chapitre 38

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MALICK NDIAYE

Je suis architecte et j’ai mon propre cabinet, mais avec Séba, on a eu l’idée de créer une entreprise de construction, parallélement.

C’était mon projet mais avec le cabinet, j’avais du mal à le mettre sur pieds et Séba a proposé de participer et on l’a monté ensemble.

C’est ainsi qu’il s’est retrouvé avec quarante pour cent des parts, ce qui représente une grande fortune car l’entrprise fait parties des meilleures et des plus sollicités dans le pays. C’est une affaire très prospére et surtout d’une grande utilité pour moi.

Seba était mon ami, on s’entendait bien et passait beaucoup de temps ensemble. Quand j’ai vu Yaka la premiére fois, on était ensemble. Je ne savais pas qu’ils se connaissaient, je lui ai dit que si la fille qui venait vers nous habitait dans le quartier, je ne resterai pas célibataire plus longtemps.

Il s’est trouvé qu’il la connaissait et il me l’a présenté. Je lui ai alors dit qu’elle me plaisait et son visage a aussitôt changé d’expression.

C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à prendre de la distance, lui surtout car il ne supportait pas que j’ai même des relations de bons voisins avec Yaka.

Mais côté boulot, il a toujours su faire la part des choses, aux réunions, on se parlait peu mais il approuvait toujours mes décisions. Et depuis qu’il est mort, je gérais seul l’entreprise en attendant mais sa mère ainsi que Philipe, son cousin et avocat, étaient au courant de tout la concernant.

D’autres parts, Yaka faisait toujours ses cauchemars avec Seba. Ça la réveillait des fois, d’autres fois, ça l’agitait en plein sommeil.

Moi ça me mettait quelques fois dans une colère noire quand elle se réveillait en sursaut car ce n’est pas évident de dormir avec sa femme et qu’elle rêve de son ex mort, surtout quand on sait le genre de relation qu’ils entretenaient tous les deux.

Je me dis sans cesse que l’on n’aurait jamais été ensemble elle et moi si ce dernier n’était pas mort. Et j’en devenais malade. Car même si j’ai honte de me l’avouer moi-même je suis jaloux de Séba, même mort car Yaka ne semble pas l’oublier. Sinon pourquoi il hanterait toujours ses nuits alors qu’elle dort dans mes bras ?

J’aime Rokhaya et le besoin d’être avec elle était tellement fort que je n’ai pas su analyser certains paramètres.

Je ne sais pas si vous avez déjà eu l’impression d’aimer une personne à tel point que vous avez l’impression que votre survie dépend de sa présence dans votre vie de tous les jours ; à tel point que le seul fait qu’elle fasse partie de votre vie vous donne l’air que vous devez respirez au quotidien pour vivre ?

C’est ce que je ressens pour Yaka. Je l’aime comme si ma vie en dépendait. Et aujourd’hui, beaucoup de choses me reviennent à l’esprit et se dresse comme un iceberg dans ma tête sans que je n’y puisse rien.

Parce que voilà que Séba refait surface dans nos vies, à moi et Rokhaya et je ne sais pas comment elle va réagir face à tout ça. Je sais qu’elle a beaucoup muri, qu’elle sait encaisser les choses, mais tout ce qui touche à Séba la perturbe toujours, aussi minime soit-il même si elle me le cache mais je lis en elle comme dans un livre ouvert.





ROKHAYA AÏCHA KA

Malick ne m’a rien dit de plus qu’ « il semblerait que mes cauchemars ne suffisent plus à Séba pour continuer à se dresser entre nous ».

J’ai essayé d’en savoir plus mais rien. Car dés qu’il s’agit de Séba, il s’emporte. Quelques fois, il me donne l’impression d’être plus jaloux que Séba et que leur seule différence est qu’il sait gérer ça. Si Séba utilise les coups, Malick sait me blesser avec ses mots et ça, ça fait plus mal encore.

Je me demande bien de quoi il s’agit ?

Ça doit être en relation avec leur affaire commune vu que Malick m’a demandé de venir à son bureau mais je ne sais pas pourquoi moi, quel rapport ai-je avec ça ? J’espère juste que ce n’est pas Tita qui s’en occupe car je n’ai pas le courage de lui faire face.

C’est le chauffeur du cabinet qui vient me chercher, c’est pas si loin que ça mais bon…

Je ne viens pas souvent ici. Je peux compter sur le bout des doigts le nombre de fois que je suis venue.

-bonjour Mme Ndiaye. Comment allez vous ? Ça fait longtemps.

-je vais bien merci Mme Sylla. Et vous ? Ça fait longtemps oui mais khamga rek ligeey bi, répondis-je à l’assistante de Malick. Mon mari est là ?

-il vous attend en salle de réunion. Allez y.

Je pénètre la salle et dés qu’il me voir, il se lève et vient jusqu’à moi. Il y a deux autres hommes avec lui et je manque de tomber lorsque l’un d’eux se retourne pour me regarder.

Mon Dieu !

Si je n’avais pas vu Séba quand il est mort, je jurerai que c’était lui.

Les deux hommes se levèrent. J’avais du mal à cacher mes émotions, ma nervosité ou je ne sais quel sentiment. Je tremblais et mes mains devinrent moites sur le champs. Je voulais m’assoir. Mon ventre me faisait mal.

-je vous présente mon épouse, Rokhaya Aïcha Ka. Chérie, je suppose que tu connais Robert, le frère de Séba et l’autre, c’est Philipe, leur cousin.

-ravi de pouvoir enfin te rencontrer Rokhaya. On s’est déjà parlé au téléphone mais on ne s’était jamais vu. Comment tu vas ? Fit le frère de Séba en me serrant la main.

-le plaisir est partagé Robert. Je vais très bien. Et toi Philipe, comment tu vas ? Ça fait longtemps, fis-je en me tournant vers ce dernier.

-Rokhaya, ça fait vachement longtemps dis donc. Je pensais que tu n’étais plus là. Mais je vois que tu vas bien, tu es toujours aussi ravissante, me dit Philippe en me faisant la bise.

Je connais Philipe. Il travaillait avec Seba, c’était son avocat mais aussi son cousin et c’est comme ça qu’on avait sympathisé car je le voyais beaucoup quand j’allais à leur bureau mais après la mort de Séba je n’avais plus eu de ses nouvelles.

Robert, lui, on ne s’est jamais vu, mais on s’était déjà parlé au téléphone. Il vivait en Angleterre où il était marié à une anglaise. La première fois que je l’ai vu en photo avec Séba, j’avais cru qu’ils étaient jumeaux parce qu’en fait c’était la même personne, mais Robert était âgé de quinze mois de plus que Séba. Puis, il me l’avait présenté au téléphone et il avait été sympa mais je l’avais complétement oublié. Il était là au décès de leur papa à ce que Seba m’avait dit mais en ce temps là, on était séparé donc j’ai pas pu le voir, mais pas quand Seba est décédé, je ne l’ai pas vu à la messe.

Je me demande bien ce qu’ils me veulent maintenant. Malick avait remarqué que je n’étais pas dans mon assiette, il me souffla alors

-tu vas bien?

-j’ai un peu mal au ventre mais ça va passer, répondis-je en prenant de l’eau.

Robert n’avait pas arrêté de me regarder depuis qu’il m’a vu. Ce qui me gênait fort bien et Malick l’avait remarqué car ses yeux valsaient entre ce dernier et moi.

-bon je pense qu’on peut commencer pour ne pas perdre du temps, fit Malick.

-oui tu as raison. Voilà, ce qui nous amène en fait c’est que Rokhaya tu n’es pas sans savoir que mon frère avait des affaires avec Malick ?

Je fis oui de la tète en regardant ce dernier.

-eh bien il t’a légué sa part de l’entreprise de construction et je suis là pour m’occuper de ça, afin que tu rentres dans tes droits.

-mais pourquoi moi ? Demandais-je assez étonnée car je ne comprenais pas.

Pourquoi Séba m’aurait légué à moi sa part de l’entreprise avec Malick si son plus grand problème avait été de me voir avec ce dernier. Et à quel moment y a t-il pensé ? Pour quelle raison ? Et pourquoi maintenant, après plus de deux ans ? Ça n’a pas de sens.

-c’est ma mère qui avait bloqué tout ça. Je n’étais pas au courant. J’étais au Brésil quand mon frère est mort et je n’ai pas pu être là à temps. Quand je suis venu, je n’avais pas eu le temps de régler ses affaires. Puis je suis revenu, Philipe m’a mis au courant de ça, je t’ai cherché mais apparemment tu avais disparu. Récemment je suis venu voir Malick pour lui parler de cela et c’est là qu’il m’a dit que vous étiez marié. J’ai donc décidé d’en finir avec cette histoire. Je veux que les dernières volontés de mon frère soient respectées et je sais que celles là en particuliers lui tenaient à cœur.

-je ne comprends pas. Comment se fait-il que je sois légataire des actions de Séba dans l’entreprise de Malick alors qu’on n-était pas marié. Ou bien savait t-il peut être qu’il allait mourir ? Car je ne comprends pas son empressement. Pourquoi m’aurait-il légué ses actions ? En plus, il ne m’en a jamais parlé.

-il avait changé son testament huit mois avant sa mort et c’est moi-même qui l’avait rédigé. Il en parlait sans cesse et a fini par le faire. En plus de ça, il te lègue aussi sa maison qui se trouve au Lac Rose, et une autre qu’il a dit que toi seule connaissait et qu’on avait pas besoin de savoir où de comprendre. Pour celle là, il a dit que tu saurais où se trouvent les papiers qu’il avait déjà mis à ton nom ; renchérit Philippe. Donc, nous sommes là pour régler cela. Désolée d’avoir attendu si longtemps mais comme te l’a expliqué Robert, c’est ma tante qui bloquait tout cela et c’était difficile pour moi de faire quoi que ce soit surtout que Robert n’était pas là.

-ok…mais ai-je le droit de renoncer à cet héritage ? Demandais-je pressée d’en finir avec ça.

Philipe poussa un gloussement presque inaudible. Ce que j’eus du mal à déchiffrer.

-à moi, il m’en avait parlé parce qu’il était sur de vous deux, de votre relation. Il voulait que tu sois à l’abri. Maintenant, tu es libre de vendre ou de donner en charité ces actions ainsi que les maisons mais elles sont à toi. Il nous faut juste ta signature et c’est fini. Après tu verras quoi en faire mais réfléchis bien surtout pour la part de l’entreprise. Je ne pense pas que ton mari aimerait avoir un associé étranger dans sa boite. N’est ce pas Malick ? Lui Demanda t-il.

Malick assistait à tout ça, doigt posé sur la tempe, en silence. Je ne savais pas à quoi il pensait.

Il se releva et  se racla la gorge.

-la décision finale lui appartient. Si elle veut les accepter, elle le fera sinon, je ne vois pas ce qu’on pourra faire. Laissez la y réfléchir.

-Non Malick, c’est tout réfléchi mais je ne veux pas.

Je ne sens pas trop ce truc là. Pourquoi me faire part de ce legs de Seba plus de deux ans après sa mort ? Je n’ai pas envie d’avoir encore Tita sur mon dos bien que je sache que je ne me laisserai plus faire. Mais, pour le moment, je veux m’occuper de ma grossesse, de mon mari, de mon ménage, rien d’autre. Je ne veux même pas entendre parler de la famille de Séba.

Robert se leva, suivi de Philipe.

-bon, je suis là pour deux semaines encore. Je repars avant de revenir pour de bon d’ici trois mois. Et j’aimerai régler ce problème avant de rentrer donc appelle moi quand ta décision sera prise. J’ai gardé le numéro de Séba. Malick, à bientôt.

-au revoir Rokhaya. Prends soin de toi, me dit Philipe.

Malick les raccompagna avant de revenir me voir.

-tu as toujours mal au ventre.

-oui un peu.

-ok, je t’amène à la maison, tu vas te reposer. Et si ça va pas, on ira à l’hôpital.

Il me déposa à la maison. Le silence dans la voiture se fit naturel. Il ne parlait pas…moi non plus. Et je ne savais pas pourquoi.

Arrivé à la maison, il m’aida à me mettre au lit parce que j’avais vraiment mal au ventre avant de repartir.. Je ne voulais pas dormir. Je n’en étais pas capable. J’étais troublée.

Séba, pourquoi tu ne me laisses pas être heureuse pour l’amour du ciel ? Pourquoi refuses tu de me laisser vivre ? dis-je entre les dents.

J’avais mal mon Dieu, très mal. Ma douleur refait surface. Il est vrai que je ne pensais plus obsessionnellement à lui, me demandant pourquoi il est parti ou pleurer parce que je ne voulais voir que lui, être avec lui. Mais lorsque je me suis mariée, je me suis efforcée à le libérer de mon esprit, ne pensant à lui qu’occasionnellement, lorsqu’une action ou un geste me ramenait à lui sans que je ne le veuille.

Et là, avec cette histoire, il ne fait pas plus ni moins que me troubler. Pourquoi Sebastien, pourquoi ?

Malick rentra assez tard aujourd’hui. Il avait la mine des mauvais jours. Il me trouva au salon, me demanda comment j’allais, si mon ventre ne me faisait plus mal.

-non je vais bien maintenant. J’étais juste sonnée.

-je vois oui, me répond t-il avant de se lever et d’aller dans la chambre.

Je le suivis, il prit sa douche, dirigea la prière puis je servis le diner. Il dina peu et en silence.

-Malick, je voudrai qu’on parle de cette affaire d’héritage stp, lui dis-je après le diner.

-euh…je suis fatigué aujourd’hui et j’ai pas la tête à parler de ça. En plus, je pense que y a rien à dire, la décision te reviens.

-et je suppose que c’est la fatigue qui te met dans cet état ?

-quel état ?

-tu reviens du travail avec une tête d’enterré, tu ne parles pas, ne manges pas et ne veux pas parler d’une chose qui te concerne beaucoup plus qu’elle ne me concerne moi car il s’agit de tes affaires.

-et toi, qu’est ce qui t’a mis dans cet état quand tu es entrée dans la salle de réunion et que tu as vu Robert ?

-je n’en reviens pas. C’est donc ça ? Malick tu me fais une crise de jalousie pour quelqu’un qui est mort.

-mais tes sentiments pour lui ne sont pas morts et c’est si flagrant que tout le monde a remarqué à quel point tu étais nerveuse et troublée quand tu t’es aperçue que Robert était en fait la copie crachée de Sébastien. Et on ne parle pas de Sébastien là, mais de son frère. Tu penses que je n’ai pas remarqué les regards que vous vous lanciez durant toute la réunion ?

-Malick, te rends tu compte de ce que tu es en train de dire ?

-je n’ai rien dit Rokhaya. Je ne fais que constater un fait.

-je t’avoue que voir Robert m’a un peu troublé car je ne m’attendais vraiment pas à le voir lui. Tu ne m’as rien dit à ce sujet et sa ressemblance avec Seba est si frappante que ça choquerait n’importe quelle personne ayant connu Seba mais de là à penser que je puisse faire un transfert sur lui…tu exagères quand même.

-tu crois que je penses que tu fais un transfert sur lui ? Donc, tes sentiments pour Seba sont toujours là, tu ressens toujours quelque chose pour lui ?

-on ne peut pas discuter Malick. Quand tes idées seront assez claires pour faire la part des choses, on en reparlera ! lui répondis-je en me dirigeant vers la chambre.

-à chaque fois qu’il s’agit de lui, tu fuis la conversation et cela ne fait que renforcer mes doutes.

Je ne m’arrêtais pas. Je n’avais pas envie d’en dire plus et courir le risque qu’il interprète mal tout ce que je dis.

Malick me déçoit. Il pense que j’oserai même penser au frère de Séba. Il ne me respecte pas en fait. Sinon il ne m’aurait pas fait cette scène.

Je me couchais, me tournant et me retournant sans cesse dans mon lit. Malick ne dormit pas avec moi cette nuit. Pour la première depuis qu’on a aménagé ici, il avait déserté la chambre conjugale. Pour une si petite histoire.

Je me réveillais le lendemain, pris ma douche et fis mes prières. Au moment d’aller préparer le petit déjeuner, je le vis sortir de la chambre d’à côté et entrer dans la nôtre. Plus tard, j’étais assise à table, il vint, se servit un café, sans un regard ni un mot pour moi. Puis il sortit pour aller au travail.

J’en fis de même.

Mon cœur rata un battement lorsque HONEY s’afficha sur l’écran de mon téléphone avec une photo où j’étais avec Séba.

Il y a des choses qui ne se font pas. Nom de Dieu, comment Robert a-t-il bien pu avoir l’idée de garder le numéro de Seba. Et moi, malgré le fait d’avoir changé de numéro, j’avais gardé son contact et j’ai toujours eu du mal à le supprimer.

-bonjour Rokhaya. Comment ça va ? me dit-il au bout du fil.

-bonjour Robert. Ça va et toi ?

-bien. Excuse moi de t’appeler mais hier je n’ai pas eu l’occasion de te présenter mes excuses pour la manière dont ma mère et Angèle t’ont traité quand elle sont venues chez toi après le décès de Séba. Quand Rose me l’a raconté cela m’a énormément fait mal.

-ne t’inquiète pas Robert, j’ai oublié cette histoire depuis fort longtemps. Ça fait partie du passé.

-c’est bien alors. Mais là, il y a Anita qui voudrait te voir mais aussi Rose. Depuis qu’elles savent que je t’ai vu, elles ne me laissent pas en paix. Serait ce possible dis moi ?

-excuse moi Robert, mais où as-tu eu mon numéro de téléphone ?

-rien est impossible dans ce pays Rokhaya et tu dois le savoir.

-ok, comme tu veux, je ne vais pas insister. Ecoute, je suis vraiment désolée mais je pense que ce n’est pas une bonne idée. Mais passe leur le bonjour de ma part stp. Au revoir Robert, dis-je avant de raccrocher.

J’avais envie de revoir ma petite Anita. Elle me manque atrocement et je pense à elle chaque jour de ma vie. Mais je connais assez bien Malick et sa jalousie maladive contre Seba. C’est le sujet qui fâche dans notre couple. Du coup, j’évite d’en parler. Et c’est très difficile.

Et avant que je n’ai le temps de réfléchir, Robert rappela.

-pourquoi tu es sur la défensive Rokhaya ? Tu connais Anita et je savais la relation que tu entretenais avec elle du vivant de mon frère. C’était ce qui le motivait à vouloir faire de toi sa femme. Je connais aussi tes relations avec Rose, elle t’adore. Je n’avais pas vu ce sourire sur les lèvres de ma nièce depuis que mon frère est mort, juste parce que je lui ai dit que je t’avais vu. Elle m’a même demandé si tu as demandé après elle.  Alors imagine ce que ça sera quand elle te verra.

Mes yeux commencèrent à perler…

-je suis désolée Robert, sincèrement. Je préférai ne plus avoir de relation avec ta famille. J’espère que tu me comprendras.

-bien alors. Mais si tu changeais d’avis, dis le moi. Ça leur fera plaisir. Prends soin de toi. Au revoir.

Quand est ce que tout ceci va finir ? Je pensais en avoir fini avec eux quand Séba est mort, mais non.

Je ne pouvais plus me retenir. J’imaginais la déception d’Anita. Ce qui me fit pleurer comme pas possible.

Je rentrais du travail fatiguée à force de penser, de réfléchir et de pleurer. Filais directement au lit faire une sieste.

Malick rentra après 20h et  me trouva au salon l’attendant. Il me salua alors que ce matin, il ne m’avait même pas regardé.

-qu’est ce que tu as ? Me demanda t-il en me dévisageant gravement.

-je ne comprends pas !

-tu as pleuré c’est ça ?

-mais non ! Où vas-tu chercher cela ?

-ok…écoute, je tenais à m’excuser pour hier, je suis vraiment désolé de t’avoir fait une scène, je n’aurai pas dû. Et je pense que tu devrais accepter cet héritage, ce n’est pas une petite affaire, l’entreprise marche à merveille. Et tu pourrais mettre en location la maison du Lac, ça te rapportera beaucoup, me dit-il l’air fatigué.

Je sais que cet héritage représente une petite fortune, la maison du Lac Rose est l’une des plus grandes et des plus belles du coin. Je pourrai la garder et la louer pour plusieurs évènements. Elle a tout ce qu’il faut pour. Et cela constituerait une sécurité pour moi car on ne sait jamais dans la vie.

Celle de Ouakam a une énorme valeur sentimentale pour moi, pour ce qu’elle représente pour Seba, pour tous les beaux moments qu’on y a pensé lui et moi. Et quand ça n’allait pas, c’est elle qui m’a accueilli.

Mais mon mariage est plus important que tout ça et si jamais je venais à accepter cet héritage, cela sera une source de discorde entre Malick et moi et il n’y verra qu’un moyen pour moi de rendre Seba immortel et de le mettre entre nous.

-Malick, es tu vraiment conscient de ce que tu es entrain de faire ? Pour une petite histoire que tu t’es inventé dans la tête, tu me fais une scène et va dormir ailleurs que dans notre lit. Tu te réveilles et fais comme si je n’existais pas et là tu reviens comme si de rien était, tu me dis que tu es désolé, que tu n’aurais pas dû. Malick, je n’ai pas besoin de ça mais plutôt que mon mari ait confiance en moi, ce qui fait défaut à notre relation. Ce n’est pas de ma faute si Séba m’a fait un legs auquel je ne m’attendais pas et dont je ne veux pas, mais que je vais quand même accepter. Je vais te revendre les actions au franc symbolique comme ça l’entreprise sera entièrement à toi car ce qui est à toi est à moi aussi. Et pour la maison du Ouakam, je vais la vendre et donner l’argent à quelqu’un qui en a besoin, peut être à des orphelinats. Et comme ça, on en aura fini avec Séba et tout ce qui touche à lui. Et peut être que tu pourras avoir confiance en moi. Malick, je suis ta femme, je porte tes enfants, quelle preuve veux tu de plus ?

-et la maison de Ouakam, tu en feras quoi ?

Je restais perdue face à sa question. Je ne savais vraiment pas quoi lui répondre. Je n’ai pas envie que cette maison tombe entre les mains de n’importe qui. Ce n’est pas pour rien si Seba l’à gardé secrète et qu’il a tenu à ce que je la garde.

Malick me regarda droit dans les yeux : ne t’inquiète pas, je connais la réponse.

-Malick…

Il m’interrompit d’un geste de la main avant de me demander :

-est que tu m’aimes Rokhaya ? Que ressens-tu réellement pour moi ?

-mais où veux tu en venir avec ça Malick ? Que cherches tu à la fin ? Pourquoi cette question maintenant ?

-je cherchais juste à éclaircir ceci et tu viens de me le confirmer. Rokhaya, depuis qu’on est marié, pas une seule fois le mot je t’aime n’est sorti de ta bouche pour moi. Tu ne m’as jamais dit je t’aime parce que tu ne ressens rien pour moi. J’ai cru qu’en étant prés de moi, en voyant à quel point je t’aimais, tu commencerais à ressentir de l’amour pour moi. Et j’ai poussé le bouchon trop loin en t’épousant tout en oubliant que l’amour ne se force pas. Et voir ta réaction quand tu as vu le frère de… (il refusait de dire son nom) m’a mis à l’évidence que c’était lui que tu aimais. A tel point que tu le voyais en lui.

Au fur et à mesure qu’il parlait, mon cœur se gonflait, il me faisait si mal, que j’en pleurais.

-Malick, tu es entrain de me blesser. Comment peux tu penser cela ? Comment peux tu dire cela ?

-je ne fais que dire la vérité et tu le sais. C’est moi qui suis blessé, c’est moi qui suis déçu. Déçu de voir que malgré toutes les preuves de mon amour pour toi, tu n’arrives pas à l’oublier.




Gros bisous 😘


YAKA| le poids de la superstitionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant