Nao - T2 Aube Céleste 🔞 (terminé)

Chapitre 19-2

— Tu vas où ? demande Ash.

— Sur un possible cas de fantôme tueur, explique-t-elle. J'en saurai plus quand j'y serai, Liam doit m'envoyer les infos.

— T'y vas seule ? s'étonne-t-il.

— J'suis plus efficace comme ça. Et toi, tu vas bosser ici maintenant ?

— Ouais, au fait, comment t'as su que je s'rais là ? s'étonne-t-il.

— Je suis journaliste, t'as déjà oublié ?

— Sois sérieuse, insiste-t-il.

— Comme j'sais que Crow a pris ton poste, j'ai supposé qu't'allais prendre le sien, explique-t-elle.

— Sérieux ? s'étonne-t-il.

— Ma culpabilité m'a aussi obligée à surveiller ton QG et vos établissements, j't'ai vu ici hier soir, avoue-t-elle.

— T'es cinglée, soupire-t-il. Ou t'as un gros crush pour moi, s'amuse-t-il.

— Rêve pas, s'indigne-t-elle. Et si c'était l'cas, j't'aurais eu sans grande difficulté, précise-t-elle.

— Toi, rêve pas, grogne-t-il, pensif. J'peux t'demander un truc ? soupire-t-il pour faire dévier leur discussion.

— Tente toujours, réplique-t-elle avant de finir sa bière.

— Quand on s'est pris la tête à la cabane de chasse, t'as dit que t'avais sauvé plus de vies que j'le ferais jamais, explique-t-il.

— Et alors ?

— Tu sembles faire preuve d'une telle abnégation pour sauver des inconnus, pourquoi ? demande-t-il.

— J'ai grandi dans le monde du surnaturel, explique-t-elle. Mon père tout comme les autres chasseurs ont tous été contraints de franchir la ligne qui sépare ton monde du mien, parce qu'ils ont perdu des êtres chers. Cette perte mêlée à la volonté de comprendre l'irrationnel et donner un nom à la cause de cette souffrance ou regarder en face le mal qui nous a privés des personnes qu'on aime, c'est ce qui fait qu'on devient Chasseur. Nous sommes tous prêts à mourir pour aider des inconnus, parce que nous n'avons plus rien à perdre, quand on franchit la ligne, y'a pas de retour en arrière possible, on n'a plus aucun avenir dans ton monde rationnel, mais on doit composer avec, malgré tout.

— T'as déjà vu des anges ? lui demande-t-il soucieux, sautant du coq à l'âne.

— Nan, les emplumés ne s'mêlent pas au monde terrestre, sourit-elle.

— Alors le combat est inégal, suppose-t-il.

— Chaque mission est déjà biaisée, et pas en notre faveur, concède-t-elle.

— Tu m'laisserais t'aider ? lui demande-t-il en soutenant son regard bleu clair.

— Nan, souffle-t-elle, sérieuse.

— Alors j'vais tenter l'expérience tout seul en tuant Shinji, clame-t-il.

— Prouve-moi que t'es malin et laisse l'Originel tranquille, insiste-t-elle, l'air inquiet.

— J'suis bon tireur, affirme-t-il, irrité qu'elle soit si difficile à cerner.

— Le journal de John ne t'a rien appris, abruti, feule-t-elle. Une simple balle ne le tuera pas, même en pleine tête, il ne mourra pas. En revanche, tu vas mortellement endommager son pyjama de chair et l'âme qui est piégée dedans.

— J'ai déjà tué neuf mecs, alors un de plus à ajouter à ma liste, pour régler le compte de cette créature, ça m'va, lui avoue-t-il.

— Tu crois que ça va te racheter envers le Tout-puissant et sauver ton âme ?

— Nan, réplique-t-il. Même si j'me suis mis à douter à cause de mon cas d'possession, j'ai remis bon ordre et j'sais qu'je regrette aucun d'mes choix, j'ai tout fait pour améliorer ma vie et veiller sur ma famille. Mes principes et mes actes me conduisent tout droit en enfer, c'est la règle du jeu et j'l'accepte.

— T'en prends pas à lui, insiste-t-elle consciente qu'il est déterminé. Pour le moment, on n'est pas assez nombreux pour l'exorcisme, mais on l'fera, alors reste en dehors de ça.

— Prête-moi ta dague, lance-t-il.

— Sois pas si obstiné, soupire-t-elle. J't'ai vu combattre contre Liam, alors j't'assure que t'as aucune chance d'approcher Shinji. Tout c'que tu vas faire c'est l'énerver, il va t'estropier pour t'empêcher de fuir, ensuite il te forcera à regarder quand il massacrera tous tes potes, femmes et enfants y compris. Si t'as d'la chance, il te tuera en dernier, mais il pourrait te laisser vivre encore un peu et lancer des chiens de l'enfer à tes trousses.

Elle se penche vers lui, l'expression fermée :

— Aucun chasseur n'a réussi à tuer l'une de ces bêtes, parce qu'il n'y a qu'une proie qui puisse les voir. Tu mourras déchiqueté par leurs griffes et leurs crocs emporteront ton âme en enfer.

L'inquiétude qu'il peut lire sur son visage lui fait froid dans l'dos.

— T'as entendu quand j'ai dit qu'j'ai buté neuf mecs, insiste-t-il. J'irai en enfer, ça, ça changera pas !

— T'en prendre à l'Originel ne t'aidera pas à te racheter, soupire-t-elle.

— J'veux pas m'racheter, j'veux t'aider, au moins pour un temps, tente-t-il.

— Pourquoi ? refuse-t-elle.

— T'es blessée aux côtes, t'auras forcément besoin d'aide, suppose-t-il.

— Vu c'que tes frères t'ont déjà fait à cause de moi, imagine ce qu'ils te feront si tu m'suis, même temporairement, objecte-t-elle pour le dissuader.

— J'vais m'lancer, avec ou sans toi, clame-t-il.

— Pourquoi ? s'agace-t-elle.

— Parce que l'autre soir, j'ai pas été à la hauteur et ça m'saoules de m'sentir inférieur à toi, se surprend-il à avouer.

— Il n'y a pas d'infériorité qui tienne, clame-t-elle. Et n'oublie que t'as une famille qui compte sur toi, tout comme, les deux nanas qui rêvent sûrement de porter tes enfants, objecte-t-elle.

— J'ai perdu mon poste et mes privilèges à cause de toi, parce que tu t'es pointée chez moi et qu'j'ai eu la bêtise de vouloir être réglo, parce que tu m'as débarrassé d'ce démon, lui reproche-t-il conscient qu'il joue avec sa culpabilité.

— Ash, se désole-t-elle.

— Maintenant, les miens pensent que j'suis fou, la coupe-t-il de colère. J'ai besoin de prendre du recul, parce qu'en réalité y'a pas deux mondes, on n'vit que dans un seul, qu'j'pensais connaître, mais c'est faux. Apprends-moi c'que j'dois savoir et j'en ferai de même pour toi. Tu verras qu'toi aussi t'as un avenir au-delà la ligne imaginaire, que tes chasseurs ont placée devant toi, pour te garder dans l'rang des bons p'tits soldats.

Blême et hésitante, elle soutient ses yeux emplis de colère :

— Finalement, tu m'en veux vraiment, soupire-t-elle, déçue.

— T'es tellement... grogne-il en mimant qu'il aimerait serrer les doigts autour de son cou.

Court silence.

— C'est d'accord, mais tu vas regretter cette décision-là ! le prévient-elle.

— T'es d'accord ? s'étonne-t-il.

Le téléphone de Magda bipe, annonçant un message qu'elle lit :

— J'dois aller récupérer ma voiture et prendre mes affaires au motel, explique-t-elle. Si t'es toujours partant, j'passerai devant chez toi à 19 heures tapantes. Si t'es pas là, je pars sans un regard en arrière.

— Ça joue, accepte-t-il.

Elle se lève, enfile son manteau et laisse un billet sur le comptoir :

— Préviens Snake, Ash, ça t'évitera sans doute le pire quand tu rentreras chez toi !