

— Peut-être que j'peux t'renvoyer à Snake par la poste, morceau par morceau ! suggère-t-il.

— J'ai grave chuté dans son estime, sourit Ash. J'pense qu'il n'en aura rien à battre, objecte-t-il.

— Paraît que Crow est l'nouveau VP, ajoute Slayer pour changer de sujet.

— Ouais, t'es bien informé, confirme Ash.

Pour Magda, l'ambiance pesante est devenue intenable quand Slayer a sous-entendu qu'il voulait le tuer. Elle éprouve un sentiment d'urgence et de malaise, presque une nausée, qui s'aggrave de minute en minute, comme si le pire était sur le point de se produire sans qu'elle n'y puisse rien.

Elle doit en plus faire de son mieux pour ignorer le regard insistant de Riper qui ne la quitte pas des yeux. Alors elle reste calme et silencieuse, tout en ayant conscience qu'avec l'enseignement de Sartraël, elle et Ash seraient très largement capables de maîtriser ces Hell's Bastards.

C'est ce qu'ils auraient dû faire dès le début pour foutre le camp, lui semble-t-il.

Or, Ash agit sans perdre de vue qu'il peut déclencher une nouvelle guerre entre Clubs rivaux, alors sans manquer de respect à Slayer, il lui tient tête, objectant posément et intelligemment alors que leur conversation a dévié sur les affaires en cours.

Une heure et vingt minutes plus tard,

— J't'aime bien, Ash, sourit Slayer en lui claquant l'épaule avant de se lever.

— Le respect est réciproque, affirme Ash, qui reste assis pour ne pas se mettre au même niveau que le préz des Hell's Bastards.

— Un p'tit conseil, cependant, lance Slayer. La prochaine fois qu'toi ou d'autres Devils Dogs passés par l'Texas, demandés l'autorisation !

— C'est noté, répond Ash. Et j'm'assurerai de la bonne délimitation d'la zone neutre.

— On y est toujours, petit ! conclut Slayer avant de tourner les talons.

Puis le bar se vide brutalement.

Ash se tourne vers Magda :

— Ça va ? lui demande-t-il.

— C'est à toi qu'il faut demander ça, répond-elle soucieuse.

Les motos vrombissent et s'engagent sur la route.

— Ok, faut qu'on parte maintenant, clame Ash le ton sec. On quitte l'état ce soir !