Las Vegas

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- Putain ! J'étais à cinquante dollars de la victoire, j'en reviens pas !

Pierre s'esclaffa en se moquant ouvertement de Benjamin, fier d'avoir remporté ce « Celui qui empoche le plus d'argent gagne ». Il ne lui avait pas fallu chercher bien loin pour trouver un lieu quand il eut eu l'idée de ce concept : Las Vegas était une évidence. On y trouvait les meilleurs casinos, et puis, quitte à trouver des idées aussi farfelues, autant pousser le bouchon le plus loin possible.

Cette soirée avait été exceptionnelle ; le concept était très bon, ils n'avaient aucun doute là-dessus. Ils s'étaient beaucoup amusés. Benjamin se rendit compte qu'ils s'étaient même un peu trop amusés. La vidéo allait être une pépite, c'était évident, mais il espérait que leur ivresse ne se verrait pas tant que cela après le montage. 

Pour accompagner leurs nombreuses parties, ils s'étaient commandés un verre, puis deux, puis trois ... jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus les compter. Ah, Vegas ...

L'ascenseur semblait bien étroit pour un ascenseur d'hôtel luxueux. Il semblait aussi à Pierre que la température avait encore augmenté malgré le fait qu'il ne soit qu'avec Benjamin.

Le blond passa sa main dans ses longues mèches, puis très vite, il vint déboutonner les deux premiers boutons de sa chemise — il faut être classe à Vegas !

- Fait trop chaud ...

Benjamin le regarda fixement. Il avait les pommettes rouges, était bien décoiffé, ses yeux bleus brillaient fortement. Il baissa les yeux pour scruter les doigts de Pierre qui déboutonnaient sa belle chemise blanche — qui lui avait moulé parfaitement la silhouette toute la soirée. Son regard resta là, contemplant le haut du torse du blond et les quelques poils qui s'échappaient des deux pans. Sa langue vint humidifier ses lèvres, puis ses dents s'enfoncèrent dans sa lippe inférieure.

Il lui sembla également que, tout d'un coup, la température avait effectivement augmenté.

Un gros « bip » le fit sortir de ses pensées, signalant qu'ils étaient arrivés à leur étage.  Alors très vite, il sortit de l'ascenseur, suivi de très près par un Pierre qui titubait autant que lui.

Arrivés devant la porte de leur chambre, bien difficilement à cause de l'alcool, il enfonça sa main dans sa poche pour retrouver la carte. Dans un même temps, il souffla d'un air faussement dégoûté :

- T'aurais pu prendre une chambre chacun ... on est à Las Vegas et je dois dormir avec toi, le cauchemar.

Il trouva la carte et la passa dans la fente de la poignée. À peine eut-il le temps de clancher qu'il reçut une main aux fesses. Il sursauta.

- Me dis pas que ça te dérange, je te croirai pas, Benjamin.

La voix de Pierre était rauque, grave, il la trouva bien sensuelle. Et sa main était toujours là, sur ses fesses, et elle en empoignait parfaitement la courbe de celles-ci. Le brun cilla, sa main accrochée et crispée à la poignée de la porte. Il n'osait plus bouger.

C'était du Croce tout craché, enfin, du Croce bourré tout craché. Il aimait bien être tactile quand l'alcool lui coulait dans les veines, surtout avec Benjamin. C'était quelque chose que beaucoup avait remarqué après les nombreuses soirées organisées à Maison Grise.

Ouais, il aimait bien être aussi tactile avec le brun, et puis le lendemain, il pouvait toujours rejeter la faute sur son ivresse — bonne technique, non ?

Benjamin avait toujours la tête qui tournait quand il posa les yeux sur Pierre. Instantanément, sa main quitta les fesses de Benjamin. Il lui offrit un sourire provocateur, les yeux dans le vague, et il essaya d'articuler :

Recueil OS VerrecroceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant