Les écorchés - Tome 1 : Protection (55/66 chapitres)

40 - CHARLINE

Un vendredi de début décembre :

Si je pensais pouvoir voir Gabriel cette semaine et avoir enfin une réponse quant à mon invitation au bal de Noël qui est restée sans réponse, et bien je me suis trompée. Je me sens un peu bête pour le coup. C'est comme si je m'étais mise à découvert en lui faisant cette proposition. Parce que peut-être qu'il ne le sait pas, mais pour moi cet événement compte. Encore plus s'il est à mes côtés.

Seulement je crois qu'il voit plus cela comme un truc ringard. Ou bien c'est moi qui me fais des idées. Quoi qu'il en soit, le fait qu'il m'ait répondu par SMS tous les jours qu'il restait avec sa bande pour le midi, m'a mis la puce à l'oreille. Il y a un truc qui ne va pas. Car ce n'est pas la première fois qu'il m'explique qu'il ne pourra pas me voir (ça n'arrive pas tous les quatre matins, mais disons que c'est déjà arrivé quelque fois) cependant d'habitude, il s'excuse.

Et là, je n'ai pas reçu d'excuse.

Alors c'est un peu tendue que j'attends dans le couloir d'audiovisuel. La pause n'est pas encore terminée, aussi je suis la première à être devant la porte. Les genoux ramenés contre ma poitrine, les écouteurs sur les oreilles, j'essaie de penser à autre chose. Aujourd'hui, ça va être la première ois que je vois Gabriel après trois jours de rapides conversations par SMS.

Est-ce que je suis en manque de mon copain ? Je crois que la réponse est évidente. Mais je suis surtout aussi perdue.

Tout en reportant mon esprit sur la musique que j'écoute, je réponds au message de Sarah. Ma cousine a pris de mes nouvelles ce matin et m'a proposé de venir la voir pour les vacances de Noël. Je lui ai expliqué que j'étais privée de sortie suite à une bagarre dans mon lycée. Alors évidemment, elle a voulu que je lui raconte la raison de cette rébellion. Ensuite, elle a dit que puisque mes parents l'aimaient bien, ils lèveraient sûrement l'interdiction de sortie.

Moi aussi j'aimerais bien voir la vie si positivement...

" Et dis à ton beau gosse de venir aussi " enchaîne ma cousine par SMS.

Si seulement... Si seulement !

" Je peux lui en parler mais en ce moment, je crois qu'il rencontre quelques problèmes. "

Cela ne fait que deux semaines que Sarah est au courant que je sors avec Gabriel. Il a fallu lui faire une remise à niveau car elle s'était arrêtée à l'étape où elle lui avait envoyé une invitation de ma part sur Facebook. Oui, je ne lui ai pas fait part des petites avancées tous les jours.

" Oh j'imagine trop la gueule des gens quand ils vont voir ton punk de copain se ramener au bal de Noël ".

Et voilà, même Sarah qui n'est plus au lycée pense à l'événement. Alors que moi-même, j'essayais de ne plus y penser.

" Bah justement, il n'a pas répondu à mon invitation encore "

La réponse de Sarah se fait attendre et je me rends compte que je recommence à me gratter les cuticules. Parfois même, je me les ronge avec les dents. Mon psychologue dit que c'est un tic de nervosité. Je pense qu'il a raison. Malheureusement, il ne m'a pas donné de solution miracle pour arrêter et la plupart du temps, je le fais sans m'en rendre compte.

Résultat, j'ai des ongles affreux et heureusement que je ne mets pas de vernis car je le mangerais sinon.

Alors que je relève la tête, mes yeux se posent sur des bottines à clous puis des collants déchirés et remontent jusqu'à un short en jeans sur lequel une chaine pend. Le regard entouré de noir ainsi que les cheveux colorés qui m'accueillent ensuite me confirment que j'ai bien affaire à Cassandre. Seulement parce qu'elle ne ralentit pas et ne me dit pas bonjour, je décide de retirer mes écouteurs pour aller lui parler.