J'étais encore dans mon lit. Le soleil passait à travers ma fenêtre pour venir titiller les iris de mes yeux verts. La couette, encore sur moi, me donnait la sensation d'être en sécurité. A mon plus grand déplaisir, je ne l'étais pas. Vraiment pas. J'entendis sa voix odieuse me cracher :
- Salope ! Debout !
Je soufflai un grand coup. Je me dégageai de l'emprise des couvertures réconfortantes et m'assis sur le rebord de mon matelas, laissant mes pieds toucher parterre. La froideur du sol remonta le long de mes chevilles, pour envahir entièrement mon pitoyable corps. Je basculai mon poids en avant, pour me lever.
J'avais hâte d'être demain. D'avoir une vie partiellement normale. De pouvoir me défaire, pour la journée, de la torture qu'était mon quotidien.
Je me retournai et remis rapidement mes draps en place puis tapai l'oreiller, pour lui redonner sa forme originale. Je marchai jusqu'à mes rideaux et les ouvris. Mes yeux se baladèrent dans le ciel bleuté, sur la route, passant des toits des maisons délabrées aux arbres verdoyants sur le bord des allées. Je pris mon temps, car je savais pertinemment que c'était le seul moment de la journée où je pourrais avoir la chance d'admirer la clarté du jour. Car chez moi, avec lui, c'était comme ça. Et je le savais. Il détestait la lumière, parce qu'il haïssait le fait que j'espère. Alors il m'empêchait formellement de laisser mes volets ouverts, la journée. Je n'avais le droit de les ouvrir, que lorsque la nuit tombait.
- PUTAIN ! RAMMENE TOI TOUT DE SUITE ! hurla mon père depuis la cuisine.
Je sentis mes mains trembler.
Calme toi Ashley, t'as l'habitude. Il ne pourra pas te faire grand-chose, demain tu sors ! Il ne peut pas te marquer, pas autant que les autres fois...ça ne pourra pas être visible...
J'inspirai et expirai profondément et bruyamment, pour me calmer. J'ouvris ma fenêtre et fermai mon volet, me plongeant ainsi dans une quasi-obscurité. Je refermai les carreaux de verres. Je me dirigeai, à tâtons, vers la sortie de ma « chambre ». Je ne pensais pas que l'on pouvait nommer ce petit espace, meublé d'un lit et d'une commode, de « chambre ». J'ouvris doucement la porte, essayant de ne pas faire de bruit. En vain. Un énorme et strident grincement s'échappa des charnières de la porte, pour retentir dans la totalité de la petite maison. Mon bras se figea au même instant.
- TA PUNITION SERA PIRE AVEC DU RETARD !
Je repris ma route et dévalai les escaliers, faisant tout de même attention à ne pas tomber, dans le noir. Mes pieds passèrent la dernière marche et me firent avancer vers la cuisine.
J'entrai et aperçus la silhouette de mon père. Il était derrière le plan de travail, et fixait le sol. Quand il m'entendit, il releva brusquement la tête vers moi. Même sans source de lumière, je pouvais sentir son regard haineux et crade sur moi. Comme toujours, je baissai la tête, en signe de soumission.- Lave-toi et mets juste un tee-shirt, c'est le jour de ta punition, souffla-t-il à mon égard, un rictus malsain sur les lèvres.
Mes yeux s'ouvrirent en grands à cette annonce. Je le savais, mais j'avais continué de croire qu'il passerait outre, à cause de demain. La peur me terrassa de l'intérieur : je connaissais cette punition sur le bout des doigts. J'essayais donc de le faire changer d'avis :
- Mais pa-
- STOP ! hurla-t-il. QUAND JE TE DIS QUELQUE CHOSE, TU LE FAIS !
Sous l'effet de son abominable ordre, je quittai la pièce et gravis à nouveau les escaliers, toujours aussi lugubres à cause du noir. Je pris la direction de ma chambre. Je poussai la porte et, par reflex, appuyai sur l'interrupteur, qui ne fonctionnait pas. J'avançai donc, dans la pénombre, vers ma petite commode en bois. J'ouvris le premier tiroir et saisis un haut. Je le plaquai contre moi, pour vérifier qu'il m'arrivait à la mi-cuisse, même si ça n'allait pas changer grand-chose. Je ressortis dans le couloir et entrai dans la salle de bain. Je fis tomber mon mini short et mon débardeur de pyjama avant de pénétrai dans la cabine de douche. Mes doigts glissèrent sur la poignée métallique, pour ouvrir l'eau. Une eau glacée tomba sur ma tête et coula le long de mon corps. Mes membres frissonnèrent sous la température. Je levai mon visage vers le pommeau de douche et laissai les gouttelettes glisser sur mes yeux, sur l'arrête de mon nez, sur mes lèvres, dans ma bouche. Je me lavai en vitesse, coupai le robinet avant d'attraper ma serviette et de m'y emballer. Je me séchai rapidement. Comme il me l'avait demandé, je mis uniquement un tee-shirt, sans rien d'autre.
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Damore (en réécriture)
Novela JuvenilAshley Evans, étudiante en terminale. Jayson, chef d'un cartel. Leur vie était si différente, si éloignée l'une de l'autre...mais tellement proche. Et si Ashley réussissait à se défaire de l'emprise de son passé, à devenir The Devil, l'être le pl...