Je ne savais pas ce qui m'énervait là tout de suite. J'hésitai entre sa capacité à me réduire à rien à chacune de nos rencontres, oui bien que mes yeux n'arrivèrent pas à soutenir son regard électrique.- Comment ça travailler pour vous ? Je ne veux pas travailler pour vous !
La condescendance en première ligne, il ne me répondit pas, il se contenta de me fixer de ses yeux sombres. Je ramenai une mèche invisible derrière mon oreille sans pour autant cesser d'observer son visage. Ses traits s'étaient mutés en quelque chose de beaucoup moins sympathique, il ne l'était même pas. Quelque chose de dur, de froid et d'implacable. Je me pinçai les lèvres.
- À quel moment j'ai dit que je souhaitais avoir votre misérable avis ?
Il pencha sa tête d'un côté, me toisant de toute sa hauteur. Je pris ma tête entre mes deux mains, les paupières closes. Je massai mes tempes fiévreusement sous l'œil attentif de mon persécuteur.
- Je vais vous dénoncer à la police !
Personnellement, je ne croyais pas un mot de ce que je venais de sortir, mais il fallait bien quelque chose pour l'effaroucher. La commissure de ses lèvres s'étira pour la première fois en ce qui ressemblait à un semblant de sourire.
- Dans ce cas je vous donne même le privilège d'appeler avec mon portable.
Il engouffra sa main dans la poche interne de sa veste et sortit son cellulaire.
- Vous me faites chanter !
Il me tendit le portable. Je lui adressais un regard mauvais et me reculais pour prendre de l'air même s'il demeurait sur une distance raisonnable de moi, par contre, cette impression qu'il était trop près pour captiver une fois de plus mon cou me hantait.
- Vous serez payée mieux que Kamélia, miss Hudson. Et croyez-moi son salaire n'est pas petit.
Ma tête bougea successivement de chaque côté pour témoigner mon refus. Il était hors de question que je travaille exclusivement pour lui.
- Vous avez une assistante monsieur Karajan !
Une ride se forma entre ses deux sourcils, un détail qui rehaussait le charme indéniable qu'il possédait.
- Je n'ai jamais dit que j'avais besoin de vous comme assistante miss Hudson. Gaby fait très bien son boulot.
Désarçonnée, je passai une fois de plus la mèche invisible derrière mon oreille.
- Maïs pourquoi vous...
- Vous aurez un poste assez spécial mademoiselle, m'interrompit-il.
Il me reluqua sans gêne apparente. Je ramenais mes mains sous ma poitrine par réflexe.
- Je ne veux pas travailler pour vous monsieur Karajan, me radoucis-je
- Mon chauffeur vous accompagnera jusqu'à votre domicile pour récupérer vos affaires, conclus t-il
Je n'étais pas du tout d'accord des résolutions qu'il prenait tandis que ma colère montait peu à peu, je décidai de me révolter:
- Vous n'entendez pas ce que je vous répète depuis tout à l'heure bon sang ? Rétorquai-je
Son regard s'assombrit, sa mâchoire se crispa, un frisson peu rassurant traversa ma colonne vertébrale. Un aura malsain se dégageait de cet homme à la beauté parfaite et à l'âme ténébreuse. J'avalai difficilement ma salive tandis que mon palpitant enchaînait les battements.
- Plus jamais vous n'osez me tenir tête.
Sa voix était teintée d'une colère non dissimulée, je pris peur. Il pivota sur lui-même et regagna la sortie, il m'adressa un dernier regard malsain par dessus son épaule avant de dire:
- Vous êtes prise dans mes filets et personne ne pourra vous en sortir. Si vous n'êtes pas croyante, je pense que c'est l'heure pour vous de mettre vos deux genoux à terre et prier Dieu de vous éloigner de moi.
Mes lèvres s'entrouvrirent des nombreuses fois sans qu'aucun son ne résonne. Je me contentai de le regarder quitter la pièce. Étourdie, je m'affalai sur l'un de fauteuils pour tenter de calmer les battements ardents de mon cœur. J'attrapai ma tête entre mes deux mains en jurant rageusement.
En conclusion, étais-je née pour souffrir ? Pour vivre des sévices ? Pour assouvir les désirs des autres ? Avais-je été une esclave dans une vie antérieure pour l'être jusqu'à présent ?
En l'espace d'une semaine, ma vie avait pris une tournure cauchemardesques. De toute mon existence, je n'avais jamais été autant secouée par les événements.
Retourner chez mes parents ? Il en était hors de question ! Autant affronter les risques. Mais rien de tout ça n'était normal ! En quoi pouvais-je lui servir ? Quel sort me réservait-il ?
J'étais maudite.
- Miss Hudson... si je peux me permettre de vous donner un conseil...
La voix de Kamélia me sortit de ma torpeur. Je levai ma tête dans sa direction et la regardais sans vraiment la voir, encore perdue dans mes nombreuses pensées.
- Ne tenez jamais tête à monsieur Karajan, cet homme a le pouvoir sur tout et...
Elle jeta un coup d'œil derrière elle pour vérifier s'il n'y avait personne qui nous écoutait et poursuivit:
- Même la loi.
Je fronçais des sourcils. Son visage reprit l'expression de rudesse qu'elle avait perdu pendant ce court instant où j'avais vu en elle une mère qui se préoccupait de la santé mentale de sa fille. Elle posa sa main sur mon épaule et m'adressa un sourire.
- Bonne continuation Faith. Et surtout bon courage !
- Merci beaucoup Kamélia, j'ai été ravi de travailler à vos côtés durant ce court instant.
Sitôt sortie du bâtiment, un Range Rover noir aux vitres teintées que je devinais appartenir à monsieur Karajan m'attendait devant l'entrée de la société. J'expirai bruyamment. Alors ce n'était pas un coup monté ? Ou une blague de mauvais goût ? Le chauffeur descendit et vint m'ouvrir la portière. Je m'engouffrai sans enthousiasme à l'intérieur.
Assise sur la banquette en cuir à l'arrière du véhicule, les paupières closes, je me massai les tempes sentant le mal de crâne arriver. C'est le bruit de la porte qui me fit rouvrir les paupières. Cet homme d'une beauté mystérieuse, au charme indéniable et à l'aura aussi sombre que le diable, vêtu de son costume 3 pièces, avait pénétré dans l'habitacle et s'était juste installé à côté de moi, néanmoins à une distance raisonnable. L'air devint soudainement irrespirable, mon cœur se mit à cogner et mes joues s'embrasèrent. Je tressaillis, mais il perçut ce mouvement infime. Je me maudissais de réagir au charme de cet homme. Il le su car désormais son regard ne me quittait plus. Il était conscient de l'effet qu'il renvoyait, il en profitait et en abusait.
- À la maison, ordonna t-il à son chauffeur.
Il tourna sa tête vers la fenêtre et s'adressa à moi d'un ton neutre:
- Vos hôtes ont pris la peine de faire votre valise. Pour réduire les risques que vous puissiez vous en fuir, Thomas se chargera de le récupérer tout à l'heure.
Je voulu riposter mais ma nature profonde prit le dessus. Je me résolu à ne pas faire des vagues. Inutile d'être un génie pour deviner que mes questions allaient rester sans réponse si je m'engageai à les lui poser. Ash et Jane étaient tous les deux au courant de tout ça, m'avaient-ils fait un coup bas ? Et s'ils n'avaient pas eu le choix ? Je dois avouer que cet homme ne laissait pas plusieurs options à disposition. Je me détestais de les avoir mis dans cette situation, j'étais maudite et bientôt cet homme se débarrasserait de moi, je n'allais lui servir à rien.
Mais qu'est-ce que je fichais ?
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It's Hudson the same: Mafia romance
AventuraDans la famille Hudson, toutes les femmes sont des mannequins, sauf Faith. Vingt-deux ans, en surpoids, jugent les membres de sa famille adeptes à la beauté physique. Alors qu'elle sort de sa sieste tard dans la soirée, un inconnu s'introduit dans...