Chapitre 32

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Leïje attacha Brume à la périphérie d'Orquia qu'il avait regagné. Il caressa la jument et lui donne de l'avoine en se répétant mentalement que, cette fois, il ne devait pas l'oublier ou alors Leïmy allait vraiment l'écorcher vif.
Il ordonna à la petite jument grise d'être sage puis il prit la direction du cœur de la capitale en rabattant sa capuche sur son visage. C'était plus discret de marcher à pieds plutôt que de traverser la ville à cheval.
Il épousseta son vêtement pour en retirer la poussière s'y étant accumulé durant le voyage.
Il devait s'entretenir avec Oriol pour lui parler des pirates qu'il avait rencontrés et des informations dont ils lui avaient fait part. Ensuite, il irait voir Maige pour lui demander d'envoyer un fantôme tenir Leïmy au courant de ses recherches sur Iphamme qui, bien que fructueuses, n'avaient pas été utiles puisque la déesse avait refusé de lui révéler quoi que ce soit sur Makarus en-dehors du fait qu'il ne pouvait être réinvesti par ses pouvoirs. Peut-être devrait-il aussi trouver quelqu'un qui puisse l'aider à maîtriser sa magie. Ce pourrait être un atout certain contre la conspiration.
Il sortit de sa réflexions en arrivant devant la caserne de la Garde. Il entra en retirant sa capuche, faisant s'envoler un nuage de poussière autour de sa tête.
Les trois soldats présents dans l'entrée se tournèrent vers lui et le dévisagèrent, les sourcils froncés. Certainement reconnaissaient-ils l'ancien chef de la guilde des voleurs.
Ce dernier fit un large sourire, absolument pas inquiété, et il prit la parole :

« Bonjour messieurs ! Je souhaiterais m'entretenir avec...

- Par ici.

L'interrompit Oriol en passant par l'encadrement de la large porte du fond qui n'était qu'une arche laissant tout voir.
Il avait reconnu la voix du voleur et n'avait pas attendu que ses hommes le conduisent jusqu'à lui, ayant un besoin urgent de lui parler.
Sans un mot, il fit à Leïje le signe de le suivre. Le voleur lui emboîta le pas en adressa un regard fanfaron aux trois soldats qui ne dirent rien.
Oriol l'amena à sa bureau. Leïje s'assit sans attendre d'y être invité et posa les pieds sur la table de travail sur gêne. Oriol ne fit rien pour l'empêcher, ayant compris que c'était inutile. Il se contenta donc d'un soupir agacé en s'installant en face de Leïje.
Il débuta la conversation en demandant :

- Où étiez-vous passé durant tout ce temps ?

- J'étais en voyage à Igga pour une affaire personnelle mais j'y ai découvert quelque chose sur le complot. J'ai trouvé un chef de guilde qui a été contacté par Gammon mais qui n'a pas accepté sa proposition. Un pirate. Il m'a révélé que le but des conspirateurs n'est pas de contrôler le Conseil mais de la remplacer !

- Leïje, s'il vous plaît...

- C'est la vérité. Ces pirates n'ont pas pu m'accompagner mais ils étaient sincères et...

- Je vous crois. Je sais que vous ne mentiriez jamais sur ce sujet aussi grave mais il faut que je vous parle. Votre amie, celle qui s'était infiltré auprès du magicien du complot...

- Dabielle ? Elle va bien, n'est-ce pas ?

L'inquiétude dans la voix de Leïje était presque palpable.
Les épaules d'Oriol s'abaissèrent et il se passa une main une main sur le visage. Il détestait annoncer ce genre de nouvelle surtout lorsque c'était à quelqu'un qu'il connaissait et qu'il s'en sentait coupable. L'expression et le regard du capitaine ne prédisaient rien de bon à Leïje.
Ce dernier répéta :

- Dabielle va bien ?

- Des hommes ont découvert un corps sur les quais du canal. Il était comme les autres et c'était celui de votre amie. Je pense qu'ils l'ont découverte. Je suis désolé.

Leïje n'eut pas de réaction immédiate. Il se leva lentement de sa chaise, les mâchoires contractées. Il marcha quelques pas, s'approchant du mur puis il le frappa. Il abattit encore son poing contre la paroi, se faisant saigner les phalanges.
Oriol dut intervenir. Il le saisit par les épaules et l'écarta du mur avant de le forcer à se rasseoir.
Le voleur posa les coudes sur ses cuisses et se prit la tête dans les mains. Il se sentait très peiné que Dabielle soit morte, évidemment puisqu'il venait de perdre une bonne amie, mais il était surtout en colère. En colère contre lui-même. C'était lui qui l'avait poussée et convaincue de se mêler de cette affaire alors qu'elle ne voulait pas. Il avait causé sa mort.
Une autre jeune fille s'était faite tuer par sa faute.
Il s'en sortait toujours, c'était vrai, mais aujourd'hui il s'apercevait que c'était peut-être au détriment des autres.
Il gémit :

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 5 : Divinité Temporelle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant