Nao - T2 Aube Céleste 🔞 (terminé)

Chapitre 8

Du côté de Magda, 25 décembre, 15 h 15,

Sans nouvelle des autres depuis le départ du Devil Dog, Magda, au naturel, a passé la semaine a rongé son frein, hésitant encore et encore à appeler Liam et trouvant tout un tas de bonnes raisons de ne pas tenir sa promesse. Elle a aussi culpabilisé pour Judith et Gilles en imaginant à quel point ils doivent lui en vouloir de ne donner aucun signe de vie, à moins qu'ils pensent qu'elle est un danger trop lourd à gérer pour eux. Tous les jours, elle a eu le téléphone portable en main, ouvrant et refermant le clapet, indécise et craintive.

La seule fois où elle s'est servie du portable que Ash lui a prêté, c'est quand elle s'est aperçue qu'il lui manquait un objet important. « Mais quel fils de pute ! » avait-elle grogné avant de lui envoyer un message :

« Voleur, rends-moi le journal de John ! »

Ce à quoi il a répondu « j'te l'enverrai par la poste »

Elle a répliqué : « J'vais m'pointer et t'faire la misère !!!!!! »

Ash : « le temps qu'tu t'pointes, j'aurai tout cramé 😊 »

Magda : « t'as pas intérêt ☹ »

Ash : « c'est un prêté pour un rendu, maintenant calme-toi j'ai d'la lecture en retard »

Magda : « mytho, tu regardes juste les images »

Ash : « demande-moi gentiment, et j'te l'rendrai en un seul morceau »

Après quoi, Magda a cessé tout échange.

Agacée par son isolement, son inactivité est interrompue par le bruit du moteur qui vient de s'arrêter, elle délaisse son écran de télé et enfile sa casquette pour ouvrir à l'importun/voleur à la grosse bagnole (et petite bite), qui tambourine à la porte.

— Qu'est-ce que tu fais là ? lui demande-t-elle, hésitant à le laisser entrer.

— J'te ramène ton bouquin et d'la bouffe, soupire Ash. À moins que tu te sois mise à ronger des troncs comme un castor, tu dois avoir épuisé c'qu'on a acheté y'a huit jours.

Magda le dévisage et accepte de le laisser franchir le seuil.

— Le journal ! clame-t-elle en fermant la porte.

Ash lui sourit et dépose les sacs de course sur la table, puis il sort le journal qu'il a mis avec les vivres.

— Merci, feule-t-elle en vérifiant qu'il n'est pas abîmé.

Satisfaite, elle se met à ranger les provisions.

— Comment va ton bras ? lui demande-t-il.

— Ça guérit lentement, marmonne-t-elle, déçue.

— Le Doc m'a demandé s'il devait faire une visite de contrôle, ajoute-t-il.

— Nan, c'est bon, merci.

Quand elle va s'asseoir dans le canapé, Ash la rejoint avec deux bières et lui lance un petit paquet emballé, elle le réceptionne l'air perplexe.

— Si c'est un objet qui vibre, j'espère que t'as pensé aux piles, déclare-t-elle en secouant la boîte.

— Ouvre et tais-toi, grogne Ash, installé dans l'unique fauteuil.

— Une tête de delco, sourit-elle en découvrant son cadeau providentiel.

— Avec ça, ton pick-up devrait démarrer, explique-t-il.

— Je reste persuadée que ce sont les bougies qui merdent, réplique-t-elle.

— Faux, clame-t-il.

Elle soutient son regard vert :

— Pourquoi tu fais ça ? s'étonne-t-elle.

— Pour avoir la satisfaction de t'prouver que t'as tort, sourit-il.

— Ah, prétentieux, s'esclaffe-t-elle en s'ouvrant la bière qu'il lui a posée sur la table basse.

— Prépare-toi à accepter la défaite, ajoute-t-il. J'finis ma bière après quoi, tu me devras de plates excuses et tu devras reconnaître mon génie !

— Ouais, ben, c'est noël, donc j'imagine que j'peux t'offrir ce petit plaisir, soupire-t-elle.

— Ça t'fait mal au cul, hein ? s'amuse-t-il.

— Tu t'accordes trop d'importance, objecte-t-elle l'air faussement offensé.

Quarante minutes plus tard, le pick-up démarre au quart de tour :

— Allez, j'attends ! clame Ash, amusé et fier d'avoir eu raison.

— Je déclare officiellement mais sans témoin que t'avais raison, soupire-t-elle.

— Et ? insiste-t-il.

— Et je reconnais ouvertement ton génie en mécanique, ajoute-t-elle, les sourcils froncés de dépit.

Du côté de Liam, chez Shioban, 18 h 10,

Trois jours plus tôt, Gilles et Malcolm ont réussi à convaincre Liam de quitter le bunker pour rejoindre Shioban. Bien qu'elle prétendît comprendre son obstination à sauver Magda, elle a eu l'air soulagé qu'il soit là pour passer le réveillon de noël avec elle.

— Tu vas bien, Liam ? lui demande-t-elle en lui caressant les cheveux qu'il s'est rasés comme Reed le faisait.

— J'suis désolé, j'suis en dessous de tout, s'excuse-t-il en la prenant par la taille.

— T'as déjà perdu ton meilleur ami, se désole-t-elle. Je conçois parfaitement que la disparition de Magda te soit pénible et l'idée de la laisser mourir est inenvisageable.

— J'te mérite pas, soupire-t-il.

— Tu veux toujours m'épouser ? s'inquiète-t-elle.

— Plus que jamais, avoue-t-il. Je t'aime, Shioban et je veux que tu fasses partie de ma vie.

Elle lui sourit et sort des billets d'avion :

— Alors, on file à Las Vegas et demain à la même heure on sera mariés, propose-t-elle.

J't'aime comme un fou, Shioban ! accepte-t-il avant de l'embrasser.