Partie dédiée à Ndiorita
à Sossodélice
à Aminadiakhit
à ZeynaaaaaabM
à Rakychouoita
à Khoudia Diop***
Depuis que je suis mariée, je n'ai pas mis les pieds dans le quartier. Dire que je n'habite plus ici. Ça me fait tout bizarre.
J'entre dans la maison de Malick comme si c'était la première fois. Je lui tiens fermement la main. Depuis l'époque de mes thérapies avec Oustaz Samba, quand il me prenait par la main, je me sentais apaisée.
Je dois avouer maintenant que sa maman me faisait peur, vraiment peur et ce que Ami m'a raconté ne me rend pas les choses faciles. J'avais pensé que son problème, c'était qu'elle avait peur que Malick meurt en voulant m'épouser comme Khalil, Séba et Tamsir, comme on le lui avait raconté mais qu'après le mariage, elle mettrait de l'eau dans son vin, mais non. Il semblerait qu'elle me déteste aujourd'hui plus que jamais.
J'aurai aimé échapper à cette visite mais Malick y tenait tellement et je ne peux rien lui refuser. En plus, il faut bien qu'un jour que ceci se fasse. Je ne peux pas être avec lui et ne pas faire l'effort de composer avec sa famille. Au moins, il reconnait que sa maman est difficile. Je prie juste que quoiqu'il arrive, qu'il soit à mes côtés.
La dernière fois que je suis venue ici, on m'a tellement humilié que j'ai cru que je ne m'en relèverai jamais. Aujourd'hui, Malick me donne tout le courage du monde pour affronter qui que ce soit, même sa mère. Et si la dernière fois je n'étais que Rokhaya Aïcha Ka aujourd'hui je suis Rokhaya Aïcha Ka Ndiaye, et ce Ndiaye pèse plus lourd que toute la haine que peut ressentir une tierce personne envers moi ou envers mon mariage car c'est mon socle.
Nous trouvons Ami dans le salon d'en bas donnant à manger à son fils mais aussi une autre femme, plus âgée qu'elle mais très belle et très élégante.
-Penda, que fais tu là? Lui demanda Malick en lui faisant la bise.
-puisse que tu ne m'as pas amené ta femme, j'ai décidé de l'attendre ici. Je suis là depuis avant hier.
-pourtant, j'allais te l'amener chez toi. Xamga rek nimou démé. Mais laisse moi te la présenter, Rokhaya Aïcha Ka. Chérie, voici Penda. Moy souniou taw (c'est notre ainée), je t'avais parlé d'elle non?
Elle se leva alors et vint me faire la bise.
-je suis très heureuse de faire ta connaissance Rokhaya Aïcha. Désolée d'avoir raté ton mariage mais je l'ai su tardivement et j'étais en voyage.
-le plaisir est partagé Penda. Ne t'inquiète pas pour le mariage, c'était juste en effet. Ami, comment tu vas? Et ce petit bout de chou, comment il va?
-ça va Yaka, je vais bien.
-assis toi Rokhaya, me dit Penda en me désignant le fauteuil. Petit frère, ta femme est tout simplement belle, je comprends maintenant ton empressement.
J'en ris nerveusement.
Penda oui l'ainée de leur famille. C'est une grande commerçant qui voyage beaucoup d'après ce que Malick m'a raconté. Leur autre soeur, Anta est au Canada. C'est elle qui avait eu des jumeaux et que leur maman était partie aider
-où est maman? Demanda Malick en prenant le fils de Amy dans ses bras.
-elle est dans sa chambre je pense. Tu veux que j'aille la prévenir que vous êtes là? Répondit Ami.
-non, laisse j'y vais. Bébé viens, me dit-il en me tendant la main.
Je me levais alors et le suivis. On monta les escaliers et il m'installa au salon avant d'aller voir sa mère et de revenir seul.
-elle arrive, elle était sous la douche. Je vais te chercher à boire?
Mon cœur rata un battement. Je sers sa main. La dernière fois que j'étais venue, Malick était parti me chercher à boire et avant de revenir, elle m'avait complétement laminé.
-non reste stp.
Je lui pris Lamine des bras et en jouant avec lui. Il était beau et ressemblait beaucoup à son papa, Moussa.
-ma mère ne va pas te manger, me dit-il en souriant.
Quelques minutes plus tard, elle arrive. Je me lèvais et la vis avancer vers moi, le visage ferme.
Une belle femme pourtant avec les traits réguliers, de beaux yeux et le teint entre noir et marron parfaitement soigné. Elle était élégante dans sa robe en voile et brodé, foulard de tête magnifiquement noué sur la tête. Une vrai drianké sénégalaise.
-Rokhaya Aïcha, nanga def? (Comment tu vas?) Kâ, m'accueille t-elle avec un large sourire qui dévoile une dentition parfaitement soignée et d'une blancheur éclatante et en me serrant la main fermement.
Ça aurait été une autre personne, j'aurais dit que c'était de manière chaleureuse. Mais là, je peinais à y croire. C’était plutôt de la froideur.
-maman, je vais très bien. Seck. Et vous, j'espère que vous allez bien? Répondis-je en forçant mon sourire alors que j'étais très stressée.
-bien, je vais bien maintenant que tu m'as ramené mon fils. Mon petit Maodo, comment tu vas?
-ça va maman. Et toi, tu vas bien?
-ça va alhamdoulilah. Tu m'amènes enfin ma belle fille. En plus, tu as bonne mine mon bébé.
J'avais envie d'éclater de rire. Elle appelle Malick encore mon bébé, un gros gaillard comme lui. Mais, j'oubliais, nous les derniers on est jamais grands aux yeux de nos mères. Mais celle là, elle est vraiment à fond là dedans. Elle fait une fixette sur Malick ou quoi là?
-tu as vu? Mon épouse me remplit de bonheur. Mais maman, je tenais à m'excuser pour tout ce qui s'est passé. Ça m'a fait mal que tu n'aies pas été avec moi le plus beau jour de ma vie. Mais avec ma femme, on a comprit ta crainte mais tu vois que rien de ce que tu redoutais n'est arrivé. On est venu pour nous excuser de la manière dont tout ceci s'est passé car ce sont toujours les enfants qui ont tord. Maintenant, il ne me reste plus qu'une chose pour que mon bonheur soit complet, c'est que comme je l'ai toujours rêvé, que ma femme et ma mère soient complices.
Durant tout le moment que Malick parlait, sa maman n'avait pas une seule fois levé les yeux sur moi. J'ai baissé les miens pour ne pas paraitre mal polie.
-tu sais que je n'ai aucun problème avec le fait que tu te maries mais avec tout ce que les gens ont dit, j'ai eu très peur, je n'y pouvais rien. Ce qui m'a fait réagir de la sorte ce jour là. Mais alhamdoulilah, tout est bien qui finit bien. Tu t'es marié et comme tu l'as dit, rien de ce que je redoutais n'est arrivé. Comment ne puis-je pas aimer une personne qui aime mon fils? Rokhaya, on est partie du mauvais pieds toi et moi, seytané wahoul deug wayei yakh na khel (le diable aime semer le doute entre les gens). Je suis sûre qu'on réussira à s'entendre car je ne vis que pour le bonheur de mon fils. Et peut être que tu me le ramèneras à la maison car il n'est pas normal que vous viviez en location alors que la maison est si grande, han Maodo? Revenez vivre ici En plus ça te permettra d'être à côté de ta mère. N'est pas ma fille?
Je ne savais pas quoi dire. De tout ce qu'elle a dit, je n'ai retenu qu'une chose, QU'ELLE VOULAIT QUE L'ON VIENNE VIVRE AVEC ELLE.
-bien sûr maman. Comme l'a dit Malick, son bonheur serait que l'on s'entende vous et moi et je ne vois pas de raison qui pourrait empêcher ça. Ce qui s'est passé reste dans le passé, je l'ai oublié. Pour ce qui est du fait de venir vivre ici, rien ne me ferait plus plaisir.
-voilà, je pense que tout est dit. Je suis très heureuse de te recevoir chez moi Rokhaya. Sois la bienvenue dans la famille. Maintenant, viens avec moi, j'ai quelque chose pour toi. Il faut bien que je fasse un cadeau de bienvenue à ma belle fille. Maodo, on peut bien restée entre femmes non? Dit-elle en se levant et en me demandant de la suivre dans sa chambre.
-bien sûr. Je vais voir les moutons et ce que Ami a préparé. A tout de suite, me dit-il en me faisant la bise et en reprenant Lamine.
Je me levais alors et suivis belle maman. Elle entre dans sa chambre, non que dis-je son appartement tellement elle est immense, et me demanda d'entrer.
Une bonne odeur d'encens mêlée à des senteurs fruitées m'accueillit dés je mis les pieds. Elle ferma la porte derrière elle et me demanda de m'assoir sur le sofa.
S’asseyant sur le lit, elle me regarde dans les yeux un long moment. Ce silence, son regard me désarmèrent automatiquement. Je voulais soutenir son regard, mais je ne sais pas, elle avait quelque chose en elle qui me rongeait jusqu'au fond de l'âme.
-alors Rokhaya, je pense que l'on peut enlever nos masques?
-je ne suis pas sûre de comprendre maman, dis je très surprise par le changement brusque de son ton et de l'expression de son visage.
-non laisse moi parler, tu veux? Fit-elle très calme. Tu penses que je ne sais pas que tu n'aimes pas mon fils? Je ne sais pas pour quelle raison tu es avec lui mais je ne te laisserai pas détruire sa vie. Les relations amoureuses ça n'a jamais été son truc, du coup il est tellement aveuglé par ce qu'il prend pour de l'amour, qu'il ne voit pas que tu ne ressens pas le moindre sentiment pour lui. Tu as détruit la vie de Sébastien, je ne te laisserai pas détruire celle de mon fils. Si tu veux avoir la paix, arrange toi pour partir pendant qu'il est encore temps, il s'en remettra. Tu sais ce que c'est?
Elle me tendit un sachet noir. Je l'ouvrais et découvrais avec effroi son contenu: du percal, tissu avec le quel on enveloppe les morts. Je mis ma main sur la bouche.
-garde le pour au cas où tu ne prendrais pas mes mots au sérieux car si tel est le cas, je te jure que l'enfer que tu crois avoir traversé ne sera rien à côté de celui que je vais te faire vivre. Tu ne me connais pas et tu ne sais pas de quoi je suis capable pour protéger mon fils. Je ne veux pas d'une femme comme toi pour mon lui et pour être la mére de mes petits enfants. Et parlant de ça, je suppose que tu ne comptes lui en faire puisse que tu ne l'aimes pas.
Cette femme était d'une cruauté extrême. De ma vie, je n'ai jamais vu cela. Je doute qu'elle puisse être la maman de Malick, non. Ce n'est pas possible. Une personne comme Malick ne peut pas sortir d'un être comme elle, elle ne peut transmette rien de bon à personne. Tout à l'heure avec lui dans le salon, je savais que ces paroles n'étaient pas sincères mais je n'imaginais pas qu'elle en arriverait là.
J'avais les larmes aux yeux. Je ne voulais pas lui répondre. J'en étais même incapable. Ma mère m'a dit que peu importe ce qu’elle allait dire, que je ne lui réponde pas. Je ne savais même pas quoi répondre en fait.
-je peux entrer, dit Malick en frappant à la porte.
-bien sûr mon bébé, viens. Je ne savais pas que ta femme était si émotive, regarde là, elle est au bord des larmes juste parce que je lui ai dit à quel point je t'aimais et que je voulais te voir heureux avec elle.
En plus, elle est d'un cynisme qui glace le sang. C'est effrayant comment cette femme peut passer d'une sainte à une diablesse.
Il vint s'assoir prés de moi et me caressa la joue. Je ravalais difficilement mes larmes. Je voulais rentrer, fuir, courir. Je voulais sortir de cette maison, m'éloigner de cette diablesse au plus vite.
-tiens ma fille, j'espère que ces cadeaux te plairont. Je les ai acheté pour toi lorsque Malick m'a dit que vous viendriez. Malick, mets les dans ta voiture avant que vous ne les oubliez.
Elle prit des tissus et des paquets qu'elle avait posé sur son lit et les mit dans un sachet. Elle a bien l'intention de me faire vivre l'enfer car je vois qu'elle avait tout préparé.
Devant Malick, elle est la belle mère parfaite qui prend soin de sa belle fille mais en aparté avec moi, c'est une vraie chienne. Et si je commettais l'imprudence de ne pas jouer son jeu devant Malick et de lui sortir tout ce que je pense ou ressens pour elle, Malick ne me croirait jamais. C'est une vraie hypocrite cette femme. Je suis restée bouche bée devant elle, sans pouvoir même bouger.
-tu ne dis rien mon cœur? Demanda Malick en montrant ses trente deux dents tellement il était heureux que sa mère "m'accepte". Et je devais jouer le jeu.
-si, je suis juste émue. Maman, ce n'était pas la peine de faire tout ça. Votre affection seule me suffit
Malick prit alors les sachets et je le suivis. Je voulais voir ma mère. Malick déposa le tout dans la voiture et on est allé ensemble la voir.
Je voulais lui raconter, lui dire mais la voir me suffisait pour me sentir bien et rassurée, pour le moment. Puis on laissa Malick au salon avec mon frère et allait dans mon ancienne chambre.
-raconte moi, comment ça va dans ton mariage? Avec ton mari? Me demanda affectueusement maman.
-ça va yaye. Malick s'occupe bien de moi, je n'ai même pas besoin de te le dire
-oui tu as raison, rien qu'à te voir, je sais qu'il te remplit de bonheur. Raconte-moi maintenant comment s'est passé ta visite chez ta belle mère? Comment t'a t-elle accueilli?
-bien, devant Malick elle a dit qu'elle avait juste eu peur qu'il ne finisse comme les autres. Elle m'a accueilli les bras grands ouverts. Par la suite, elle m'a demandé de la suivre dans sa chambre, qu'elle avait des cadeaux pour moi. Et là, elle a enlevé son masque et m'a dit ouvertement de faire le tout pour quitter Malick au plus vite car sinon elle allait me faire vivre l'enfer. Elle m'a donné comme cadeau du percal.
Je le sortis de mon sac et le lui donnais.
Elle ouvrit grand les yeux
-répète moi ça? Elle t'a donné quoi? Mais j'espère que tu ne lui as rien répondu?
-non
-bien, fit-elle très en colère. Occupe toi de ton mari et fais en sorte qu'il ne jure que pour toi et te mange par la main, tant que tu l'as avec toi, ta belle mère ne peut rien contre toi. Elle aboie juste mais elle ne mord pas, elle ne sait même pas comment on mord sinon elle ne t'aurait pas déclaré ouvertement la guerre. Dis toi bien une chose, que moi vivante personne ne te fera de mal. Avec Ibrahim, on rentre à Thiès pour de bon. Il va aller travailler avec ton oncle, il va s'occuper de ses affaires. Rien ne me retenait ici, j'attendais juste que tu te maries, mais laisse moi gérer ça et n'en parle pas à ton mari.
-ay Ma, tu vas me laisser là? Au moment où j'ai le plus besoin de toi.
-te laisser? Jamais. Je suis là, à Thiès et j'en profiterai pour chercher des protections pour toi. En plus, je te laisse entre de bonnes mains. Malick saura te protéger. Mais appelle Samba et explique lui tout, qu'il fasse des prières pour toi. Laisse moi avec cette chose qu'elle t'a donné. C'est ma guerre. Occupe toi juste de Malick comme je te l'ai dit. On verra. Dieu est grand.
-d'accord, dis-je la mort dans l'âme.
Maman a décidé de rentrer à Thiès au moment où j'avais le plus besoin d'elle. Mais je comprends qu'elle veuille elle aussi s'occuper d'elle même. En plus je suis assez grande, je dois apprendre à gérer mes problèmes toute seule.
Malick vint me trouver pour que nous retournions chez sa mère parce qu'Amy allait servir le déjeuner.
-sois courageuse et suis mes conseils. Je m'occupe du reste. me dit-elle en me serrant dans ses bras.
-qu'est ce que tu as? Depuis que tu as parlé avec ma mère, tu es devenue une autre personne. Me demanda Malick.
-je suis juste fatiguée mon cœur. Tu oublies qu'hier on a pas dormi une seconde et avec la semaine que j'ai eu, je n'ai pas eu de répit. C'est juste ça, lui répondis-je en souriant.
-ok, après le déjeuner on reste encore un peu et après on rentre pour que tu te reposes. C'est bon?
-d'accord.
Le déjeuner se fait dans le rire et la bonne humeur. Sa maman n'arrêtait pas de dire que je ne mangeais pas, si je n'aimais pas le thiebou diaga que Amy avait préparé et j'en passe. A chaque fois que je levais les yeux, je surprenais le regard de Penda sur moi, ce qui m'agaçais. Puis après, Malick a lui même fait du thé. On est resté à discuter jusqu'à 18h et nous avons pris la route après être passé dire au revoir à ma mère.
Arrivé à la maison, j'ai pris une douche et un cachet pour les maux de tête car elle allait exploser à force de réfléchir sur tout ce que la maman de Malick avait dit.
Il vint se coucher à côté de moi et me prit dans ses bras.
-chérie, que penses tu de l'idée de maman de retourner à la maison? Ça te permettrai de te rapprocher d'elle et de la sorte, vous allez mieux vous connaitre. A moi, ça me ferait énormément plaisir de vivre avec ma femme au sein de ma famille, au moins jusqu'à ce qu'on ait un bébé. J'en ai parlé avec elle et c'est tout ce qu'elle désire. J'y ai beaucoup réfléchi sur le retour et je pense que c'est une bonne idée.
-attends Malick, tu es sérieux?Helloooo
Alors, comment appréciez vous notre Aïda adorée? Elle badine pas avec son petit Maodo à ce que je vois.
Laissez moi vos impressions et n'oubliez pas de voter.
Bisou 😘
Sinon passez lire chronique de Fatmey: mon mektoub de 224Renoise.
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YAKA| le poids de la superstition
Non-FictionIl y a des gens qui ne sont pas fait pour l'amour, le bonheur, le répit. Je fais partie de ceux là... Est ce moi qui fais les mauvais choix ou est ce le sort qui s'acharne sur moi? Yaka, une belle jeune fille pleine de vie et d'avenir, voit sa vie...