Chapitre 21

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Elann se passa une main dans les cheveux en soupirant.
Quelle étrange soirée. Lorsqu'il avait quitté l'université à l'heure habituelle des jeudis, il n'aurait jamais pensé que son trajet serait interrompu par une magicienne déboussolée. Le simple fait d'évoquer la magie le rendait nerveux.
Il remonta ses lunettes sur son nez et réajusta la bandoulière de son sac sur son épaule.
Une goutte d'eau s'écrasa sur le sommet de son crâne. Il grommela. Il n'avait pas emporté de parapluie puisqu'il aurait normalement dû être chez lui au moment de l'averse. Dans son calcule, il n'avait évidemment pas prévu son passage au commissariat. Il avait préféré avertir les autorités qu'il avait assisté à un acte de magie mais en omettant volontairement de préciser que la personne coupable lui était tombée dessus et qu'elle était déjà en cellule. Un bête oublie volontaire.
Les gouttes commencèrent à crépiter sur le goudron du trottoir et de la rue mais aussi à mouiller les verres de ses lunettes. Elann soupira à nouveau. Bien sûr, il n'avait pas de capuche non plus.
Ne pouvant rien faire de plus pour se protéger de la pluie, il remonta le col de sa veste en pressant le pas, impatient de regagner son appartement et de boire quelque chose de chaud, un chocolat ou un café. Il déciderait une fois chez lui.
Alors qu'il passait devant une ruelle, on la saisit par le bras et le tira brusquement à l'intérieur. La force avec laquelle on l'attira fit voler ses lunettes au sol pour la deuxième fois de la soirée.
Ne pouvant pas distinguer la personne lui faisant face à cause de sa sévère myopie, il s'empressa de ramasser ses verres correcteurs et les repassa. Il découvrit avec un étonnement sans bornes la jeune fille du commissariat. Mêmes longs cheveux noirs, mêmes yeux en amande d'un gris acier et même peau pâle parsemée de taches de rousseur.
Hébété, Elann balbutia :

« Mais...mais qu'est-ce que...que...

- Si tu n'es pas capable d'articuler une véritable phrase, ferme-la ! En plus, le son de ta voix m'énerve. Sans compter que les quatre autres m'ont déjà dangereusement agacée !

Elann referma la bouche. Après ces mots, il n'était plus seulement en pleine incompréhension mais aussi effrayé. Cette fille avait quelque chose dans le regard qui n'était pas pour le rassurer. Ce qui ne l'empêcha pas de la questionner :

- Comment es-tu sortie ?

- La serrure n'était pas difficile à forcer.

- Bon bah...tant mieux pour toi.

Elann ne trouva rien d'autre à répondre.
Il regarda à droite puis à gauche. Il n'y avait personne et les issues n'étaient pas bloquées. Il examina ensuite la jeune fille lui faisant face. Elle avait lâché son bras et ne semblait pas chercher à le retenir d'une quelconque manière que ce soit alors il fit mine de s'éloigner pour retourner dans la rue.
La jeune fille l'attrapa par le devant de son pull et le plaqua à nouveau contre le mur de la ruelle, faisant remonter une onde de douleur dans son épaule.

- Où crois-tu aller, toi ?

- Que veux-tu de moi ?

- J'ai besoin d'aide. Je suis dans un endroit que je ne connais et ne comprend pas. Pour une fois, je ne pourrai pas m'en sortir seule.

Elann ne reprit pas la parole immédiatement après elle. Il essayait d'analyser les propos de son interlocutrice.
Sans avoir besoin de trop réfléchir, il arriva à la conclusion qu'il avait à faire à une aliénée qui devait certainement s'être échappé de son asile. Dans ce cas, il ferait bien mieux de ne pas la contrarier pour sa propre intégrité physique.
Avec cette pensée en tête, il se força au calme et demanda :

- Pourquoi moi plutôt qu'un autre ?

- Je n'ai pas le temps de chercher quelqu'un d'autre et j'ai besoin de quelqu'un de relativement intelligent et je n'allais certainement pas me tourner vers ses quatre idiots là-bas.

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 5 : Divinité Temporelle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant