Des non dits

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Il était tard dans la nuit quand le brun avait décidé de descendre lire un bouquin, qu'il avait pris au hasard dans la bibliothèque qui se trouvait dans les escaliers.

Éclairé par une légère lumière -d'une lampe qui était à l'autre bout de la pièce, il était assis à la table de la salle à manger et feuilletait sans grand intérêt le livre quelque peu barbant qu'il n'avait pas vraiment choisi.

Cela faisait quelques jours qu'il dormait mal, voire pas du tout. Leur arrivée dans cette grande villa au Pays Basque l'avait plus qu'enchanté, il était ravi d'être confiné avec tous ses amis dans un endroit si beau -et immense. Cependant, même si pendant la journée tout semblait aller parfaitement bien, la nuit il ruminait.

Quelques mois auparavant, Pierre et lui avait tourné, à Toulouse, une vidéo dans laquelle ils se défiaient sur qui était le meilleur serveur d'entre eux. Évidement, ils avaient rencontré pas mal d'abonnés -qui leur avaient gentiment offert des verres. L'alcool se faisant, les verres s'enchaînant et la fatigue de ce tournage les avaient mis chaos, tous deux étaient complètement déchirés. Sur le chemin de l'hôtel, ils s'étaient dit des paroles pleines de sincérité, des choses qu'ils ne s'étaient jamais déclarés. La liqueur les avait bien aidé, surtout Benjamin qui n'était pas du genre à être si ouvert. Le brun s'était livré, épiloguant sur le fait qu'il l'aimait beaucoup, qu'il pensait souvent à lui, qu'il adorait passer du temps avec lui, qu'il était à ses yeux bien plus qu'un ami et qu'il n'imaginait même plus sa vie sans lui. Il avait employé les termes « alchimie » et « connexion » pour illustrer leur relation, et le blond en avait été chamboulé. Les paroles alcoolisées sont toujours les plus sincères, et il le savait. Il pensait la même chose, depuis des années, et c'est ce qui avait causé sa rupture avec son ex-copine quelques mois plus tôt avant ce tournage.

Et, arrivés devant leurs chambres hôtel, pris d'un courage monstre, Pierre lui avait volé un bisou. Un simple baiser, pure et sincère, auquel le brun avait répondu volontiers. Puis, ils étaient partis se coucher, chacun de leur côté, le sourire aux lèvres.

Mais ils n'en avaient jamais parlé. Jamais. Ils se disaient que l'autre ne s'en souvenait plus à cause de l'alcool, ou que justement c'était à cause de ça qu'ils s'étaient embrassés. Aucun des deux n'avait osé lancé le sujet, de peur que la réponse ne soit qu'un « J'étais bourré, je m'en souviens plus » ou un « C'est pas à prendre au sérieux, on était ivres ». Alors comme deux cons, ils n'en discutaient pas, sans savoir que ce baiser les hantait.

Et Benjamin ruminait, encore plus depuis qu'ils étaient arrivés. Voir Pierre presque 24 heures sur 24 ne l'aidait pas, bien au contraire. Il se demandait si lui aussi y repensait, si, tout comme lui, ça l'avait perturbé, si ça lui retournait autant les tripes.

En voyant le cadran de l'horloge, il souffla en refermant le livre. Presque trois heures trente du matin et il n'avait toujours pas sommeil. Il passa ses mains sur son visage, exaspéré par son sommeil si chaotique. Il finit par attraper son téléphone et se mit à chercher un documentaire qui pouvait potentiellement l'intéresser, il avait besoin de penser à autre chose, de laisser ses pensées se tourner sur un autre sujet que Pierre.

En vain. Dès qu'il refermait les yeux, il le revoyait avec sa casquette, son t-shirt blanc, son regard ivre... Il sentait encore ses lèvres contre les siennes, et malgré ces mois passés il n'oubliait pas cette sensation de bonheur et d'euphorie intense. Son cœur s'accéléra en repensant aux mains posées fermement sur ses hanches, aux siennes dans ses cheveux, à son nez qui frôlait le sien juste avant de sentir ses lèvres contre les siennes, à cette manière qu'il avait d'embrasser, à ces doux gémissements qui étaient sortis de leurs bouches, à son-

Recueil OS VerrecroceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant