— Levi, c'est pas drôle. T'es vraiment entré par la fenêtre ? Demande Kamilia en espérant que la réponse soit non.
— Pourquoi est-ce que je mentirais ? Putain Kam, c'était qui ? S'inquiète Levi.
— Arrêtes de paniquer ! Tu crois que si je le savais je serais partie me cacher en voyant la porte s'ouvrir ? S'énerve la jeune femme à son tour.
— Calmes toi, c'est bon, je suis là.
— C'est ça, t'es là ce soir mais les visites sont interdites je te rappelles et même si elles étaient autorisées, elles se terminent à dix-huit heures.
Levi prend délicatement le menton de sa bien-aimée, tournant la tête de celle-ci dans sa direction.
— Regardes moi. Je suis là, non ? Questionne-t-il d'un ton apaisant.
La jeune femme hoche doucement la tête en guise de réponse.
— Alors je pourrais être là tous les soirs si c'est pour m'assurer que tu sois en sécurité, d'accord ?
Kamilia réfléchit à peine une seconde et, ayant entendu la phrase dernière sous forme d'une question, elle décide d'y répondre.
— Non.
C'est un mot petit, mais lourd de conséquences que vient d'entendre Levi.
— Comment ça, "non" ? Répète-t-il alors, bêtement.
— Je ne veux pas dépendre de toi. Je veux me défendre seule, ça fait partie du processus.
— Du.. Processus ?
À ce moment précis, Kamilia se rend compte qu'elle a, sans le vouloir, lâché une bombe. Elle ne voulait parler de sa thérapie à Levi sous aucun prétexte mais malheureusement, encore sous médicaments et fatiguée, elle s'est trahie. Elle décide donc de sauter le pas.
— Je suis une thérapie.
Le monde de Levi semble s'écrouler comme s'il venait de se faire poignarder. Son visage change, son regard devient plus sombre.
— Et tu ne m'en as pas parlé parce que ? Demande-t-il froidement.
— Parce que c'est ma putain d'histoire et que ça ne regarde que moi.
— C'est elle qui a décidé que tu ne devais voir personne ?
De là, une discussion de sourds commence. D'un côté, Kamilia essaie de se justifier et de cacher ce qu'elle a fait même si elle n'a pas à le faire, et de l'autre, Levi se sent délaissé et s'énerve alors que cette dispute n'a pas lieue d'être.
— Si elle décide que je ne dois voir personne, c'est qu'elle a ses raisons, dit-elle pour calmer le jeu.
— Ou plutôt te couper du monde, de ton entourage, pour te faire devenir folle et te faire payer encore plus de séances ?
— Putain pourquoi tu vois le mal partout ? Tu devrais être content que je sois en mesure de me remettre en question et de me faire aider !
— Kamilia, cette personne à qui tu te confies, qu'est ce que tu lui as dit ?
Le ton glacial sur lequel Levi a posé cette question fait froid dans le dos à Kamilia et par réflexe, elle se lève de son lit.
— Kamilia, insiste Levi.
— Ce dont on parle en thérapie ne sort pas du cadre de la thérapie, rétorque sa petite amie.
— Qu'est ce que tu lui as dit ?
— Qu'est ce que tu veux que je lui dises ? Hein ?! Ce que je suis incapable de dire à qui que ce soit sans passer pour une folle !
— Kamilia, redit le bel homme sans prêter attention à ce qu'elle lui explique.
— Levi ! Hurle-t-elle.
En entendant son nom sortir de la bouche énervée de sa petite amie, Levi sort de ses pensées et réalise qu'il est probablement allé trop loin.
— Kam, je veux juste que tu comprennes que ce qu'il s'est passé avec Aaron, personne ne doit y être mêlé. C'est pour ça que j'ai eu peur. Quelqu'un pourrait vouloir te faire du mal si tu en parles et que tu impliques la justice.
— Va-t'en, lâche froidement Kamilia, les larmes aux yeux.
Auparavant froid et fermé, le visage de Levi devient désormais déboussolé et confus.
— Kam, je suis déso-
— Va-t'en putain !
Au moment où elle pousse ce dernier cri, la porte de la chambre s'ouvre soudainement.
— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? S'affole un infirmier en découvrant la scène. Hé ! Ho ! Vous là ! Qu'est ce que vous faites ici en pleine nuit ?
Prise de panique mais à la fois soulagée, Kamilia essuie les larmes qui s'apprêtaient à couler et prend les devants.
— Je suis désolée, j'avais besoin de mon chargeur et je lui ai demandé de passer par la fenêtre. C'était stupide, je suis vraiment navrée.
— Mademoiselle Flynn enfin, vous savez que cette action aura des conséquences, répond l'homme d'un air moralisateur et désolé.
— Hmm hmm. Je sais. Mais il allait partir de toute façon, dit-elle en regardant dans la direction de Levi. J'ai crié parce que je croyais avoir vu une araignée.
— Bon allez, je vous raccompagne jeune homme. Allons-y, ordonne-t-il à Levi.
Ce dernier le suit sans même avoir son mot à dire, sachant très bien qu'il n'a pas le choix. Le bruit de la porte se fermant déclenche en Kamilia la pire des sensations. De toute leur relation, c'est bien la première fois qu'ils se quittent dans d'aussi mauvaises conditions. Alors elle pleure. Elle pleure à tel point qu'on pourrait se demander d'où peut bien sortir toute cette eau. La douleur et la peur en elle font rage et à force de pleurer, elle finit par s'effondrer de fatigue.
Le soleil se lève mais ce n'est pas ce qui va réveiller la jeune femme. Heureusement pour elle, c'est un autre type de rayon de soleil qui fait briller son univers de bon matin.
— Jean ? Dit-elle en ouvrant peu à peu les yeux.
— Ah ! T'es réveillée ! S'exclame-t-il, heureux de voir son amie comme toujours. Girl, ne me dis pas que t'as encore pleuré, regardes comme tes yeux sont enflés ! Je vais finir par amener un matelas et dormir avec toi si ça continue.
— Pfff.. Si tu savais comme j'en meurt d'envie mais je me suis déjà fait prendre la nuit dernière alors je suis sous surveillance, se plaint Kamilia.
— Comment ça ? S'étonne son ami.
La jeune femme lui explique en résumé ce qu'il s'est passé mais en omettant les détails négatifs, elle suscite la curiosité de son meilleur ami.
— D'accord mais, si t'es si contente de l'avoir vu, pourquoi tu pleures ? Questionne le beau brun.
— Je ne pleure pas.
— T'es une gamine, il répond d'un air blasé. Ne joues pas sur les mots. Je reformule : pourquoi tu as pleuré ?
Kamilia hausse seulement les épaules en guise de réponse, sachant très bien que si elle se met à parler, elle allait de nouveau s'effondrer. Malheureusement pour elle, Jean ne compte pas en rester là et insiste de plus en plus.
— Si je te le dis, tu feras comme si de rien était, je t'en supplie..
— Kamilia.. Ce qui se dit entre toi et moi n'existe pas dans l'univers. C'est juste entre toi et moi, dans notre propre univers, dit-il pour rassurer la demoiselle.
Cette dernière finit par lâcher prise et explique encore une fois le déroulement de la soirée mais cette fois, en omettant simplement le fait que quelqu'un a probablement tenté de lui faire du mal.
— Je vois, marmonne Jean. Sincèrement, c'est suspect. Il devrait être content pour toi, pourquoi s'énerver comme ça ?
— Je ne sais pas. Si tu avais vu son regard... Froid... Distant... Je ne l'avais jamais vu comme ça.
Les conversations défilent en même temps que cette journée calme. La présence de Jean fait du bien à Kamilia. Quand elle le voit, elle se demande réellement qu'est ce qu'elle ferait sans lui.
— Bon, il est déjà dix-huit heures quinze, je m'en vais avant qu'on ne me chasse, ricane le jeune homme.
— D'accord mais avant, dans mes bras, lui ordonne son amie.
La force mise dans leurs embrassades d'au revoir fait chaud au cœur. Ils ressentent un amour inconditionnel l'un pour l'autre, d'une telle façon qu'ils ont une confiance totale en leur amitié.
Jean quitte la pièce, laissant place à un infirmier non méconnu de Kamilia. Il croise le regard de ce dernier un bref instant en quittant la pièce et même si un doute s'installe, il préfère partir pour ne pas éveiller de soupçon inutile.
— J'en ai marre de voir ta tronche Aaron, se plaint Kamilia.
— Alors ?
— Tu te fous de ma gueule ? Ça fait à peine cinq jours.
— Tu perds du temps, dit Aaron et l'impatience se fait entendre dans sa voix.
Étant fatiguée de toujours se sentir menacée, un petit sourire étrange apparaît sur le visage de Kamilia. Elle s'apprête à faire un énorme coup de bluff.
— Tu sais quoi, vas-y. Appelles Levi et dis-lui ce que tu as à dire.
En finissant sa phrase, Kamilia tend au jeune homme son portable. Prit au dépourvu, le brun ne sait pas comment réagir. La réaction calme et sereine de la demoiselle en face de lui le laisse perplexe mais ce qu'il ne sait pas, c'est que dans la tête de cette dernière, c'est le chaos.
— Tu ne le prends pas ? Continue-t-elle d'un ton neutre. Attends, tu veux que je compose le numéro peut-être ?
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les dix numéros commencent à être tapés et avant qu'elle n'aie le temps d'appuyer sur le bouton "appeler", elle se fait arracher le portable des mains.
— Ben quoi ? Demande la jeune femme d'un ton arrogant. Tu voulais l'appeler, non ?
— C'est quoi ton problème ? S'inquiète Aaron. Comment tu peux rester aussi neutre ?
— Et bien tu vois, je n'ai pas le choix. Je sors avec un mec qui peut me ramener des problèmes dont je n'ose même pas imaginer l'étendue, des problèmes qu'on ne voit que dans les films, qu'on entend que dans les livres, et toi, tu me prends encore plus la tête alors que t'es en sécurité avec un boulot. Tu vois, je peux peut-être paraître neutre mais dans ma tête, je n'ai qu'une envie...
Un silence règne durant environ trente secondes. En face de Kamilia, le jeune homme est sous le choc. Il décide donc de lâcher prise et de comprendre le point de vue de cette dernière.
— Si tu en avais la possibilité, tu retournerais en arrière pour oublier Levi ? »
La question n'est pas évidente, ce qui amène à la jeune femme à bien réfléchir avant d'y répondre.
— Honnêtement, je ne sais pas. Je l'aime. Éperdument. Il est tellement beau, délicat et attentionné avec moi.. Mais cette partie de l'iceberg, est-ce que je pourrais vivre avec ? Et toi ? Mikaela aussi fait partie de tout ça ?
— Elle me disait que non mais au fond, je sais qu'elle disait ça pour me protéger. Si seulement elle savait que j'étais déjà dedans bien avant de l'avoir rencontré.
L'espace de quelques minutes, tous deux se confient l'un à l'autre. Ce moment, aussi étrange que cela puisse paraître, leur fait énormément de bien à tous les deux. Il permet surtout à chacun d'arrêter de ne penser qu'à soi-même et de comprendre ce qu'ils ressentent réellement : la peur. Ils sont tous les deux effrayés.
— Je sais que tu souffres, mais je dois faire les choses bien. Je peux lui parler, je peux le raisonner, mais je dois d'abord me positionner dans toute cette histoire, explique-t-elle calmement.
— Tiens, répond-il en tendant un bout de papier à la demoiselle. Lorsque je franchirais cette porte, tu ne me verras plus. Envoies juste un message sur ce numéro lorsque ce sera bon de ton côté.
Kamilia acquiesce d'un signe de la tête en prenant le papier.
— Prends soin de toi, Kamilia.
— Prends soin de toi aussi, Aaron.
La porte se referme après avoir été franchie pour la dernière fois par ce bel homme brun aux yeux vert. Après cette discussion, Kamilia passe le reste de son séjour coupée du monde, jusqu'au jour de sa sortie quelques jours plus tard. Elle est guérie, enfin. En sortant de l'hôpital, elle peut enfin respirer l'air frais qu'elle n'a pas respiré depuis plus de deux semaines. Sa joie n'est que plus grande lorsqu'elle aperçoit au loin son rayon de soleil, adossé à une petite voiture d'occasion.
Immédiatement, elle saute dans les bras de son meilleur ami qu'elle n'a pas vu depuis plusieurs jours.
— Oh ma belle.. Tu vas bien ? Je voulais venir te voir mais apparemment tu étais privée de visite.
— Oui, à cause de la visite surprise de Levi. La décision n'a été prise qu'après ton départ la dernière fois. Mais attends.. Elle est à toi cette voiture ? S'étonne la jeunette.
— Hé hé ! Et oui ! J'espérais avoir le temps de te faire la surprise et j'ai pu le faire ! J'ai eu mon permis !
La joie et la fierté montent dans le cœur de chacun d'eux alors qu'ils montent dans la petite voiture achetée par les parents de Jean. Ce dernier commence à prendre la route pour enfin ramener son amie chez eux.
— Bon, c'est pas une Chevrolet Camaro mais ça dépanne, dit Jean d'un air gêné.
— Jean, tu viens d'avoir ton permis. La meilleure chose à faire et de prendre une petite voiture d'occasion. En plus elle est belle, tu sais très bien que j'aime ce genre de modèle !
Le trajet passe et les récapitulatifs sont au rendez-vous. En temps normal, ils ne manquent pas de conversation. Jamais. Mais là, sans s'être vus durant près d'une semaine, c'est bien pire. L'émotion des retrouvailles est telle que Kamilia prend du temps à remarquer le changement de trajet.
— Mais.. On va où ? S'étonne la jeunette.
— À la maison, répond mystérieusement Jean. Tu me fais confiance ?
— Toujours.
Encore quelques minutes passent et, dans un petit quartier calme, entouré de verdure tel un village, Jean ouvre un portail et gare son véhicule dans la petite courette d'une maisonnette. Avec sa télécommande, il referme le portail et fait descendre sa passagère.
— Bienvenue chez nous.
Lorsque Kamilia descend de la voiture, elle est époustouflée par la beauté de la petite maison. Elle n'est pas grande, non. Elle n'a que deux chambres, une salle de bain, une cuisine donnant sur une salle à manger et un salon loin d'être énorme. Elle possède aussi un petit bureau et une petite cour où est plantée de l'herbe et un carré bétonné pour pouvoir y garer un véhicule.
— Je te fais visiter ? suggère le jeune homme.
Kamilia acquiesce d'un signe de la tête et suit son ami.
— Oh mon dieu.. C'est ma chambre ? Demande-t-elle en arrivant devant une chambre magnifiquement décorée.
— Elle te plaît ?
— T'es le meilleur, Jean.
— Et encore t'as pas tout vu ! Il y a une petite véranda avec deux hamacs accrochés aux poteaux, viens !
La demoiselle le suit, s'installant chacun sur un hamac. L'espace de quelques minutes, elle se sent bien. Tellement qu'elle en oublie tout ce qui s'est passé ces derniers jours.
— Demain j'ai rendez-vous avec ma psy, faut que je lui envoie l'adresse. Dis-moi, t'as pas encore donné l'adresse à Levi et Amy ? Questionne Kamilia en craignant la réponse.
— Non, pas encore. À vrai dire je n'ai eu de nouvelles ni de l'un ni de l'autre depuis ton interdiction de visite.
Soulagée, la jeune femme lâche un long souffle et se sent rassurée. La dernière chose qu'elle puisse vouloir, à ce moment précis, c'est que qui que ce soit ne sache où ils habitent maintenant pour pouvoir avoir un peu d'intimité et de tranquillité.
— Très bien, alors on ne leur dit pas. Pas pour le moment, ordonne Kamilia froidement.
— Pourquoi ? Demande Jean, confus.
Kamilia tourne sa tête vers le ciel, son corps se balançant avec le hamac dans le vent et réfléchit à une réponse qui puisse éviter que son ami ne s'affole. Elle ne doit rien lui dire. Pas pour le moment...
— Parce que depuis la dispute, je me suis dit que j'allais réfléchir, et s'il sait où on habite, il viendra me voir sans me laisser le temps de le faire.
... Alors elle ment. Et si seulement à ce moment elle avait su que ce mensonge ne pourra en aucun cas aider à traverser la tempête qu'elle s'apprête à traverser. Si seulement elle savait qu'en ce moment même, une voiture était déjà au coin de la rue en train d'écouter leur conversation.--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Coucou mes petits lecteurs adorés ❤️
Fiouuu.. C'était officiellement le dernier chapitre "calme", je vais enfin pouvoir me défouler sur l'action, les pleurs, la douleur, la trahison... Et j'en passe 🤩
PS : je suis très contente que vous soyez toujours là 💜
Bonne lecture et à très bientôt j'espère 💞

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You&Me ( Tome 1 ) : That's who I am
FanfictionDans un univers parallèle, Kamilia Flyn est une jeune femme étudiante vivant une petite vie tranquille avec son groupe d'amis. Sa vie bascule soudainement lorsqu'elle rencontre un jeune homme qui va changer sa vie. Très vite, ils vont se rapprocher...