Romance alchimique

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- T'as coupé PA ? Demanda Pierre après avoir fait l'outro de sa vidéo.

- Ouais c'est bon, je vous laisse du coup, bonne nuit les gars.

L'intéressé quitta la chambre, laissant Benjamin et Pierre dans le lit du blond, menottés. La journée avait été certes, très fatigante, mais aussi très drôle. Les deux amis avaient beaucoup rigolé, ils aimaient énormément ce genre de tournage, tout comme leurs abonnés ceci dit.

- On fait pas le debrief demain matin ?

- Non pas besoin, on a assez de contenu je pense.

- Donc finalement ça sert plus à rien de rester menottés...

Pierre ria doucement en se retournant vers le brun.

- Me fais pas croire que ça te fait pas plaisir d'être menotté à ton mari !

Benjamin éclata de rire et Pierre se remit à sa place, tout sourire. Cette journée avait été quelque peu déstabilisante pour lui. Il pensait profondément que Benjamin serait beaucoup plus fermé et le rejetterait, mais finalement il s'était montré très ouvert, se laissant aller pendant quelques moments de la journée. Sa tête se posant sur son dos quand Pierre était assis sur lui, son bras s'entrelaçant avec le sien pour boire un simple verre d'eau, sa main atterrissant naturellement sur son épaule quand ils étaient assis l'un à côté de l'autre... Pierre avait été agréablement surpris durant toute cette journée qui s'était avérée vraiment bonne alors qu'elle était censée être un enfer. Qui voudrait être menotté à un être humain pendant vingt-quatre heures non-stop ? L'Homme n'était pas fait pour vivre collé à quelqu'un d'autre, l'intimité était importante. Et comme pendant leur première journée menottés ensemble, Pierre s'attendait à voir un Benjamin retissant, qui le repoussait sans cesse et qui le vannait sur son physique. A la place, il avait vu un autre Benjamin, un homme tactile qui se laissait aller, montrant peut-être malgré lui le fond de ses sentiments avec des gestes certes, incertains, mais doux et laissant paraître une facette que personne n'avait jamais vu.

Cela faisait quelques mois que Benjamin se montrait beaucoup plus ouvert, plus tactile. Tout le monde l'avait remarqué, quand les deux hommes se retrouvaient dans la même pièce une certaine tension s'installait instantanément. Ils pouvaient se sauter dessus à n'importe quel moment, c'était presque bestial, sexuel, mais surtout amoureux. Mais ni Pierre ni Benjamin ne faisait le premier pas, soi-disant par manque de courage. La réalité était toute autre, ils voulaient simplement profiter de cette tension et de cette alchimie qui grandissaient. C'était bon, ils se torturaient il le savaient, mais qu'est-ce que c'était bon.

Pierre était heureux que le brun se soit enfin ouvert à lui. La journée qui datait de trois ans en arrière était toute autre et son comportement bien différent. Lui-même l'avait dit, il avait changé et ce n'était plus un cauchemar d'être collé à Pierre pendant un jour complet, au plus grand étonnement du blond.

- La menotte tire sur mon poignet, ça fait un peu mal.

- T'es culotté, c'est de ta faute si on en est là !

Le brun, hésitant, posa son bras de manière nonchalante sur la taille de Pierre.

- Ça va mieux comme ça ?

- Oui, ça te dérange pas ?

Benjamin prit un petit temps avant de répondre et glissa un simple « non » en chuchotant. Bien sûr que ça ne le dérangeait pas, c'était Pierre et puis, avec du recul, ça aurait été très paradoxal de dire que ça le dérangeait alors qu'il avait été très proche de lui toute la journée.

Cependant, il restait figé, immobile. Il n'avait jamais été si près de Pierre, son corps entier était collé au sien et la position était plus qu'équivoque. Les deux amis ne s'étaient jamais retrouvés dans un tel degré de proximité, l'un câlinant l'autre, et il était évident que si quelqu'un entrait dans la pièce à ce moment précis, il serait difficile d'expliquer ce contact.

Recueil OS VerrecroceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant