Les deux amants sortirent du cinéma, emmitouflés dans leurs vêtements d'hiver qui les protégeaient de ce froid glacial du mois de janvier. Il n'y avait plus personne dans la rue, le peu de personnes qui étaient présentes ce soir là dans la salle avaient quitté la séance dès que le générique eut commencé. Pierre et Benjamin, eux, avaient pris leur temps pour enfiler leurs manteaux, bonnets et écharpes. Le brun s'était maudit d'avoir oublié ses gants dans leur appartement, d'ailleurs.
Ils étaient les derniers à sortir, la salle ayant accueilli peu de monde. Après tout, peu de personnes se déplaçaient au cinéma pour voir un film à vingt-deux heures trente un lundi soir.
Ils parlaient tranquillement de la projection qu'ils venaient de voir. Benjamin évoquait les magnifiques plans en 4/3 qui l'avaient envouté toute la séance. Le blond, lui, l'écoutait avec attention, absorbé par les dires de son petit-ami.
La tête dehors, ils furent surpris en voyant de la neige sur la route, sur les voitures et sur les toits. Il faisait froid, ça oui, Pierre avait même eut l'impression qu'il allait perdre ses orteils en faisant le chemin jusque le cinéma. Mais de la neige ? Ça non, ils ne s'y attendaient pas !
Comme de grands enfants, ils sourirent, heureux de revoir cette robe blanche qu'ils n'avaient pas vu depuis un moment. Ils avancèrent alors doucement, faisant craquer la neige sous leurs pieds, souriant grandement.
La lumière était terne ; la lune étant cachée cette nuit là, seuls les lampadaires éclairaient la chaussée. Les flocons qui tombaient encore vinrent s'accrocher à leurs vêtements et aux longues mèches blondes de Pierre.
Benjamin posa ses yeux sur le blond, la bouche ouverte, prêt à lui poser une question. Il la referma vite quand il vit le grand sourire de Pierre.
Il le détailla un instant, observant ses cheveux parsemés de quelques flocons, ses grands yeux bleus posés sur ses pieds, sa petite fossette cachée par sa barbe, ses joues rosées à cause du froid, le bout de son nez luisant. Il sourit plus fort encore, sentant son coeur se réchauffer malgré le froid qu'ils affrontaient.
Peu importe les températures glaciales qu'il subirait : si Pierre était à côté, il ressentirait toujours une certaine chaleur en lui. C'était bateau, carrément débile, mais c'était niaisement vrai. Il rit doucement en y pensant, se sentant con d'être aussi neuneu quand il s'agissait de Pierre.
Le doux rire de son copain tira Pierre de son admiration pour la neige, lui faisant tourner la tête vers lui. En voyant Benjamin le regarder tout sourire, il fronça légèrement les sourcils, ses lèvres s'étirant un peu plus. D'une voix douce cachant un ricanement, il lui demanda :
- Quoi ?
Le brun bougea la tête de gauche à droite, souriant de plus belle.
- Rien, rien.
Il plongea ses mains dans les poches de son manteau, baissant les yeux sur ses pieds. Alors, il se souvenu de sa question.
- On commande un Uber ?
Pierre, qui le regardait avec des coeurs dans les yeux, observant amoureusement ses petites rides en pâtes d'oies qui entouraient ses yeux marrons, hocha vivement la tête de haut en bas.
- T'as toujours de bonnes idées, chéri.
Alors il s'arrêta sous le premier lampadaire qu'il croisa, appuyant son épaule contre le poteau. Il leva un peu les épaules et enfonça son menton dans le col de son manteau. Il sortit son téléphone et commanda vite un taxi. Il souffla en voyant que le chauffeur serait là dans dix minutes. Il l'annonça à son brun :
- Il arrive dans dix minutes ...
Alors, Benjamin souffla à son tour, frigorifié. Il avait l'impression que ses doigts allaient se détacher de ses mains, que le froid allait avoir raison du bout de son nez devenu tout rouge. Il râla, comme si Pierre pouvait faire quelque chose.