La nuit commence à tomber quand je pousse la porte de ma chambre, complètement exténuée par l'entraînement. Tous les muscles de mon corps, même ceux dont j'ignorai l'existence, me font souffrir. Je n'ai qu'une chose en tête, m'étaler sur mon lit et dormir jusqu'à la prochaine séance de torture qui arrivera bien trop tôt : demain, six heures. Je n'ai pas mangé en rentrant, et je ne me suis pas lavée non plus, je suis trop fatiguée pour ça. Je constate que les vêtements qu'Ash m'a prêtés sont toujours là, mais ils ont été lavés et pliés. Je remercie mentalement Rinessa et me débarrasse de mes vêtements sales avant d'enfiler les propres. Je me glisse dans les couvertures et m'endors dès que ma tête touche l'oreiller.
Je sursaute. J'ouvre les yeux avec difficultés, mes vêtements me collent à la peau. Le cauchemar, sans grande surprise. Je me redresse et pose mon dos contre la tête de lit pour reprendre mon souffle. Le grondement de mon ventre me surprend tant il est fort, j'ai privilégié le sommeil au repas et mon estomac me rappelle à l'ordre. J'enfile mes chaussures et me dirige vers la cuisine. Les marches de l'escalier en bois craquent sous mon poids et je jure dans un souffle, j'espère n'avoir réveillé personne. Je ne suis encore jamais entrée dans la cuisine des Miaran. J'ouvre quelques placards à la recherche d'un casse-croûte sans toucher au but. Je suis sur le point d'abandonner et de retourner me coucher l'estomac grondant quand mon regard est attiré par un torchon posé sur la table, je le soulève du bout des doigts et tombe sur l'objet de toutes mes envies, une assiette de poulet et de pommes de terre. Ma bouche salive instantanément, c'est froid, mais ça fera l'affaire. Je m'assieds et mange sans aucune manière, avec les doigts et la bouche ouverte, je n'en ai que faire, c'est tellement bon. Après avoir avalé ma dernière bouchée, je suis repue et décide de retourner dans ma chambre pour tenter de grappiller encore quelques heures de sommeil. Je fais bien attention cette fois à ne pas faire grincer les marches de l'escalier en remontant à l'étage. Je pose la main sur la poignée de la porte quand l'ouverture de celle d'à côté me surprend. Ash apparaît, torse-nu, une bougie à la main.
- Où étais-tu ? demande-t-il sèchement.
- En bas, dis-je sur le même ton.
- As-tu mangé ?
- Pourquoi ça t'intéresse ?
Ash ferme les yeux un instant.
- Alors ? insiste-t-il.
- Oui, j'ai mangé, capitulé-je.
- Bien. Bonne nuit.
Il disparait dans sa chambre et la porte se ferme sur ces mots. J'entre dans la mienne, toujours un peu ébahie par cet échange, et me glisse dans les draps. Pourquoi agit-il comme s'il se souciait de moi alors que je sais pertinemment que ce n'est pas le cas ? Ash est un homme complexe, je m'en aperçois encore mieux depuis que nous sommes forcés de cohabiter. Il est fermé quand le soleil brille, mais montre son côté tendre quand la lune le remplace, ou plutôt quand il est sûr que personne d'autre n'est présent. J'ai beau tenter de le comprendre, ça semble impossible. La fatigue finit par me rattraper et mes paupières commencent à se fermer. Ça me coûte de l'admettre, mais quand je m'endors, c'est en repensant aux muscles d'Ash éclairés à la bougie.
- Mad... Malia, êtes-vous réveillée ? demande Rinessa de l'autre côté de la porte.
Je me frotte les yeux, baille et étire mes muscles courbaturés à cause des efforts de la veille.
- Malia ?
- Oui, Rinessa, je suis réveillée.
- Très bien. Je vous ai fait couler un bain et vous trouverez dans votre armoire des vêtements que j'ai rangés hier pour que vous puissiez mettre une tenue propre. Monsieur et son fils ne sont pas encore levés, je me suis permis de vous réveiller plus tôt pour que vous ayez le temps de vous laver, poursuit-elle.
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Fire and Ashes
FantasyMalia, une orpheline recueillie par les Fées des Bois à la naissance, se réjouit de fêter son dix-huitième anniversaire pour apprendre à quel type de Fée elle appartient. Lors de sa cérémonie, elle apprend qu'elle est une Fée du Feu, une Phoenix, et...