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╔═════ ∘◦ ⛧ミ ◦∘ ══════╗
𝐽'𝑎𝑖 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒́ 𝑢𝑛𝑒 𝑐𝑙𝑒́, 𝑒𝑡 𝑠𝑜𝑢𝑑𝑎𝑖𝑛,
𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑡𝑜𝑚𝑏𝑒́𝑒𝑠.
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Il se souvient avoir entendu quelque part, un jour, que les pratiques artistiques permettaient d'exorciser les souffrances, de les faire sortir du corps pour en alléger les effets.
Comme les écrivains couchent leurs émotions sur le papier pour les canaliser, les musiciens expriment leurs sentiments au travers de partitions, ou comme les peintres encrent leurs peines entre des couches de peintures.
Tous les jours depuis plus d'un mois, Izuku a suivi cette image, et plutôt que d'aller se perdre d'ennui dans les locaux de Yuei, il a préféré l'ambiance familière et réconfortante de son école de musique.
Sur le piano de sa salle favorite, il a confondu toute sa tristesse et ses regrets dans des mélodies qu'il maitrise maintenant sur le bout des doigts.

Les notes lui viennent désormais si naturellement, et même en fermant les yeux, ses mains jouent instinctivement. La musique enrobe sa poitrine de cette manière, et l'angoisse se disperse à travers la gamme.
Il déteste l'idée d'avoir détruit tout ce qu'il pensait pouvoir construire, d'avoir blessé Katsuki, de rester finalement incapable d'évoluer dans sa relation avec Mikumo, il déteste ce piège qu'il a bâti tout seul, et cette anxiété créée de toute pièce par ses propres démons.
Même revenir en arrière ne le sortirait pas de là, conscient qu'il ne ferait que répéter les mêmes erreurs, aussi longtemps qu'il continuera de ne pas trouver la force de libérer ses vérités.

Seulement, il ne peut pas emménager dans les locaux de l'école de musique, et en dehors des horaires d'ouverture, il ne peut plus se reposer sur les notes pour respirer.
Le silence se reconstruit autour de lui dès lors qu'il franchit la porte de l'académie Todoroki, sans que rien ne puisse le combler. Malgré une paire d'écouteurs dans ses oreilles, le volume maximal sur des chansons hurlantes ne lui permet pas de retrouver cette sensation de soulagement.
Alors Izuku a dû chercher d'autres moyens de chasser la douleur hors de sa poitrine.

Pour l'extérioriser, l'imprimer ailleurs que sur sa peau et en adoucir la violence, il consacre ses soirées et ses nuits d'insomnie à ses dessins, espérant que les lignes expiées sur le papier pourront s'atténuer dans son esprit.
Pendant deux semaines entières, treize nuits sans sommeil, il s'est fracturé le poignet sur le plus grand projet graphique de sa vie, et jusqu'à user ses crayons, ses yeux et sa concentration, il a tracé cet imposant croquis du visage de Katsuki, qu'il cache précieusement dans une grande pochette à dessins près de son bureau.
Il a tout donné sur cette production, et il a passé beaucoup de temps à perfectionner le regard de son ami pour représenter ses nuances, ses reflets, son intensité.

Les contours de sa mâchoire et de son front ont été repris de nombreuses fois pour effleurer la perfection, tout comme les traits de sa bouche, de son nez, la naissance de son cou.
Simplement sous la mine d'un crayon gris, il a retranscrit tout ce qui émane de Katsuki, son aura protectrice, son regard hypnotisant, son expression sécurisante, et ses cheveux dans lesquels il voudrait passer sa main.
Izuku aime ce dessin qu'il s'est acharné à réussir, mais en dépit de tous ses efforts, sa poitrine continuait de se serrer, de toute évidence, il n'était pas suffisant pour édulcorer les émotions, toujours aussi violentes et douloureuses.

Il a alors songé à ce qui lui manquait le plus, ce qui revenait inlassablement à son esprit quand il pensait à lui et aux instants volés qu'ils se sont partagés, avec l'espoir qu'il lui fallait simplement trouver la bonne formule pour étendre ses regrets ailleurs.
Dans sa tête comme dans son cœur, ce qui lui revenait à chaque fois était ses mains.
Ses mains qui l'ont touchés en l'embrassant, celle qu'il a pris dans la sienne sur le chemin des bois, celles qui l'ont surpris lors de leur première rencontre.
Les mains de Katsuki.
Et Izuku a rapidement réalisé qu'il ne savait pas les dessiner, les mains.

'✧。*̥˚ ─◌ 𝘋𝘰𝘶𝘣𝘭𝘦 𝘜 ✲。Où les histoires vivent. Découvrez maintenant