Nao - T2 Aube Céleste 🔞 (terminé)

Chapitre 46-2

Du côté de Magda, 3 heures du matin,

Magda est plongée dans une obscurité devenue familière, car même si elle ne voit rien, elle entend les cris, les pleurs, les gémissements et les rires inquiétants qui résonnent tout autour d'elle.

Quand les flashs rouge sang se mettent à clignoter d'une façon aléatoire, elle sait qu'elle peut avancer dans ce couloir d'hôpital, aux portes closes. Elle en connaît l'issue, car elle a déjà fait ce cauchemar, d'ailleurs elle porte toujours cette ridicule blouse médicale, alors que ses cheveux blonds mi-longs sont crasseux et agglutinés en paquets de nœuds. Mais cette fois, sa progression est encore plus lente car ses muscles lui semblent raides et engourdis.

Elle sait qu'elle est à mi-parcours quand les murs se mettent à saigner, puis viennent les cris stridents qui lui vrillent les tympans. Très vite, le sol devient glissant quand ses pieds nus s'enfoncent dans cette mare de sang.

Enfin, elle aperçoit la blancheur éclatante de la lumière provenant de l'unique chambre ouverte.

Le souffle de la Mort fait danser sa blouse et ses cheveux quand sa silhouette dissimulée sous une grande et large cape noire, la dépasse. D'un pas pressé et faux en main, la Mort veut rejoindre avant elle la femme qu'elle entend hurler.

Magda veut la voir, la rassurer et lui crier qu'elle va la rejoindre, mais la lumière vive a perdu de son intensité. La femme aux longs cheveux blonds et aux traits déformés par la souffrance, qu'elle n'arrive jamais à reconnaître du premier coup d'œil, n'est pas Shioban. Cette fois, c'est elle-même qu'elle observe de loin, c'est autour d'elle que les lignes noires dansent pour se réjouir de sa douleur.

Cette autre Magda la regarde, la reconnaît et lui tend une main implorante, alors que sous sa blouse de maternité, son gros ventre bouge violemment.

Et la Mort avance. Et les Ombres dansent.

Magda en éprouve un terrible sentiment d'impuissance, parce que son corps refuse de lui obéir, refuse de marcher plus vite, et encore moins de courir.

Cet autre Elle a le cœur serré et le visage ruisselant de larmes, aussi impuissante qu'elle face à la Mort qui vient pour elle et son bébé.

Dans le couloir, Magda hurle, pleure et supplie la Mort de s'arrêter, mais la silhouette franchit le seuil et la porte se ferme d'elle-même...

Magda se réveille dans un sursaut, le cœur battant, alors que les larmes ont inondé son visage et la manche de son t-shirt. Désorientée, l'obscurité lui fait peur, mais la paisible respiration de Ash et son souffle sur sa nuque lui permettent de prendre pleinement conscience de l'endroit où elle est. Elle soupire de soulagement tout en ressentant les battements de son cœur qui ralentissent pour reprendre un rythme plus régulier.

Encore terrifiée par son cauchemar, Magda essuie ses larmes puis saisit la main de Ash pour se blottir dans l'étreinte de son bras, espérant que le sommeil ne la recueille pas de sitôt.

8 h 26,

Un soleil radieux semble étiré ses rayons chaleureux, car même si les épais rideaux de la chambre les filtrent, ils tirent Magda de son demi-sommeil.

Fatiguée d'avoir lutté contre elle-même, elle se glisse hors du lit et veille à ne pas réveiller Ash qui roule sur le ventre et broie l'oreiller de ses bras, dormant du sommeil du Juste.

Elle s'enferme à la salle de bains et file sous la douche, espérant que l'eau bienfaisante l'aide à mettre de l'ordre dans ses idées et que la bonde avalera et emportera au loin son cauchemar pour toujours.

Vingt minutes plus tard, Ash entre nu à la salle de bains tandis qu'elle se brosse les dents, en culotte et soutien-gorge, et qu'elle porte ses longs cheveux bruns en queue-de-cheval.

— Salut, souffle-t-il en l'embrassant sur la tempe. Bien dormi ?

— Hum, pas trop, marmonne-t-elle la brosse à dents dans la bouche.

— Merde, se désole-t-il.

— On s'magne et on s'fait un gros p'tit déj, lui propose-t-il en allumant le jet.

— Ok, accepte-t-elle.

Quinze minutes plus tard, Ash est prêt à sortir et attend Magda qui a mixé l'identité de Prudence O'Connor avec les fringues grunges de Camille (slim déchiré surmonté d'un large débardeur sur une brassière), alors elle hésite entre bottines et sandales ouvertes.

— J'ai la dalle, Magda ! soupire-t-il.

— Oui, j'arrive, souffle-t-elle en optant pour ses bottines noires.

Elle enfile une large chemise qu'elle garde ouverte et va prendre son sac :

— Ça y est, j'suis prête ! clame-t-elle en le rejoignant vers la porte, hésitant à le regarder dans les yeux.

— Ok, mais deux secondes, tu veux ! lance-t-il en posant la main sur la porte pour ne pas qu'elle l'ouvre.

Magda soupire son agacement :

— Quoi ? marmonne-t-elle.

Ash lui pose les mains sur le cou et de ses pouces il la fait gentiment lever le visage vers lui pour l'embrasser tendrement.

— Pour clarifier les choses, sourit-il en se redressant pour la dévisager. Ce qui s'est passé cette nuit, c'était pas un moment d'égarement, Magda. Ça s'est passé, parce que tu me plais, beaucoup... Vraiment beaucoup, sourit-il.

— Ash, grimace-t-elle en reculant pour qu'il la lâche.

— J'sais ce que tu vas dire, déclare-t-il en lui glissant une mèche de cheveux derrière l'oreille. J'comprends tes arguments, ils se tiennent, précise-t-il.

— On fonctionne bien ensemble, alors pourquoi prendre le risque de tout gâcher ? s'inquiète-t-elle.

— On n'a rien gâché, objecte-t-il gentiment.

— Ça va créer des problèmes, objecte-t-elle.

Il la tient par les épaules :

— J'vais rien forcer, Magda, on va y aller tranquille, mais nous deux ça tient la route, explique-t-il.

— Ash...

— Voilà c'que j'te propose, la coupe-t-il. Toi comme moi, on n'est pas trop branchés démonstration publique, alors on va être discrets... Dehors, face aux inconnus et même avec les chasseurs, on sera comme d'hab, mais quand on sera que tous les deux, j'vais avoir grave envie de t'embrasser et on aura d'autres nuits comme hier soir, sourit-il.

— T'as dit que tu n'forcerais rien entre nous, réplique-t-elle les sourcils froncés.

Ash la serre contre lui, une main sur la taille et l'autre sur sa nuque :

— J'ai envie de t'embrasser, Magda, souffle-t-il. Je peux ? ajoute-t-il en lui effleurant les lèvres des siennes.

Magda lui saisit le t-shirt des mains et le tire vers elle pour l'embrasser, leurs langues se cherchent, se poussent et se caressent, puis Ash met fin à leur baiser.

— On y va, sourit-il.

— Oui, j'crève la dalle ! approuve-t-elle quand il la lâche pour lui ouvrir la porte.