51 - GABRIEL

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Alors que cela fait plus d'une demi-heure que je tourne en rond dans le salon, sous le regard intrigué de Gwen, mon portable se met soudainement à sonner et c'est comme un fou que je me rue dessus. Malheureusement, en voyant que c'est Vic qui appelle, je ressens un peu de déception.

J'adore mon pote, mais j'espérais que ça serait Charline. C'est con, je sais.

Toujours sous le regard attentif de Gwendoline qui semble désormais vouloir me percer à jour, je décroche :

— Lu ! s'exclame l'ancien chef de la bande.

Sa voix est un parfait mélange entre l'ennui et l'enthousiasme et si je ne connaissais pas Vic, je dirais que c'est complètement impossible. Mais l'impossible devient possible avec lui alors évidemment...

— Salut.

Même Tom, à quelques mètres de moi, fronce les sourcils. Bon bah au moins j'ai la preuve que mon état d'âme transparait jusque dans ma voix.

— Mec, qu'est-ce qu'il y a ?

Est-ce que j'ai envie de me confier à Victor ? Un peu ouais. Seulement je sais déjà ce qu'il va me dire.

— Il y a que c'est vendredi, soupiré-je.

— Et qu'il est en PLS car sa chérie est au bal de Noël, sans lui et que même s'il trouve ça ringard, il a peur qu'elle lui fasse à nouveau la gueule à la rentrée ! rajoute subitement Tom qui vient de se jeter sur mon portable. Sinon, ça va toi ? continue-t-il tandis que j'essaie de récupérer mon bien.

Ce n'est pas possible ! On ne peut pas être tranquille dans cette baraque ? Quand ce n'est pas Gwen qui me surveille, c'est mon frère qui vient m'interrompre.

— Putain mais Tom, fais pas chier, rends-le moi ! m'agacé-je en le voyant s'éloigner avec mon téléphone.

Mon frère résiste et je suis obligé de lui faire le coup de la brûlure indienne pour qu'il lâche mon bien. Évidemment, suite à mon acte, j'ai le droit à un regard noir, de la part du concerné mais aussi Gwen, qui me servira sûrement dans quelques minutes le discours du non-recours à la violence.

— Putain, tu fais chier, râle Tom en se frottant le bras.

Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. C'est Vic qui nous l'a appris. Ce jeu de torture consiste à frictionner le bras avec nos mains accolées qui tournent la peau dans l'autre sens. La douleur s'apparente à celle d'une brûlure et généralement la personne abandonne vite l'affaire. Mon frère et lui s'amusaient autrefois à faire des concours de celui qui tient le plus longtemps. Des maso, si vous voulez mon avis...

— T'avais qu'à pas m'emmerder.

Je croise le regard de Gwendoline et je comprends qu'elle va me dire qu'elle ne veut pas de gros mots. Tom non plus n'a pas bien parlé. Mais elle va me sortir l'argument du plus grand qui doit montrer l'exemple. Aussi, je lui fais comprendre que je compte aller m'enfermer dans ma chambre.

— Et toi, qu'est-ce que tu fous ? demandé-je à Vic une fois en sécurité dans ma piaule.

— Je fume et j'attends une nana.

Pourquoi ai-je posé la question ? C'est le passe-temps favori de Victor. C'était évident qu'il m'appelait pour s'occuper en attendant. Non pas que mon ami ne m'appelle que dans ce genre de situation, seulement je le connais bien.

— Elle s'appelle comment cette fois-ci ?

J'ai arrêté d'essayer de suivre, mais pour une fois, je décide de m'intéresser aux histoires de cul de mon pote. Ça fera passer le temps et ça me dira un peu comment il gère là-bas.

Les écorchés - Tome 1 : Protection (55/66 chapitres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant