Camille râla une énième fois contre Lucas, et il explosa de rire. Il s'esclaffa, amusé :
- T'es vraiment trop nulle !
Il était mort de rire. Il se moquait depuis deux bonnes heures de la malchance — et de l'incompétence, de Camille à Mario Kart. Il adorait la taquiner parce qu'il savait qu'elle se ne laissait pas faire. Elle, elle adorait rétorquer, et ça en était devenu un jeu sans fin entre eux. Et ils trouvaient ça très drôle.
De vrais gamins.
La blonde répliqua, énervée que son ami lui ait envoyé une carapace rouge juste avant la ligne d'arrivée, lui faisant prendre la première place et gagner la partie.
- Mais sérieux, tu peux pas me laisser gagner pour une fois !
Et le bond à lunettes ria plus fort encore, se tenant les côtes, la tête posée sur l'appui-tête. Il était fier de lui, voir Camille râler l'encourager encore plus à lui ruiner ses games. Il enleva alors ses lunettes, s'essuyant les yeux qui s'étaient un peu imbibés de larmes tant il riait. Les deux trentenaires, qui se trouvaient sur le siège conducteur et sur le siège passager à l'avant, soufflèrent d'un même temps. Ils étaient exaspérés.
Cela faisait presque trois heures qu'ils avaient quitté Paris pour Urrugne. Ils avaient eu la merveilleuse idée de louer une superbe villa dans le Pays Basque pour pouvoir travailler malgré la pandémie. Ils avaient hâte, oh ça oui, se retrouver tous ensemble pour faire des vidéos les rendaient vraiment heureux. Et ils avaient encore plus hâte d'arriver.
Ce voyage les épuisait au plus haut point. Déjà parce qu'ils n'avaient plus vingt ans et que les grandes routes les fatiguaient de plus en plus, mais surtout, depuis que Camille et Lucas avaient lancé le jeu, ils braillaient, criaient, riaient, râlaient, pestaient, grognaient. Et la patience de Pierre et Benjamin commençait à saturer.
Le blond finit par se calmer, ses rires cessant petit à petit. Ils relancèrent alors une partie, et la jolie blonde, étant déterminée à gagner celle-ci, fronça les sourcils et se concentra.
Pas de chance, c'était la course arc-en-ciel. Elle se mit alors à souffler, perdant toute détermination. Elle protesta en levant la voix :
- Oh, non non non ! Pas cette course, Lucas, change !
Le susnommé sourit, provocateur.
- Trop tard, c'est lancé, fallait pas être nulle !
La blonde fronça les sourcils. Elle posa sa Switch sur ses genoux, prête à en découdre avec son ami. Elle s'approcha de Lucas, le regard porté sur la console du blondinet. Elle l'attrapa d'un coup d'un seul et appuya sur quelques boutons. Lucas se mit à crier.
- Mais Camille ! Rends ma Switch !
Mais Camille ne lui rendit pas. Un sourire fier plaqué sur le visage, elle ricana, laissant Lucas s'énerver contre elle. Elle provoqua son ami en agitant la console devant son nez.
Ce dernier sentit la moutarde lui monter au nez. Il voulait à tout prix retrouver cet objet qui était un de ses biens les plus précieux, et savoir qu'il était entre les mains de l'amie la plus maladroite qu'il avait ne lui plaisait vraiment pas. Alors, il commença à bouger dans tous les sens, poussant sur ses jambes pour se redresser, prêt à se battre.
- T'es une gamine !
Il se redressa complètement et s'approcha de son amie pour récupérer sa Switch. Au passage, il enfonça profondément ses genoux dans le dossier du blond qui conduisait.
Pierre, qui sentit les genoux de Lucas à travers le siège immédiatement, perdit toute patience instantanément.
- Bon, maintenant, ça suffit !
