Chroniques d'une Mercenaire - Tome 5 : Divinité Temporelle [Terminé]

Prologue

Au sommet du mont Kieff, plus haut que personne n'était jamais allé, là où les neiges étaient éternelles, là où normalement il n'y avait personne, pas de vie, quelqu'un était assis contre un rocher recouvert de givre et de glace. Il s'agissait d'une jeune femme qui semblait avoir une vingtaine d'années aux cheveux flamboyants encadrant ses traits fins.
Les yeux clos, elle avait le crâne appuyé contre la paroi glacée. Elle n'attendait rien. Elle luttait de toutes ses forces. Elle luttait contre son pouvoir qu'elle sentait monter en elle et elle souhaitait à tout prix l'éviter.
Elle ne voulait pas, pas être au courant de ce que le Destin réservait et prévoyait pour ce monde qui avait déjà traversé des épreuves douloureuses.
Elle savait que certaines personnes faisaient tout pour la connaissance mais, elle, elle savait qu'il n'y avait rien de pire que de savoir. C'était une des tortures les plus horribles que de savoir sans pouvoir agir pour changer les choses, pour freiner le pire, de n'être qu'une spectatrice des événements parfois funestes dont elle était au courant des jours, des semaines, des mois, des années à l'avance.
Elle avait déjà tenté d'intervenir, notamment pour empêcher les cinq magies de Welkonn de se séparer il y avait huit siècles mais elle avait échoué. À chacun de ses essaies, elle n'était parvenue qu'à échouer lamentablement. Personne ne l'écoutait jamais. Même ses frères et sœurs ne la prenaient jamais au sérieux. Ils ne la consultaient qu'au dernier moment, si ils en avaient le temps.
Telle était la malédiction d'Iphamme : avoir toutes les chances pour réussir et ne rien empêcher.
La déesse ouvrit ses yeux violets en enfouissant ses mains délicates dans ses épais cheveux roux, la même question continuant à a hanter : à quoi cela servait-il de connaître toutes ces choses si elle ne pouvait rien en faire ?
La migraine commença à la gagner.
Qui aurait cru que les dieux puissent souffrir d'un de ces maux tellement humains ? À mois que ce ne soit parce qu'elle était inférieure aux autres ? Chose rare, elle ignorait la réponse. Ce qu'elle savait, en revanche, était qu'il était inutile de se battre.
Sa magie était plus forte que son désespoir et elle sut ce qu'elle refusait de savoir.
Quelque part, perdu parmi les dunes et le sable du désert de Soow, quelque chose s'ébroua. Quelque chose d'inqualifiable, une puissante essence suintant le Mal. Une chose qui sentait que ce qui lui manquait pour être complète, les fragments, qui lui avaient été arrachés pour le maîtriser, étaient de retour sur sa terre.
Alors, même si il n'était plus au sommet de ses capacités, il s'éveilla.
Iphamme se prit la tête dans les mains en poussant un hurlement de détresse.
Et voilà, des malheurs et des problèmes qui ne sauraient tarder venaient encore de se dérouler sous son regard impuissant.
Elle ne supportait plus ça. La haine et le désespoir qu'elle prévoyait trop souvent effaçaient et obscurcissaient le bonheur qu'elle voyait trop peu souvent.