30. Trottoir

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Quelques heures plus tard, j'étais allongée sur le matelas du psychopathe, attendant qu'il revienne. Mes pensées fusaient dans ma tête comme des éclairs, apparaissant et disparaissant aussi vite que de la foudre qui brise la nuit dans l'orage.
Je me disais que j'avais de la chance, que j'étais sauvée. Que j'avais tout pour m'en sortir. Mais en même temps, je me demandais si c'était possible de surmonter les pires épreuves de la vie.

Si une épreuve est mise en travers de notre chemin, c'est que nous sommes assez forts pour la surmonter. Et elle nous rendra plus forts encore.

Je commençais à en douter. Je me demandais comment on pouvait surmonter quoi que ce soit, en étant au plus bas, enfermé dans notre propre enfer. Alors j'imaginais que, tout ça n'était peut-être que du foutage de gueule, ou une putain de vérité inapprouvée. En réalité, je n'en avais pas la moindre putain d'idée.

Je savais tant de choses, mais si peu à la fois. Tout ne reposait que sur les pensées et cheminements d'autres personnes. Tout reposait sur une idée abstraite, un principe fondamental, à l'origine de tout.

Mes yeux circulaient sur le plafond blanc, recherchant des imperfections inexistantes. Pour la première fois depuis que j'étais dans la chambre du malade, je me surpris à examiner les lieux. Les murs étaient blancs, le sol en parquet massif. Il y avait, face à la fenêtre, un grand canapé noir, réhaussé d'or. Le lit était au centre de la pièce, occupant une grande majorité de l'espace. C'était un lit en bois, à baldaquin. Il était d'une splendeur incroyable. Les draps étaient noirs, sans surprise. C'était magnifique, certes, mais il manquait une touche de couleur.

Je me rappelai soudain que dans ma chambre, j'avais plusieurs oreillers de couleurs pâles. Je me levai et sortis de la chambre pour aller dans la mienne.

En passant dans le couloir, j'entendis des pleurs féminins, attirant ma curiosité. Je tendis l'oreille et suivis les pleurs. Mais, j'avais beau chercher et ouvrir toutes les portes, le bruit semblait venir de plus profondément dans la villa, comme provenant d'entre les murs. Ce qui était totalement dépourvu de sens.

Je me remis donc en route et récupérai deux coussins bleus-verts, pâles. Je les disposai juste devant les énormes oreillers noirs, et pris du recul pour admirer le rendu. Les couleurs se mélangeaient parfaitement et créaient un certain contraste avec le reste de la pièce.

Je venais à peine de m'asseoir sur le matelas que la porte s'ouvrit tout doucement. Le regard fixait dehors, je ne pris pas la peine de tourner la tête.

- Tu vas bien ? demanda la grosse voix de Jayson, pendant qu'il refermait la porte en silence.

Je fus très surprise par sa question, si bien que pour être sûre que c'était bien lui, je détournai mes yeux de la lune brillante pour le regarder. Je le détaillai de la tête aux pieds, m'arrêtant sur les moindres petites imperfections. Il était vêtu d'un tee-shirt blanc, qui faisait magnifiquement bien ressortir ses pecs et ses abdos, ainsi que d'un jean skynni. Je cherchais à catégoriser son style, en vain. En fait, il était tout un style à lui-même.

- Ashley, ça va ?

Je sentais que sa voix était un petit peu tremblante sur les bords, ce qui ne lui ressemblait pas. Je ne relevais pas et répondis, tout en me levant.

- Oui, je vais bien.

Et je me tus. Je ricanai quand il me chuchota, presque vexé.

- Et toi, tu ne me demandes pas comment je vais ?

Je réfléchis quelques secondes, avant de trouver la raison pour laquelle je n'avais pas posé la question en retour. Et je la trouvais : pourquoi devrais-je prendre des nouvelles de mon kidnappeur ?
Certes, j'étais contente d'avoir quitté ma vie d'avant. Mais en même temps, je me sentais prisonnière ici, prisonnière de lui. Et je détestais ça, car ça me donnait la sensation d'être faible.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 16, 2023 ⏰

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Damore (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant