My Perfect Enemy

16. Piégé à son propre jeu

PDV ÉTAN

J'ouvris difficilement les yeux. La lumière vive du soleil m'agressait, et l'on pouvait facilement deviner qu'il était tard dans la matinée et que les rideaux étaient ouverts. Une pression s'exerçait sur mon torse. Je levai la tête et me frottai les yeux, essayant de m'habituer à la luminosité ambiante. Je baissai les yeux et vis une chevelure rousse sur mon torse. Elle se tourna face à moi, dos à la grande fenêtre. Aria dormait profondément, contrairement à son habitude. Ses trais devenus lisses par le sommeil lui donnaient un air enfantin, plus insouciant. Je replaçai une mèche derrière son oreille puis essayai de me lever en douceur pour ne pas la réveiller. Peine perdue. Cette fille avait un sommeil beaucoup trop léger. Elle remua puis bailla en se frottant les yeux façon panda. Trop mignonne. Le soleil jouait des reflets cuivrés sur ses longues boucles rousses et illuminait son visage. Elle ouvrit les paupières et mit un instant à me reconnaître, puis elle fit un bon. Elle passa sa main sur mes pommettes et ne sembla pas croire à ma présence.

Je ris devant son air confus, puis devant son air étonné et gêné. Elle rougit et recula un peu. Décidant de jouer un peu pour la taquiner, je passai ma langue sur mes lèvres et sa réaction ne se fit pas attendre. Elle rougit de plus belle et cacha son visage grâce à ses cheveux.

Puis, soudain, elle changea. Elle paniqua et chercha quelque chose du regard. Lorsque ses yeux tombèrent sur l'horloge, elle faillit tomber du lit. Son ridicule me fit presque rire. Presque. Elle essaya de se lever mais je lui attrapai le poignet et elle en chuta à moitié. Elle s'affala sur le lit et ses cheveux roux s'étalèrent autour d'elle. Sa question silencieuse, posée par ses yeux d'un vert émeraude profond, était aussi facile à comprendre que si elle avait parlé.

-C'est les vacances de la Toussaint. Pas besoin de se lever.

Elle soupira et se détendit instantanément.

Alors qu'elle me mit dehors pour prendre sa douche et pour que je puisse prendre la mienne, plusieurs questions s'imposaient. Que sommes nous? On sort ensemble? Tu m'aime? Je ne savais pas ce qu'elle ressentait, avec son père et tout, alors je voulais lui laisser du temps. Cela pouvait la déstabiliser, elle qui restait d'habitude seule. Alors lui demander si nous étions en couple? Elle me ferait un arrêt cardiaque. L'eau se mit à couler dans la salle de bain adjacente à sa chambre et je partis en direction de la salle de bain principale. Avant de voir cet article sur son père, je ne m'était jamais posé la question de comment pouvait-elle s'offrir cette gigantesque maison. Mais à présent, je savais. Elle était patronne d'une entreprise psychologique et d'une association d'aide à l'enfance. Pour l'entreprise de psycho, c'était de mon oncle que je tenais l'information. Elle ne voulait pas que les gens le sachent. C!était sa dernière barrière contre les médias.

Je fis couler l'eau et n'attendais pas qu'elle chauffe pour entrer dans la douche à l'italienne. L'eau froide finit de me réveiller et me vida l'esprit. Les souvenirs affluèrent, nos baisers de la veille et le fait que nous avions dormis ensemble. Cette fois-ci, elle n'avait pas fait de cauchemars et avait dormis paisiblement.

***

Assis sur le canapé, Aria à mes pieds sur le tapis à poils longs, nous regardions la télévision. Ou plutôt, elle mettait son programme et je comptais pour du beurre. Alors que les personnages défilaient à l'écran,je me plaignis une énième fois.

-Ariaaaaa... Moi je veux regarder autre chose! Pas ce dessin animé.
-C'est pas un dessin animé, c'est un film culte qui marquera l'histoire.
-Mais bien sûr... Tu sais qu'il est sortis depuis plus de dix ans?

Elle me tira la langue et se retourna vers moi. Elle prit la télécommande et pendant un instant, je crus qu'elle allait mettre pause. Erreur fatale. Elle augmenta le son et cria.

-La belle et le clochard est le meilleur film de l'univers!

Elle m'exaspérait affreusement. Je lui pris la télécommande et baissai le volume sonore en soupirant de soulagement. Enfin un peu de calme. Mais de courte durée.

-Rends là moi! dit elle en tendant le bras comme une enfant voulant son jouet.
-Sinon quoi, hein? Si je te la rends, je veux mettre un autre film.
-Tu veux mettre quoi? Cendrillon? La reine des neiges? Bambi? Ou eumh...
-Hm...je veux la belle et la bête.

Je savais qu'elle ne l'avait pas, lui. Sa collection de DVD m'impressionne nait, surtout que plus personne n'utilisait de DVD! Son visage se décomposa et elle bouda. Gagné!

-Tu veux quoi ?

Oh? Elle voulait un compromis? J'allais lui en proposer un, moi. Un sourire se dessina au ci on de mes lèvres et je la sentis prête à tout. Alors, je décidais de jouer un peu avec ses nerfs

-Je ne sais pas... Qu'as tu à me proposer?

Elle compris presque aussitôt et monta sur le canapé. À califourchon sur mes genoux, elle plongea son regard dans le mien. Son souffle chaux se mélangeait au mien, ses mains, toujours plus entreprenantes, se faufilèrent sous mon t-shirt pour venir s'accrocher à mon torse. Elle se pencha un peu, juste assez pour que nos nez se frôlent et que sa poitrine vienne presser la mienne. De ma main libre, celle qui ne tenait pas la télécommande, j'effleurai sa copine vertébrale. Elle frissona et son visage prit des teintes rouges. Pourtant, elle me laissa faire. Elle ne bougea rien d'autre que sa main gauche qui vint attraper ma main prise. Puis, elle avança un peu plus et lorsque je crus qu'elle allait enfin poser ses lèvres sur les miennes, elle dévia sa course et s'approcha de mon oreille. Elle frôla mon lobe avec ses lèvres et je sentis son sourire se dessiner contre ma peau.

Elle retira finalement sa seconde main de mon torse et vint la poser sur ma nuque. Puis elle s'exclama.

-J'ai gagné!

Je restai sans comprendre alors qu'elle me prit la télécommande et se rasait par terre comme si de rien n'était. Elle m'avait bien eu. Sournoise. Elle m'avait déconcentré pour s'emparer de sa convoitise. Futée. Un peu trop même. J'étais encore scotché sur le canapé, comme si je ne parvenai pas à comprendre sa ruse.

Je m'étais fait piégé à mon propre jeu.