Nao - T2 Aube Céleste 🔞 (terminé)

Chapitre 42

Box de John, 18 h 45,

Assise au sol et adossée au mur du fond, Magda feuillette l'album photos de John.

— Tout l'monde te cherche, lance Ash, une roulée entre les lèvres, debout à l'entrée du box.

— Ben, ils cherchent mal, soupire-t-elle le regard posé sur les clichés de John avec son bébé.

— Ils ont peut-être peur de se faire tirer dessus, sourit-il.

Elle lève les yeux sur lui et les plisse :

— Fini le mépris et la colère ! s'étonne-t-elle.

Ash soupire et entre dans le box :

— J'ai abusé, s'excuse-t-il. Mais faut dire que t'as l'don d'mettre les gens en rogne, ajoute-t-il en s'asseyant à côté d'elle.

Grâce à Malcolm et surtout Emma, il sait tout sur elle :

— C'est toi ? demande-t-il en étudiant la photo tout en connaissant déjà la réponse.

— C'est Magdalena, la fille décédée de John, objecte-t-elle. Il m'a donné son identité quand il a décidé de me garder, peu après m'avoir trouvée, ajoute-t-elle avant de soutenir son regard vert.

— Ça fait quoi d'apprendre que t'es un ange ? réplique-t-il, curieux.

— Ce n'est pas ce que je suis, soupire-t-elle.

— Franchement, j'aurais plutôt opté pour mi-démon, sourit-il en écrasant sa clope. Ça correspond plus à ton caractère sulfureux !

— Tu fais la paix parce qu'on doit faire équipe ? suppose-t-elle. J'peux demander à Liam de me mettre avec Lorie...

— Tu veux plus bosser avec moi ? objecte-t-il.

— Faut avoir confiance en son partenaire, objecte-t-elle. Est-ce que c'est toujours le cas, Ash ?

— Vu tout c'qu'on a vécu, bien avant de bosser ensemble, explique-t-il. J'pensais qu'on était proches, alors apprendre que t'avais pas assez confiance en moi pour me parler de Nao, ça m'a gonflé. J't'en ai voulu, c'est vrai, mais avec le recul, j'comprends que t'aies rien dit.

— C'est pas que j'avais pas confiance, soupire-t-elle en tournant une page de l'album.

— Alors pourquoi t'en as pas parlé ? insiste-t-il.

— Je m'accrochais à ma vie normale, affirme-t-elle en le regardant droit dans les yeux.

— Mais t'es pas normale, ma vieille, s'amuse-t-il.

— J'suis plus jeune que toi, s'indigne-t-elle.

— T'en es sûre ? clame-t-il en sortant une autre roulée de son paquet.

— Tu fumes trop, feule-t-elle en lui prenant pour la fumer à sa place.

— Tu vas pas recommencer, grogne-t-il avant de se préparer une nouvelle clope.

— J'aime bien t'emmerder, avoue-t-elle.

— Tu m'étonnes, c'était ton passe-temps favori y'a pas si longtemps, soupire-t-il. Faut qu'ça change, sinon j'veux plus faire équipe avec toi, Malcolm est tellement moins chiant, même si c'est un accro au sport !

— Si y'a que ça, j'te ferai courir derrière la voiture, s'esclaffe-t-elle.

— Oh non, on change les règles, c'est moi qui vais conduire, alors méfie-toi tu pourrais courir, affirme-t-il.

— Tu n'veux pas accrocher un Déchu à ton tableau de chasse ? demande-t-elle, redevenue soucieuse, en soutenant son regard.

— C'est tentant, avoue-t-il en la regardant droit dans les yeux, conscient du sous-entendu.

Elle lui sourit :

— Tu préfères peut-être entreprendre une formation d'Hommes de Lettres et rester avec Emma Smith, lance-t-elle.

— Cette organisation, c'est pas ma tasse de thé, s'esclaffe-t-il.

— Mais Emma ? s'inquiète-t-elle.

— On a passé une nuit ensemble, soupire-t-il. C'est pas pour ça qu'on va s'marier ou se jurer fidélité.

— C'est pas ce que tu semblais dire hier soir, objecte-t-elle.

— J't'ai juste dit que j'm'adaptais à mes partenaires, réplique-t-il.

— Joue pas avec elle, soupire-t-elle.

— Pourquoi ?

— Je reformule, clame-t-elle. Ne te tape pas toutes les meufs de ton entourage, on a assez d'un grand bordel à gérer, s'amuse-t-elle.

— C'est pas c'que j'fais, nie-t-il, les sourcils froncés d'une fausse indignation.

— Si peu, ricane-t-elle après avoir tiré une nouvelle taffe.

— Toi et moi, on reprend la route, alors ? insiste-t-il, sérieux.

— Magda ! lance Liam à l'entrée du box.

— Ouep, répond-elle en lui souriant.

— On est prêts pour le sortilège de localisation, explique Liam.

— Il ne manque plus que mon sang, comprend-elle en fermant l'album pour se mettre debout.

Ash en fait autant et ils rentrent les trois au bunker.

Bibliothèque, 19 h 30,

Le sortilège est pratiquement terminé, autour de Magda et Liam près de la table basse, Malcolm Gilles, Beth, Paul, Emma et Ash, marque chacun l'une des pointes de l'étoile à six branches qu'ils ont tracé à la craie au sol. Ils psalmodient et demandent l'aide des forces païennes. Magda s'entaille la main et fait couler son sang sur la carte. Les quelques gouttes se regroupent pour n'en former plus qu'une, puis le liquide semble onduler attendant de répondre à la demande :

« Volo invenire mei sanguinis nexu » (je désire retrouver mon lien de sang) formule-t-elle.

Le sang bouillonne, ondule, puis glisse sur le papier glacé, lentement il remonte, glisse à l'ouest et remonte... Jusqu'à Fairbanks en Alaska.

Le sang bouillonne encore jusqu'à s'évaporer en trouant la carte.

Les bougies que les six membres tiennent, s'éteignent comme dans un seul souffle les plongeant dans l'obscurité. Shioban qui était restée à l'écart, allume :

— Bon, soupire Malcolm. Heureusement qu'on est au mois de mai !

— C'est pas la porte à côté, ajoute Gilles.

— Nous avons la localisation, mais il manque toujours l'arme, objecte Paul.

— C'est pas un problème, affirme Liam. On va se mettre en route dès demain, et Billie me fera parvenir la lame Céleste rapidement.

— Comment allez-vous reconnaître le Déchu ? demande Emma.

— Bonne question, approuve Malcolm.

— Chaque chose en son temps, clame Liam. On doit procéder comme dans toute enquête, on se rend sur place et on analyse la situation.

— Y'a pas de mort, pas de scène de crime, et encore moins d'indice, soupire Malcolm.

— Si c'est trop difficile pour vous, j'peux comprendre, déclare Liam. Moi, j'y vais !

— Liam ! s'inquiète Magda.

— Tu viendras pas, Magda, on en a parlé ! refuse-t-il.

— Je sais, s'agace-t-elle. Peut-être qu'avec plus de sang on peut affiner la recherche, tente-t-elle.

— C'est tout pour ce soir, refuse Liam, épuisé par sa nuit blanche.

— Ok, accepte-t-elle. Alors vous partirez dans deux ou trois jours, tu dois te reposer et faut préparer la mission, faut qu'on pense à toutes les éventualités, insiste-t-elle.

— T'as raison, concède-t-il.