48 - CHARLINE

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Un vendredi de décembre :

C'est la pause de midi et alors que Julie et Mélodie sont en train de parler du sujet de philosophie donné pour la dissertation à la rentrée, je reçois un message de Nora qui se ravit d'être à une semaine du bal de Noël. Et même si je devrais être contente que ma sœur soit si heureuse, je ne peux pas m'empêcher de soupirer. Mon action attire alors l'attention de mes deux amies.

— Oula, qu'est-ce qu'il se passe ? demande Julie.

Depuis son retour au lycée, les messes basses n'ont jamais été aussi nombreuses. Mais mon amie est forte et je crois qu'elle a réussi à se persuader qu'elle ne les entendait plus. J'aimerais bien qu'à la longue elle ne les entende plus pour de vrai. Seulement je suis consciente qu'avant cela, il y a du chemin à parcourir. Un chemin que je compte partager avec elle, jusqu'à ce que la ligne d'arrivée soit à notre portée.

— C'est ce bal là, commencé-je d'un air morose en haussant les épaules.

Bon, en vrai, ce n'est pas que ça. Oui bien sûr, il y a le bal. Mais il y a aussi le froid avec Gabriel, l'avancée de ma plainte contre Sohan, le contrôle que j'ai foiré ce matin et mon père qui a annoncé avoir trouvé un nouvel appartement. Il y a tellement de choses en vérité...

— Bah qu'est-ce qu'il a le bal ? s'étonne Julie en fronçant les sourcils, ce qui trahit son incompréhension la plus totale.

Évidemment, pour elle, tout coule de source. Son chéri Julien va venir, ils ont trouvé leur tenue, ils vont passer la soirée ensemble et il y a même une chance pour qu'elle aille dormir chez lui et plus si affinité. Oui, Julie nous a avoué qu'ils n'avaient pas encore franchi le cap. Apparemment, Julien est un peu stressé à ce propos, sûrement parce que contrairement à notre amie, lui n'a jamais couché avec qui que ce soit. S'il savait à quel point ce détail fait craquer Julie, il serait plus fier qu'angoissé à l'heure qu'il est.

— Il y a qu'elle y va avec sa sœur mais elle voudrait que ce soit Gabriel qui l'accompagne, résume soudainement Mélodie.

Je regarde cette dernière, surprise, et elle rigole aussitôt. Aujourd'hui, elle a enfilé un bonnet "pratique" dit-elle. Personnellement, je dirais plutôt qu'il s'agit d'un bonnet de cambrioleur. Malgré tout, je trouve que ça lui va bien.

— Tu sais, c'est pas parce que je passe la plupart de mes soirées à geeker et que je suis la petite sœur du meilleur pote pour tous les mecs qui viennent à la maison que je ne sais pas lire entre les lignes hein.

Je soupire de ma propre bêtise. Je déteste lorsque je réfléchis de façon cliché. Avant Gabriel, je ne m'en rendais pas compte. Mais désormais, j'ai l'impression que mon cerveau fonctionne ainsi les trois quarts du temps. Ça me saoule. Oui, ça me saoule de détester mes réactions et parfois même de me détester au complet.

Mélodie, une fois de plus, a été surprenante. Agréablement surprenante même devrais-je dire.

— Bah, t'as qu'à lui dire de venir ! décrète Julie.

Comme si tout cela était facile... Si pour mon amie tout cela paraît être une évidence, ce n'est pas mon cas. Car la dernière fois que j'en ai parlé, il m'a fait comprendre son dégoût pour ces soirées. Puis ça a été un peu un sujet de dispute, sans oublier que je me suis juré, et que je lui ai promis au passage, de ne plus en parler.

C'est que je n'ai pas envie qu'il me sorte un truc du genre "tu me vois comme un trophée à amener à ce bal". Même si ce n'est pas du tout le cas, je le vois bien dire ça sous la colère. Et s'il dit ça, je vais m'énerver et on va à nouveau se disputer.

Bon sang, à quel moment sommes-nous arrivés à ce stade ? Pourquoi ça ne peut pas être apaisant comme au début ? Certes, je sais que les événements ne vont pas forcément en notre faveur mais tout de même !

Les écorchés - Tome 1 : Protection (55/66 chapitres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant