Chapitre 15

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Une quarantaine de vargos, Leïmy avait supposé juste. Une vingtaine devant et une vingtaine derrière.
La mercenaire dégaina ses deux plus longues dagues et se tint prête au milieu du couloir, de profile. De cette manière, elle était parée aux attaques provenant d'une direction ou d'une autre.
Les créatures ne se ruèrent pas sur elle, pas immédiatement. Elles restèrent massées, prenant Leïmy en tenaille. Certains piaillaient, sautaient sur place, agitaient furieusement les bras. Peut-être cherchaient-ils à effrayer ou impressionner Leïmy ce qui, évidemment, ne fonctionna pas mais elle s'impatienta.
S'agaçant, elle lança aux vargos, bien qu'elle doutait qu'ils comprennent :

« Allez les affreux ! Nous n'allons pas y passer des heures ! »

Les vargos continuèrent à crier en gesticulant mais sans faire un pas vers la mercenaire.
Cette dernière décida donc d'avancer la première dans l'inévitable affrontement. Le couteau de lancée encore taché de sang dans la main, Leïmy visa à peine et envoya. La lame s'enfonça droit dans le globe oculaire d'une des créatures qui énervait particulièrement Leïmy à sauter dans tous les sens. Le vargo retomba au sol avec un bruit mat.
Ses congénères se turent en s'immobilisant et contemplèrent son corps encore agité de spasmes puis leurs regards convergèrent tous vers Leïmy qui reprit sa dague.
Un sifflement furieux parcourut l'assemblée de vargos. Comme si ils obéissaient à un ordre silencieux, les créatures se jetèrent sur Leïmy qui les reçut avec ses lames en avant.
D'un seul mouvement, elle ouvrit la gorge de trois vargos qui avaient eu la mauvaise idée de lui sauter dessus. Sans même se retourner, se guidant uniquement au son, elle tua une quatrième créature venant derrière elle. Elle fit volte-face en retirant sa lame pour la planter dans la poitrine du vargo d'à côté. Ne laissant pas son dos à découvert, elle tendit le bras derrière elle et trancha deux gorges à l'aveugle.
La mercenaire tournoyait sur elle-même avec ses dagues dressées devant elle, créant une barrière mortel d'acier au pied de laquelle s'amoncelaient déjà de nombreux cadavres de vargos mais ceux-ci ne se décourageaient pas, au contraire.
Plus leurs congénères périssaient sous les lames de Leïmy, plus ils s'enrageaient et devenaient violents. Sans compter qu'il en arrivait sans cesse des galeries alentours mais le surnombre ne paniquait pas Leïmy. Comme toujours en combat, elle restait calme, sereine, gardait son sang-froid et ne laissait pas de pensées parasites envahir son esprit. Elle ne pensait qu'aux coups à porter pour tuer, à ses esquives, à ses mouvements.
Tant que les vargos ne s'approchaient pas d'elle, demeurant de l'autre côté de ses lames, elle n'avait aucune raison de s'inquiéter mais le sang des vargos coulait le long des manches et poissait ses paumes et la poussière soulevée par l'affrontement opacifiait sa vue, surtout qu'elle n'était pas particulièrement habituée aux combats en espace restreint.
Les vargos se tassaient autour d'elle et la mercenaire commençait à ne plus savoir où donner de la tête.
Elle s'énerva mentalement contre elle-même. Elle réfléchissait trop. Elle ne devait pas se questionner sur la prochaine créature à abattre mais parer au plus pressé. Menant cette réflexion sans cesser de se battre, elle laissa les rênes à son instinct, devenant uniquement un amas de réflexes et de muscles tendus.
Chaque coup de dagues emportait une vie. À peine l'une de ses lames s'enfonçait-elle dans un corps qu'elle la retirait vivement pour sectionner une jugulaire ou transpercer une poitrine.
Ses brusques mouvements traçaient des arabesques de gouttelettes de sang qui tachaient les murs en une fresque terrible.
Alors qu'un vargo se servait d'un autre comme marche-pied pour gagner de la hauteur et bondir au visage de Leïmy qui l'élimina sans difficulté, un autre se montra moins stupide que ses semblables.
À deux mains, il saisit la longue chevelure de la mercenaire qui virevoltait autour d'elle comme des serpents furieux. Le vargo tira, freinant Leïmy dans son geste meurtrier. La jeune fille poussa un petit cri de surprise, ne s'attendant pas à ça. Elle jeta un rapide regard par-dessus son épaule et émit un grognement en découvrant un petit monstre s'acharner sur ses cheveux.
Mettant très vite une stratégie simple au point, elle permit à un vargo de venir un peu plus près que les autres et lui planta sa lame en travers de la gorge, le clouant au sol.
Elle abandonna son arme pour dégainer un poignard de lancée et l'envoya sur la créature qui serrait toujours ses cheveux entre ses affreuses mains. Il ne vit pas le couteau arriver et le reçut au milieu de la poitrine. Il hoqueta puis s'affaissa mais sans lâcher la chevelure de nuit. Leïmy grommela, déconfite. Elle ne pouvait se défendre efficacement avec ce poids mort accroché à ses cheveux.
N'ayant pas besoin de réfléchir durant des minutes, elle rejeta son corps en arrière comme pour effectuer une souplesse arrière. Elle leva le pied droit pour repousser un vargo qui se fracassa le crâne contre les pierres du mur. Utilisant toute sa souplesse, elle sacrifia quelques centimètres de sa chevelure, tranchant les mèches juste au-dessus des mains de la créature.
En se redressant, elle égorgea deux vargos d'un même geste sur son côté droit. Elle bondit au-dessus des créatures, qui la suivirent du regard, se réceptionna en roulant sur son épaule et récupéra sa dague toujours fichée dans la gorge du vargo.
Elle n'eut pas le temps de se relever et ce fut donc à genoux qu'elle continua à combattre. Le sang n'aspergea plus que son pantalon mais aussi son visage.
Profitant qu'elle était au sol, elle faucha les jambes de plusieurs créatures de la sienne avec un large mouvement semi-circulaire. Trois vargos succombèrent à l'impacte de leurs crânes contre les dalles et Leïmy acheva les deux derniers. Elle se retrouva le nez contre le mur de gauche.
Elle se retourna pour esquiver un coup de griffes. Pour éviter que le vargo ne recommence, elle lui trancha la main puis la carotide.
La mercenaire se traita silencieusement de tous les noms. Elle aurait dû faire attention. À présent qu'elle trouvait plaquée contre le mur, elle était beaucoup moins libre de ses mouvements. Quelle idiote !
Elle poignarda un vargo s'approchant un peu trop près mais, son espace étant réduit par la paroi, elle ne put enchaîner comme elle le souhaitait et dû se contenter de ramener son bras. Elle s'écarta vivement pour esquiver un des monstres qui la chargeait tête baissée. À la place de la mercenaire, il entra en collision avec la mur, s'assommant à moitié. Leïmy le coinça sous son bras avant qu'il ne retrouve ses esprits et lui enfonça sa dague à deux reprises dans la poitrine avant de libérer ce qui était devenu un cadavre.
Finalement, peut-être que ce mur n'était pas si problématique.
Elle chassa l'une des créatures d'un coup de pied mais, contre toute attente, le vargo referma ses longs doigts autour de la cheville et mordit la chaussure. Les épaisses dents carrées entamèrent le cuir de la botte mais pas la peau en dessous.
Pour la première fois depuis qu'elle savait se battre, Leïmy fut stupéfaite. De vrais enragés !
La mercenaire leva son pied violemment, brisant une dent au vargo qui recula, sonné.
Raffermissant sa prise sur ses dagues, elle se jeta en avant, les bras écartés. Les lames pénétrèrent toutes deux la gorge de deux créatures. Abandonnant ses armes, elle terminant en roulade, dégaina une nouvelle lame et tua le vargo lui faisant face.
Elle vacilla un court instant et dut se rattraper au sol pour ne pas chuter. Se retournant sur sa gauche, elle égorgea encore une créature.
Elle avait perdu le compte du temps et des cadavres qui s'entassaient autour d'elle.
Elle remarqua alors qu'elle était essoufflée et qu'elle tremblait. La mercenaire jura. Ne sentant pas la douleur, elle ne s'était pas aperçut de son épuisement. Si elle continuait comme cela, elle risquait la blessure idiote.
À peine eut-elle cette pensée qu'un vargo lui sauta sur le dos et, cette fois, elle ne parvint pas à l'esquiver. Il la mordit à la clavicule. Leïmy grogna, d'agacement, pas de douleur.
Elle se retourna et recula de quelques pas jusqu'à écraser la créature entre le mur et son dos. Assommé, le vargo la lâcha et glissa au sol. Leïmy l'acheva d'un coup de dague.
Elle s'adossa contre les pierres, le souffle court. Elle vérifia que la blessure n'était pas trop profonde en y glissant les doigts mais elle n'eut guère le temps d'examiner la gravité de ses plaies. Elle était attaquée en tous sens et les adversaires qu'elle éliminait étaient cesse remplacés par de nouveaux débordant de hargne.
Se résignant, Leïmy se dit que, pour survivre, il valait mieux qu'elle abandonne ce combat. Cela la contrariait fortement car elle détestait fuir un affrontement surtout lorsque c'était contre des êtres aussi stupides.
Elle rengaina ses armes, en laissant trois sur place, esquiva un coup puis prit son élan. Elle bondit à nouveau par-dessus les petits monstres et atterrit sur l'un d'entre eux, l'écrasant sous son poids. D'un violent coup d'épaule, elle écarta un vargo pour se libérer le chemin. Elle sortit à nouveau une arme pour éliminer ceux lui barrant le passage. Un dernier bond souple et parfaitement calculé et elle réussit à sortir de l'assemblée de vargos.
Sans attendre, elle s'élança en espérant que son corps tiendrait le coup malgré sa fatigue. Ses pas soulevaient de la poussière derrière elle. Les vargos se lancèrent à sa poursuite en piaillant, quittant les lieux de l'affrontement où gisaient des dizaines et des dizaines de cadavres ensanglantés.
Sans ralentir dans sa course, Leïmy jeta un coup d'œil à ses poursuivants. Ils se déplaçaient à quatre pattes par des bonds rapides. Certaine couraient même sur les murs en s'accrochant aux rainures entre les pierres avec leurs ongles.
Laissant la prudence de côté, Leïmy redoubla de vitesse, tirant sur ses muscles. Elle sentait son sang bouillir de l'envie de se battre. Le fait de fuir l'enrageait. Elle haïssait ce qu'elle était en train de faire mais, entre sa survie et sa fierté, elle choisissait la première.
Elle arriva à un carrefour. Pas le temps de réfléchir ou d'hésiter. Elle s'engagea à droite sans attendre. Les vargos la suivirent en piaillant de plus belle.
La mercenaire jura. Visiblement, la fuite ne suffisait pas à se débarrasser des créatures alors comment faire ? Elle songea un instant à utiliser ses pouvoirs pour les stopper mais elle avait besoin de calme pour faire remonter sa magie et également de s'immobiliser pour se concentrer et dans les circonstances actuelles, c'était purement impossible. Elle ne put qu'accélérer encore.
Elle leva la tête et découvrit que les vargos se déplaçaient sur les murs mais aussi au plafond et ils gagnaient du terrain sur elle.
Soudain, une des créatures se détacha du plafond pour s'abattre sur les épaules de Leïmy qui manqua de trébucher. Elle ne stoppa pas ni ne ralentit. Elle parvint à attraper le vargo par la peau du cou et elle tenta de l'arracher de son dos mais il résista. Il enfonça ses ongles dans la chair de la mercenaire, y traçant des sillons sanglants.
Se moquant de la douleur que, de toute manière, elle ne ressentait pas, Leïmy tira le vargo vers le haut, lui faisant lâcher prise mais élargissant également ses plaies. Toujours sans freiner, elle jeta la créature devant elle avec une force pleine de rage. Le vargo dérapa dans la poussière et alla se perdre dans l'obscurité.
Il y eut d'effroyables hurlements de souffrance suraiguës suivis d'une odeur nauséabonde de chair carbonisée. Les vargos s'immobilisèrent tous et regardèrent autour d'eux comme si ils venaient juste de s'apercevoir de l'endroit où ils se trouvaient, ce qui était effectivement le cas. Une expression de crainte descendit sur leur visage déformés et Leïmy crut distinguer un frisson de peur les parcourir.
D'un même mouvement, ils firent demi-tour et s'enfuirent en poussant des cris affolés. Leïmy les regarda faire, à la fois soulagée et surprise.
Elle attendit de plus entendre le moindre piaillement avant de se relâcher. Elle s'assit à terre en cherchant à reprendre sa respiration. Ce combat était parmi les plus éprouvants, ce qui la contrariait.
Ne pouvant voir ses blessures là où elles se situaient, elle dut y enfoncer les doigts pour en estimer la profondeur. Les griffures n'étaient que superficiels mais quelques lambeaux de peau pendaient autour. En revanche, la morsure serait difficile à soigner. Les dents carrées avaient broyé la chair sur un demi-centimètre, heureusement sans toucher les os ou l'artère.
La jeune fille fouilla dans son sac pour en sortir sa troisième chandelle qu'elle alluma, ayant perdu la précédente dans l'affrontement et la faible clarté émanant de quelques mètres plus loin dans le couloir ne lui suffisait pas pour panser ses blessure bien qu'elle lui ait permis de distinguer les vargos durant sa fuite.
La lumière lui fit découvrir toutes les traces de sang qu'elle avait laissées derrière elle. Elle fut rassurée en constatant qu'elle ne saignait pas abondamment. Elle appliqua de généreuses couches d'onguent sur ses blessures après les avoir nettoyées à l'eau mais elle ne put les bander et dut se contenter de ces soins. Elle en profita également pour vérifier son bras droit qui avait cessé de saigner et qu'elle recouvra d'une nouvelle dose d'onguent avant de refaire le bandage.
Elle ne se remit pas en route immédiatement, préférant se reposer un peu car elle devinait que ce qui avait effrayé les vargos ne serait pas simple à affronter.
Elle appuya l'arrière de son crâne contre les pierres et interrogea son corps. À part ses muscles fatigués par le long combat, elle ne détecta rien qui pourrait l'inquiéter. Elle devait seulement faire attention à ne pas trop tirer sur ses blessures pour éviter des les aggraver ou de les refaire saigner.
Elle but une gorgée d'eau et grignota quelques biscuits secs et épicés. Tout en mangeant, elle repensa à ce que Iléany avait dit la veille de l'épreuve. "Les dieux savent ce qu'ils font"... Peut-être avait-elle raison en fin de compte puisque l'entraînement qu'elle avait subi durant sa vie lui avait permis de survivre aux pièges qu'elle avait déjà rencontrés. Dévlin, par exemple, serait déjà mort. Certainement aurait-il pu déjouer la magie du vent mais il aurait été découpé par les lames de la pièce meurtrière.
Quittant ses réflexions, elle se releva, réajusta la bandoulière de son sac et reprit son chemin, la chandelle à la main.
Elle remarqua les traces laissées par le vargo dans la poussière du souterrain. À mesure qu'elle avançait, l'odeur de chair brûlée devenait de plus en plus présente et insupportable. Leïmy se masqua le bas du visage pour ne plus respirer ce miasme écœurant.
Elle arriva dans une salle et la vive clarté qui y régnait l'aveugla un instant. Lorsque les taches sombres cessèrent de danser devant son regard, elle découvrit un spectacle incroyable. Le corps carbonisé du vargo gisait là, à quelques mètres de l'entrée. Le reste de la pièce était rempli d'éclairs. Il y en avait des dizaines en tous sens et grésillant en permanence. Les murs étaient peints de lignes écaillées d'une teinte qui avait dû être jaune vif.
Leïmy réfléchit et se souvint, l'environnement aidant, que c'était la couleur de la magie de la foudre, représentée par un éclair jaune, comme l'insigne que portait le Capitaine Sulfurd sur son uniforme de soldat. Leïmy secoua la tête. Ce n'était vraiment pas le moment de penser à ça.
Elle examina les bras de foudre et plus particulièrement les écarts qu'il y avait entre eux. De cette manière, elle parvint à repérer le trajet le plus sûr pour traverser la salle. Elle aurait besoin de toute son agilité et sa souplesse mais ce devrait être à sa portée. Cela serait un peu comme les exercices qu'elle effectuait en secret lorsqu'elle était une apprentie de la guilde. Elle se déplaçait entre les blocs de pierres effondrés des ruines d'Elkbo avec la vivacité d'un félin.
Elle réussirait sans trop peine.
Elle écarta le cadavre du vargo qui risquait de la gêner, éteignit sa chandelle avant de la ranger, ferma son sac et échauffa son bras blessé. Elle resserra également le bandage nouant sa chevelure et s'engagea dans la pièce.
Ses cheveux commencèrent à s'ébouriffer en flottant autour de son crâne à cause de l'immense quantité d'électricité contenue dans la salle.
Elle se glissa sous un premier éclair à quelques centimètre des dalles puis elle se releva de moitié, restant accroupie à cause de celui se trouvant juste quelques millimètres plus haut. Elle passa un bras par-dessus un éclair et amena lentement le reste de son corps de l'autre côté.
Elle se retourna vers l'entrée et la trouva bien plus proche qu'elle ne le pensait. Seulement deux mètres de parcourus.
Revenant sur le chemin lui restant à faire, elle s'étira les bras avant de continuer. Ses deux membres supérieurs enjambant un nouveau trait de foudre, elle transféra son poids sur ses mains posées à plat sur le sol. Restant un instant à la verticale, elle pivota d'un quart de tour et laissa doucement retomber ses jambes l'une après l'autre de l'autre côté d'un éclair supplémentaire.
À présent, elle était plaquée contre le mur est et entourée de foudre. Se collant encore davantage aux pierres, elle grimpa sur quelques centimètre en se servant des rainures comme prises. Les genoux remontés contre la poitrine dans une position inconfortable, elle se déplaça sur un mètre de côté. Elle lâcha et atterrit souplement, une main à terre. =
D'un bond souple, elle s'approcha de deux éclairs parallèles, faciles à franchir. Deux souplesses arrières plus tard, ils n'étaient plus un problème.
Elle s'arrêta quelques minutes pour étudier le reste du parcours et constater que sa progression. Elle avançait bien sans trop de difficultés. Elle ne devait pas perdre le rythme mais le prochain passage promettait d'être bien plus compliqué.
La foudre s'enchevêtrait en un étrange bouquet. Se pliant en deux, elle conserva son équilibre d'une paume au sol, passa la seconde par-dessus l'un des éclairs, se retourna, le visage face au plafond. Elle leva la droite gauche entre deux éclairs. Elle passa la gauche sur la première qu'elle dégagea brusquement pour la conserver en l'air, tendue entre les deux traits de foudre. Elle se retourna à nouveau, déplaçant son bras droit. La pose aurait pu être artistique si elle n'avait pas été aussi incommodante.
Soudainement, elle retira ses appuis et retomba lourdement au sol. Elle ressentit l'impact avec les dalles mais il ne fut absolument pas douloureux.
Enchaînant rapidement ses mouvements, elle rampa sur le dos sous une ligne grésillante. Sans se retourner, elle se releva en prenant aussi bien appui sur ses mains que sur ses pieds et enjamba l'éclair le plus proche en se tournant de trois quarts.
Son bras droit se retrouva à supporter seul tout son poids mais elle ne s'en soucia pas jusqu'à ce que son membre commence à trembler. Il lâcha avant que Leïmy n'ait pu terminer son mouvement. Elle tenta de se déporter sur le côté et chuta sur le sol plutôt que sur la foudre mais sa jambe gauche traîna sur la trajectoire initiale.
Ne sentant pas la souffrance, elle ne comprit qu'elle avait été touchée que lorsqu'elle sentit l'odeur de cuir et de chair brûlés. Elle retira vivement son mollet. Elle jeta un rapide coup d'œil à sa blessure. La brûlure ne semblait pas trop profonde mais elle examinerait ça plus en détails lorsqu'elle serait sortie de cette salle.
Il ne lui restait que trois mètres à parcourir.
Prenant le maigre élan que lui permettait le peu d'espace entre deux éclairs, elle bondit en se mettant à l'horizontale en tournoyant en l'air. Elle atterrit aussi souplement que les fois précédentes.
Plus que deux éclairs à passer. Ils étaient très rapprochés mais elle devrait s'en sortir, comme toujours.
Elle se faufila sous le premier mais ne put que sortir de moitié avant d'être stoppée par le deuxième. Alors que ses jambes étaient toujours à terre sous le premier, elle redressa le torse pour passer les bras par-dessus le second. Elle ramena prudemment ses genoux puis tendit les jambes d'un petit bond.
Elle soupira, se faisant la remarque que la position dans laquelle elle se trouvait mettait trop son fessier en valeur. Heureusement qu'elle était seule.
Elle bascula son poids vers l'avant et fit une roulade.
Un sourire victorieux sur le visage, elle se retourna vers le champs de foudre. Un piège en moins. Elle aurait bien aimé connaître le nombre de ceux lui restant à franchir.
Cette pensée en tête, elle quitta la salle. Elle s'éloigna dans l'obscurité et ne s'arrêta que lorsque la lueur des éclairs disparut derrière elle.
Comme cela semblait être la coutume à chaque fois qu'elle triomphait d'une de ces embûches, elle s'assit dans la poussière. Elle posa son sac à côté d'elle et chercha sa chandelle entamée. La cire fondue avait taché la toile avant de durcir en refroidissant. Elle sortit son briquet de sa poche.
En le prenant, elle fit tomber quelque chose qu'elle n'identifia pas dans l'obscurité. Elle enflamma la mèche de la bougie qu'elle installa au sol. Grâce à la lumière, elle constata que ce qui s'était échappé de sa poche était le cheveux de Negg. Elle les ramassa et les rangea précieusement.
Maintenant, elle devait s'occuper de sa brûlure. Une partie du cuir avait brûlé, dévoilant la peau rougie mais pas dépourvue de cloques. La blessure n'était pas très grave. Heureusement.
Pour la troisième depuis son entrée dans ce fichu souterrain, elle déboucha un de ses flacons d'onguent cicatrisant. Avant de l'appliquer, elle retira sa botte et remonta le bas de son pantalon. Elle banda aussi sa brûlure.
Profitant de son arrêt, elle vérifia à nouveau ses autres plaies. Sa bouche se tordit lorsqu'elle constata que de la poussière s'était collé au baume recouvrant la morsure et les griffures. Avec un poignard, elle découpa un morceau de bandage qu'elle imbiba d'eau pour s'en servir comme d'un chiffon avec lequel elle nettoya la couche de pommade salie par la poussière. Elle peina à atteindre parfaitement les entailles situées dans son dos, comme un peu plut tôt.
Son bras droit avait recommencé à saigner légèrement. Elle stoppa l'hémorragie en comprimant la plaie.
Elle termina en recouvrant à nouveau ses blessure d'onguent. Elle remit sa botte et son pantalon en place.
Elle préféra boire pendant qu'elle était tranquille puis elle repassa la bandoulière de son sac en travers de sa poitrine et se remit en route.

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 5 : Divinité Temporelle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant