Le grand salon de Pierre était bondé de monde. Les gens dansaient, chantaient, trinquaient — et quelques uns faisaient les trois à la fois. Il avait l'habitude d'organiser ce genre de soirée, avec beaucoup de monde, de nourriture, de boisson, de la bonne musique et des jeux de lumières. Il savait d'ores et déjà qu'il allait devoir s'excuser auprès de ses voisins du dessus pour le bruit ... Mais, après tout, un réveillon de nouvel an, ça se fête, et tout le monde s'amusait.
Le blond avait invité tous les employés de Maison Grise et quelques uns de ses amis les plus proches de lui pour fêter cette fin d'année deux-mille-vingt-deux et débuter deux-mille-vingt-trois en beauté.
Pour l'occasion, il avait déniché, avec l'aide de Guillaume, de très bonnes bouteilles de champagne dont ils avaient fait sauter les bouchons à minuit pile. Le monde avait hurlé à gorge déployée un « Bonne année » dans un concert, certes, médiocre, mais vraiment sincère. Pierre avait souhaité la bonne année à tout le monde, enlaçant chaque personne une à une.
Il s'était attardé sur Guillaume, évidemment, et l'avait chaleureusement remercié pour tout le travail qu'il avait fourni pour Maison B, pour le soutien qu'il avait été pendant cette année quelque peu compliquée, pour toutes ces années passées à ses côtés. Il était plus que reconnaissant d'avoir le frisé dans sa vie et de travailler avec lui. Guillaume l'avait serré fort contre lui, et l'avait remercié lui de lui avoir fait confiance une énième fois. Ces deux-là s'étaient bien trouvés, ils le savaient tous deux, leur amitié était une amitié que tout le monde pouvait jalouser.
La dernière personne qu'il avait prise dans ses bras était Benjamin. Pierre s'était détaché de Sophie, qui était juste à côté du brun. Ils s'étaient regardés un instant, comme s'ils ne savaient pas quoi faire, se souriant, presque gênés. Benjamin avait alors ouvert grands ses bras et lui avait fait un signe de tête, lui signifiant de venir lui faire un câlin. Pierre avait senti son cœur battre la chamade.
C'était le premier nouvel un qu'il fêtait avec Benjamin. D'aussi loin qu'il se souvienne, le brun avait toujours gentiment décliné ses invitations. Il avait pour habitude de faire cette soirée avec ses amis les plus proches, ceux qu'il connaissait depuis le collège et le lycée. Pierre continuait tout de même de l'inviter, espérant qu'il finisse par venir un de ces jours, et voulant lui montrer qu'il tenait à sa présence lors de cette soirée.
Et cette année, dans l'intimité de leur studio jaune, Pierre avait relancé sa demande, expliquant à son ami à quel point il aimerait, un de ces jours, fêter une nouvelle année en sa présence. Et Benjamin avait accepté, lui avouant qu'il avait bien envie lui aussi de fêter autrement ce réveillon, qu'une bonne soirée lui ferait plaisir et que si Pierre le voulait, il le voulait aussi.
Pierre avait papillonné des yeux, étonné de sa réponse. Mais il ne l'avait pas relevée et avait simplement hocher la tête en souriant grandement, lui lâchant un « Trop bien ! » un peu trop enthousiaste qui avait fait grandement sourire son ami.
Et le brun avait été là, devant lui, les bras grands ouverts pour l'enlacer. Pierre avait alors sourit de toutes ses dents, et avec douceur, avait refermé ses bras autour du corps de Benjamin. Ils s'étaient souhaité la bonne année avec tout le respect qu'ils éprouvaient pour l'autre, tout l'amour mutuel qu'ils ressentaient. Rien de plus. Pas de merci, de grands discours larmoyants, ou de blague douteuse. Rien de tout ça. Un simple câlin chaleureux qui leur avait retourné le ventre, et qui les avait fait sourire niaisement.
La musique avait repris, et la bonne ambiance avec. Tout le monde s'était remis à danser, à chanter et à trinquer. Chaque personne présente dansait dans le grand salon de Pierre devenu une véritable piste de danse pour l'occasion, verre à la main pour certains, bouteille pour d'autres — Guillaume se dandinait fièrement avec une bouteille de Ricard. Les musiques défilaient, et les voix cassées des invités s'entendaient par dessus. Dans un brouhaha énorme, tout le monde se donnait à cœur joie et hurlait les paroles de manière approximative.