Chapitre 3

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Vargram avait cessé de compterl es jours qu'il passait à marcher dans cet environnement aride qu'était le désert de Soow et il n'en pouvait plus. La sueur collait ses vêtements à sa peau et le faisait claquer des dents lorsque descendait le froid de la nuit. Le sable se glissait aussi bien dans ses bottes que dans ses yeux. La marche dans les dunes était affreusement fatigante. Les courbatures torturaient ses muscles à longueur de journée. La chaleur lui coupait l'appétit mais sa gorge était toujours trop sèche.
Heureusement que Molwen le protégeait de ses pouvoirs d'esprit, sinon, il n'imaginait pas dans quel état il aurait été.
Il devait bien avouer que, au-delà des services qu'elle lui rendait, il appréciait la présence de l'adolescente décédée et ce malgré son caractère grognon. Il n'aurait certainement pas tenu si il avait été seul dans ce désert.
Le soulagement d'avoir de la compagnie, bien qu'énorme, ne lui faisait pas perdre de vue son objectif, la raison pour laquelle il avait pris tant de risques. Il voulait retrouver son anneau, celui que lui avaient dérobé Leïmy et Negg avant de traverser la Mer Désertique.
Tout à ses pensées et la fatigue aidant, Vargram ne prêta plus attention à où et comment il mettait les pieds si bien qu'il se les emmêla et qu'il s'écrasa sans grâce sur la pente de la dune qu'il gravissait.
Molwen se retourna en entendant le jeune noble s'enfoncer dans le sable. Comme elle le guidait, elle progressait en tête.
Elle revint donc sur ses pas pour se remettre à la hauteur de Vargram. Elle se pencha vers lui et lui lança :

« Et bah ! Fais attention à l'endroit où tu marche !

Pour seule réponse, Vargram émit un grognement plus proche de celui d'un vieux chien que de celui d'un homme. Molwen leva leva les yeux au ciel.
Ces vivants, tous les mêmes ! Ils étaient encore pires lorsqu'ils avaient une haute naissance mais l'esprit de l'adolescente devait bien avouer que Vargram était plus combatif et solide que la plupart des aristocrates qu'elle avait croisés de son vivant.
Le fantôme focalisa les pouvoirs qu'elle avait gagnés en devenant une âme errante et les utilisa pour relever Vargram. Ce dernier se laissa immédiatement retomber sur son matelas de sable dès que la magie de Molwen se retira.
L'esprit ne fit pas de nouvelle tentative, agacée par le soudain défaitisme de Vargram. Elle l'abandonna sur place mais pas définitivement. De toute manière, elle ne le pouvait pas puisque Vargram avait le talisman et qu'il pouvait l'invoquer à tout moment.
Au lieu de retourner s'enfermer dans sa prison volontaire, l'esprit préféra terminer de monter la dune.
Lorsqu'elle parvint au sommet, elle écarquilla ses yeux transparents. Si son corps n'avait pas été intangible, elle se serait pincé pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas.
Elle retourna sur le champs auprès de Vargram à qui elle ordonna :

- Allez, debout !

Dissimulé sous ses longs cheveux blonds, Vargram grogna à nouveau sans bouger.
Utilisant à nouveau sa télékinésie, Molwen lui envoya une giclée de sable au visage. Vargram se redressa vivement en toussant.
Retrouvant son côté irritable que lui donnait son arrogance et que l'épuisement avait estompé, il frappa du poing sur le sol et rugit :

- Dis donc toi ! Dois-je te rappeler que je peux te priver de liberté dès que je le souhaite alors ne me provoque pas ! N'oublie pas que, en un sens, je suis ton maître !
- Range ta souveraineté dans ta poche et viens par là. Je crois avoir découvert quelque chose qui te motivera de nouveau.

Vargram grommela mais suivit Molwen, n'aurait-ce été que pour qu'elle le laisse tranquille.
Il gravit la dune à la suite de l'esprit et, tout comme elle avant lui, il resta hébété.
Lorsque l'apprenti magicien qui l'avait transporté dans le désert de Soow lui avait confié que celui-ci était habité, Vargram avait imaginé un groupe nomade vivant dans des tentes, à la rigueur, un petit bourg envahi de sable et balayé par le vent, mais il ne s'attendait certainement pas à découvrir une immense cité nichée au cœur du désert et faisant au moins deux fois la taille d'Orquia.
Vargram se tourna vers Molwen et lui demanda :

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 5 : Divinité Temporelle [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant